Le risque d'une crise alimentaire grandit

Les prix du maïs (+23%) et du soja se sont envolés en juillet à cause du temps très chaud et très sec.
Les prix du maïs (+23%) et du soja se sont envolés en juillet à cause du temps très chaud et très sec. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
La flambée du prix des matières premières pourrait donner lieu à des politiques de restriction.

S'achemine-t-on vers une nouvelle crise alimentaire ? A en croire l'évolution des prix mondiaux des denrées alimentaires, l'inquiétude est de mise. Ceux-ci ont grimpé de 6% en juillet par rapport à juin, après trois mois consécutifs de baisse, du fait notamment d'une flambée des prix des céréales et du sucre, a annoncé jeudi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

La menace est sérieuse puisque la sécheresse à touché le Nord comme le Sud de la planète et que les trois principales sources d'alimentation (blé, soja, maïs) ont été impactées.

Des violentes manifestations

Les prix du maïs (+23%) et du soja se sont envolés en juillet à cause du temps très chaud et très sec qui sévit dans le Midwest américain, faisant repartir les prix alimentaires à la hausse alors que la FAO tablait sur une baisse régulière cette année. Les cours du blé se sont également renchéris de 19%. Seules notes positives : les prix du riz restent stables et la viande est en baisse (-3%).

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Ces chiffres n'excluent donc pas qu'on assiste à un retour de la crise alimentaire. "Il est possible que se développe une situation comparable à celle de 2007-2008", s'inquiète Abdolreza Abbassian, un des principaux économistes et spécialistes des céréales de la FAO.

Des conditions météorologiques défavorables, des prix record des carburants, une utilisation croissante des biocarburants, des politiques de restriction des exportations et la hausse du prix des céréales avaient fait s'envoler les prix des denrées alimentaires en 2007-2008, provoquant de violentes manifestations dans plusieurs pays comme l'Egypte, le Cameroun ou encore Haïti.

Certains restreignent les exportations

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Dans ce contexte, la FAO s'inquiète que plusieurs pays limitent leurs exportations. "Nous espérons que cette fois, nous n'assisterons pas à la mise en œuvre de politiques néfastes et à des interventions restrictives sur le marché. Si c'est le cas, nous ne connaîtrons pas une situation aussi grave qu'en 2007-2008. Mais si ces politiques recommencent, tout est possible", assure cet économiste de la FAO.

Le marché des céréales s'est emballé autour de spéculations liées à la sécheresse qui a frappé les récoltes sur le pourtour de la mer Noire et selon lesquelles les producteurs de la région, en particulier la Russie, pourraient restreindre leurs exportations.

Un milliard d'individus trop pauvres pour se nourrir

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"Ce qui est à peu près sûr, c'est que ce ne sera pas une saison qui verra les prix redescendre par rapport à leur niveau de l'année précédente, contrairement à ce que nous avions prévu. Ce sera une nouvelle saison de prix très élevés", prédit Abdolreza Abbassian. Il souligne toutefois que la situation est assez différente de celle de 2007-2008, où le cours du baril de brut avait également atteint des records, ajoutant aux charges des agriculteurs.

Toute hausse des prix alimentaires se traduit par des coûts plus élevés pour les pays les plus pauvres, qui ne peuvent pas produire suffisamment de nourriture sur leur territoire. La confédération d'ONG Oxfam estime que la hausse du prix des céréales pourrait conduire des millions de personnes dans le monde à souffrir de la faim et de malnutrition. Près d'un milliard d'êtres humains sont déjà trop pauvres pour se nourrir sans assistance.