Les bars ne veulent pas brader leur Licence IV

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Benjamin Peter et , modifié à
Le gouvernement est en train de finaliser son texte sur les métiers encadrés et étudie la possibilité de faciliter l’octroi de licence IV.

La tâche s’annonce ardue pour Emmanuel Macron : le ministre de l’Economie est en train de peaufiner la loi "Croissance et pouvoir d’achat", dont l’un des chapitres doit s’attaquer aux professions réglementées. Sauf que ces dernières ne comptent pas se laisser faire et ont même réussi à s’attirer le soutien de plusieurs ministres : la Garde des Sceaux Christiane Taubira a apporté mercredi son soutien aux notaires et aux huissiers, tandis que la ministre de la Santé prenait la défense des pharmaciens. Il faut dire que les professions réglementées sont nombreuses et partout , y compris dans les bars. Les cafetiers commencent à hausser le ton.

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Multiplier les licences IV, Bercy y pense. Une première version du projet de loi évoque la possibilité de multiplier le nombre de licences IV, sésame nécessaire pour servir de l’alcool fort,  afin de créer des emplois. Sauf que, comme pour les taxis, ces licences sont devenues l’objet d’un commerce dont les tenanciers de bars ne veulent pas se passer.

Car comme pour les chauffeurs de taxi, ces licences ont, à l’origine, été accordées au compte-goutte pour réguler le secteur et limiter le nombre de bars. Leur valeur a donc augmenté et il faut aujourd’hui débourser entre 6.000 et 12.000 euros pour reprendre une licence IV à Toulouse par exemple.

"Les licences, cela se vend, cela a un coût ". En multipliant les licences IV, l’Etat ferait donc chuter les prix sur le marché de la revente. Ce qui inquiète forcément Guy Pressenda, le président régional de l’Umih (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie).

"Si c’est pour réanimer les petits villages qui ont besoin de licences de bar et autres, ca pourrait se discuter. Mais quelqu’un qui a acheté une licence pour construire un bar, cette licence, il l’a acheté entre 8.000 et 10.000 euros en province et jusqu’à 60.000 euros à Paris et sur la Côte d’Azur, donc c’est quand même une somme… Si demain quelqu’un peut ouvrir un établissement à côté de lui alors qu’il n’a pas acheté cette licence, où est l’égalité ?", s’interroge-t-il.

"C’est impossible, poursuit Guy Pressenda, il faut se dire qu’il se ferme au minimum un bar par jour aujourd’hui.  Les licences, cela se vend, cela a un coût et les gens l’achètent. On trouve cela vraiment bizarre, le mot est faible."

La profession pronostique des dérives. L’argument économique s’entend mais peut être perçu comme corporatiste. Alors la profession avance un autre argument : l’octroi d’une licence IV s’accompagne d’un minimum de formation pour ceux qui veulent se retrouver derrière le comptoir. La supprimer, c’est donc prendre le risque d’avoir des tenanciers moins formés. Et de permettre à n’importe qui d’ouvrir un établissement : la profession s’alarme que des associations étudiantes, sportives, puissent alors vendre de l’alcool sans contrôle.

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