Goodyear : pas de licenciements...

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avec AFP , modifié à
... mais la direction d'Amiens Nord propose à la place un plan de départs volontaires.

A force de volonté, d’opérations médiatiques et de procédures à répétition devant la justice, les salariés de l’usine Goodyear d’Amiens, dans la Somme, ont réussi à faire reculer leur direction. Cette dernière a en effet annoncé mercredi qu’elle abandonnait ses projets de licenciements massifs. Tout en annonçant au passage un plan de départs volontaires.

Cette annonce fait suite à plusieurs décisions de justice qui ont invalidé le plan social décrété par le fabriquant de pneumatiques. Goodyear espère depuis juin 2009 pouvoir "réorganiser" ses deux usines de pneus de tourisme et agricoles, une refonte aux conséquences limpides : la suppression de 817 postes sur 1.300.

Les licenciements finalement abandonnés

La direction française du fabricant américain de pneumatiques Goodyear a donc confirmé mercredi abandonner les licenciements au profit d'un plan de départs volontaires. "La direction de GDTF (Goodyear Dunlop Tires France) confirme" que dans le cadre de discussions avec la CGT Amiens-Nord "il n'est plus question de licenciements contraints mais uniquement d'un plan de départs volontaires", a-t-elle indiqué dans un communiqué. "Nous sommes dans un plan de départs volontaires, sans licenciements contraints. Seuls les salariés qui souhaitent quitter l'entreprise pourront le faire", a ajouté Goodyear.

"La discussion (entre le syndicat et la direction) ne concerne que la possibilité de départs volontaires accompagnés d'indemnités conséquentes", a confirmé le porte-parole de la CGT. "Nous sommes dans un plan de départs volontaires, sans licenciements contraints. Seuls les salariés qui souhaitent quitter l'entreprise pourront le faire", a-t-elle rappelé.

L'avenir des deux sites reste flou

Pour les salariés en lutte pour conserver leur emploi, cette annonce est sans équivoque : elle signifie la fin du plan social envisagé en 2009 par la direction. "Il n'y aura aucun licenciement contraint, ce qui enterrerait de fait" le plan social, s'est félicité Mickael Wamen, représentant CGT.

Mais si les salariés sont soulagés par cette annonce, l'avenir de la production de pneus d'Amiens reste incertain. Goodyear y dispose de trois sites : une usine de pneus agricoles, qu'elle souhaite vendre, une usine de pneus de tourisme, Amiens-Nord, dont elle souhaite réduire la voilure, et enfin une usine à Amiens-Sud. Si l'avenir de cette dernière n'est pas menacé, celui des deux autres sites n'est toujours pas défini.

Goodyear, un feuilleton au long cours

Goodyear semble pourtant bien décidé à réduire ses effectifs dans la région, une intention dévoilée dès 2008. Au mois de mai de cette année, la direction annonce vouloir supprimer un peu plus de 400 postes à cause d'une demande en baisse constante. En 2009, il est désormais question d'un plan social concernant 817 emplois, ce qui pousse les syndicats à réagir, persuadés que l'avenir même de leurs usines est menacé.

Ces derniers contestent donc dans la foulée le plan social devant la justice, arguant que Goodyear n'a pas dévoilé ses intentions pour l'avenir des sites d'Amiens. En aout 2009, la justice leur donne raison et force Goodyear à patienter. Le tribunal de Versailles a redit la même chose en janvier 2010, puis le tribunal de Grande instance de Nanterre en février 2011. Depuis, la direction a beau avoir revu sa copie, elle n'est pas encore arrivée à ses fins. Quant à la branche "pneus agricoles", qu'elle souhaitait vendre, le principal candidat à la reprise, Titan, a jeté l'éponge en décembre 2011.