Le "plan essence" déjà brocardé

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A peine dévoilé, déjà critiqué : Total en pointe les limites, le Medef y voit une "solution provisoire".

Le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a eu beau préciser mardi qu’il s’agissait d’une solution d’urgence, le plan essence du gouvernement ne les satisfait pas. Moins de 24 heures après son annonce, secteur pétrolier et patronat dénoncent déjà les limites d’une "solution provisoire" et assurent ne plus avoir aucune marge de manœuvre. L’état de grâce du plan carburant aura été de bien courte durée.

Le Medef dénonce une solution à court terme

En dévoilant mardi une baisse immédiate allant jusqu’à 6 centimes par litre, le gouvernement a voulu agir vite et envoyé un signal fort. La présidente du Medef n’a pas tardé à souligner que cette décision "ne peut être qu'une solution provisoire qui permet d'avoir un peu d'air, un temps pour respirer".

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 Et Laurence Parisot de souligner les inconvénients de la mesure : "ce n'est pas très bon pour les finances publiques de l'Etat" et "ce n'est pas très bon non plus pour les entreprises qui distribuent, qui sont obligées de comprimer leurs marges au risque même d'être à perte pendant quelques mois".

Mais Pierre Moscovici l’a reconnu, Bercy va "mettre en place un mécanisme plus pérenne" que "les consommateurs appellent de leurs vœux".

Total assure ne plus avoir de marge de manœuvre

Le secteur pétrolier n’a d’ailleurs pas tardé à marteler qu’il ne pourra faire aucun effort supplémentaire en faveur des consommateurs, à l’image du géant Total. "On ne peut pas faire plus parce que nous sommes limités par nos marges, et cette fameuse histoire de vente à perte", a plaidé sur RTL Christophe de Margerie, patron du groupe Total.

"Sur une période courte, nous pouvons vendre à perte", mais pas "sur un an", a-t-il rappelé. Or, "en baissant de 3 centimes sur certaines stations, bien évidemment, nous allons vendre provisoirement à perte", puisque "la marge d'une station c'est un centime".

Trouver des alternatives

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 Au-delà de l’ampleur de ses marges en France, le groupe Total a rappelé une tendance inéluctable : la demande croissante de pétrole fait flamber les cours. Si le ralentissement de la croissance mondiale a stabilisé les prix, rien n’indique en effet que ces derniers ne remonteront pas rapidement. "Bien sûr que oui, ils (les prix à la pompe, ndlr) répercuteront la baisse ou la hausse (du brut). Ce n'est pas un blocage, nous sommes soumis aux prix du brut, aux cours de l'euro et du dollar", a souligné Christophe de Margerie.

Une logique qu’a souligné mercredi la presse outre-Rhin, très critique sur le plan du gouvernement français. "C'est surtout inefficace, car il ne fait pas de doute que les cours du pétrole vont à nouveau monter (...). La baisse des taxes n'aura qu'un effet transitoire sur le porte-monnaie des consommateurs", a ainsi rappelé le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Pour sortir de cette équation implacable, Laurence Parisot a défendu deux pistes : "investir massivement" dans la recherche sur les moteurs moins gourmands et les énergies nouvelles. Sur ce dernier sujet, la patronne des patrons est formelle : "il ne faut pas interdire le débat comme certains voudraient le faire à gauche comme à droite" sur les gaz de schiste.