Le gouvernement s'irrite des "provocations" du Medef

Manuel Valls a dénoncé mardi "des provocations" venant du patronnat.
Manuel Valls a dénoncé mardi "des provocations" venant du patronnat. © MaxPPP
  • Copié
, modifié à
BRAS DE FER - Manuel Valls et Emmanuel Macron en appellent à la "responsabilité" des patrons, qui se mobilisent cette semaine.

Manuel Valls le répète à tout va depuis plusieurs mois : il aime l'entreprise, le business, l'entrepreneuriat. Mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Mardi à l'Assemblée, le Premier ministre a dénoncé les "provocations" de certains "dirigeants du patronat", qui ne sont "pas à la hauteur" de leurs "responsabilités". Une sortie qui fait suite à celle du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui a dénoncé l'"échec" du Medef dans la mise en œuvre du pacte de Responsabilité.

>> LIRE AUSSI - Valls drague l'entreprise dans toutes les langues

Ces 40 milliards ne sont pas un cadeau. Cette semaine, le patronat est dans la rue. Le Medef organise mercredi une mobilisation contre la politique économique du gouvernement, après les manifestations de la CGPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) lundi, à Paris et Toulouse. Principale revendication : le poids des taxes, qui pèserait toujours plus sur les entreprises. Le but du Medef est de montrer que les quelque 40 milliards d'allègement de charges du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et du pacte de responsabilité ne suffisent pas à créer de l'emploi.

>> LIRE AUSSI - Taxes sur les entreprises : que valent les chiffres du Medef ?

"Des provocations" et un "échec". "Quand la Nation, à travers le Parlement, consent et va consentir un effort de 40 milliards d'euros pour les entreprises, pour la compétitivité, pour baisser la fiscalité et pour baisser les charges, chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités", a rétorqué Manuel Valls mardi, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Je le dis notamment aux dirigeants du patronat, un certain nombre de propositions, de provocations, de propos aujourd'hui ne sont pas à la hauteur de cette responsabilité", a-t-il ajouté, répondant à une question du député UMP David Douillet.

Le matin, sur Radio Classique, c'est Emmanuel Macron qui avait tiré la première salve. "Dans 'pacte de responsabilité', il y a le mot 'responsabilité'. Aujourd'hui, il y a très peu d'accords de branches qui sont signés. C'est un échec et aujourd'hui, c'est aussi le sien", a déclaré le ministre, en référence au patron du Medef Pierre Gattaz. "Si le dialogue social n'avance pas, il y aura un échec. Personne ne veut d'un échec, c'est pour ça que je demande au Medef de s'engager à la hauteur des enjeux et de l'effort que la nation a consenti", a ensuite précisé le ministre dans une déclaration à l'AFP.

Un pacte si peu conclu. Dans le cadre du pacte de responsabilité, chaque branche professionnelle doit engager des négociations entre syndicats et patronat pour prévoir des contreparties à ces 40 milliards d'euros de baisses de prélèvements, notamment en termes d'emploi. Or, seuls deux accords de branches ont été signés pour le moment. Début novembre, le ministre du Travail François Rebsamen avait souligné que la moitié des 50 principales branches professionnelles n'avaient même pas encore planifié de négociations.

>> Le Medef et le gouvernement s'écharpent aussi sur le compte pénibilité, comme nous l’expliquons ici. Revoir l'interview du ministre François Rebsamen sur le sujet :

François Rebsamen : Le compte pénibilité "est...par Europe1fr