Embargo russe : bonne nouvelle pour le consommateur ?

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Noémi Marois avec Pascal Berthelot et AFP , modifié à
PORTE-MONNAIE - À court terme, le consommateur français va sans doute y gagnait mais les agriculteurs, eux, trinquent.

Vendredi a lieu à Bruxelles une réunion extraordinaire des ministres européens de l’agriculture. En attendant, l’embargo russe court. Sur fond de sanctions européennes suite à la crise ukrainienne, la Russie a décidé début août de ne plus acheter à l’Union européenne (UE) ses fruits et légumes, son bœuf, ses volailles, ses poissons, ses fromages et son lait. Pour votre portefeuille, est-ce une bonne nouvelle ? 

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Vous allez sans doute y gagner. En 2013, les exportations françaises de produits agroalimentaires vers la Russie ont atteint les 619 millions d’euros, selon les douanes françaises. La Russie de son côté, parle même de 1 milliard en prenant en compte les exportations françaises transitant par d’autres pays.

Des tonnes de marchandises se cachent derrière ces sommes, auxquelles il faut ajouter les marchandises des autres pays européens qui ne trouvent plus acheteur. Invendues, toutes se retrouvent sur le marché. 

Beaucoup d’offres pour la même demande. L’offre devient très abondante. La demande, elle, reste la même. Nous serons toujours 64 millions dans les mois à venir. On peut donc s’attendre à une baisse des prix selon la loi de l’offre et de la demande.

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Vous allez aimer les pommes. À partir de l’automne, si vous voulez économiser sur votre budget alimentation, vous allez sans doute manger beaucoup de pommes. En effet, la Pologne, premier producteur d’Europe, se retrouve avec 700.000 tonnes d’invendus qu’il va essayer d'écouler en France. 

Le producteur polonais vend son kilo de pommes 0,14 centimes d’euros. Bonjour la concurrence pour le producteur français qui le vend, lui, à 0,75 centimes. Déjà depuis le début de l’embargo, le consommateur paie ses pommes 20% moins cher et la baisse risque de s’accentuer. 

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Attention cependant. Les prix vont baisser ? "Pas forcément", selon l’UFC-Que choisir. "Les producteurs peuvent en effet vendre moins cher mais cette baisse ne vas pas forcément se répercuter sur les prix proposés au consommateur", explique Olivier Andrault, chargé alimentation. "Depuis 2008, les prix des matières premières ont baissé plusieurs fois et cette baisse ne s’est pas vraiment ressentie sur les prix à la consommation". En cause ? Les intermédiaires qui ont tendance à se servir au passage. C’est ainsi que sur les dix dernières années, ils ont capté, selon UFC-Que choisir, 1,6 milliard sur la filière du lait et 7 milliards sur celle du poulet. 

Pour les agriculteurs, la soupe à la grimace. Guy Vasseur, président de l’assemblée des Chambres d’agriculture, a annoncé mercredi "trois prochains mois difficiles". "Comme avec l’embargo russe, la grande distribution profite de toutes nos difficultés pour baisser encore plus ses prix", dénonce-t-il. Pour lui, "tout concourt à la baisse des prix et c’est le moral des paysans qui part avec". 

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