Aide à la Grèce : pour les épargnants, "ça ne se verra pas"

Le porte-parole des banques françaises applaudit le plan d'aide à la Grèce.
Le porte-parole des banques françaises applaudit le plan d'aide à la Grèce. © Europe 1
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Les réserves des banques suffiront à absorber l’impact, estime le porte-parole des banques françaises.

Le président de la Fédération bancaire française, François Pérol, a applaudi lundi matin sur Europe 1 le plan d'aide à la Grèce adopté jeudi par les Etats de la zone euro. "Les gouvernements de la zone euro ont pris de grandes décisions et ont joué le rôle que doivent jouer les politiques, c'est-à-dire montrer la direction aux marchés. Ce n'est pas aux marchés de commander", a-t-il affirmé.François Pérol s'est également voulu rassurant envers les clients des banques françaises : "Ca ne se verra pas" du côté des épargnants, a-t-il assuré. Il s'est également prononcé une nouvelle fois contre l'idée d'une taxe sur les profits des banques.

Pour l’ancien secrétaire général adjoint à la présidence de la République, auteur du programme économique de Nicolas Sarkozy en 2007, montrer un visage unifié était la bonne attitude à adopter face à la pression des marchés. "Une monnaie commune implique des responsabilités et une discipline. On partage plus que la monnaie : il faut aussi des politiques économiques cohérentes, qui vont dans le même sens. On partage une solidarité de fait", a jugé François Pérol

"Il est logique que les Etats européens se montrent attachés à l'euro et montrent qu'ils feront tout pour maintenir la stabilité financière de la zone euro", a-t-il poursuivi. "Concernant la Grèce, ils s'en sont donné les moyens", a estimé François Pérol, car "sa dette est réduite et les risques de contagion sont limités par des mesures très fortes prises par les chefs d'Etat et de gouvernement".

20% de l’argent investi par les banques sera perdu

Interrogé sur le montant que les banques françaises devront verser dans le cadre de ce plan d’aide, le président de la FBF a évoqué des expositions, c’est-à-dire des engagements, "légèrement supérieures à 10 milliards" au total. Une partie d’entre elles court jusqu’en 2020, mais certaines n’auraient pour échéance que l’année 2050.

Une partie de l’argent investi dans ces expositions sera perdue par les banques européennes, avait indiqué l’Allemagne avant le sommet. Un "effort des créanciers" confirmé du bout des lèvres par François Pérol, qui évoque une part "d’environ 20% sur l’encours jusqu’à 2020".

Pas d’impact sur les clients des banques françaises

Le porte-parole des banques françaises estime que l’impact des montants à provisionner sera négligeable pour leur santé financière, et ne coûtera rien aux clients.
"La Grèce, ce n'est que 2,5% du PIB de la zone euro", a-t-il modéré. Soit "une toute petite partie" des expositions des banques françaises. Il prend l’exemple du groupe BPCE, dont le bilan atteint les 1050 milliards : ses expositions sur la Grèce ne dépasseraient pas 1,2 milliard d’euros.

Sachant que seul 20% du montant de ces expositions est provisionné, "ces provisions vont venir s'imputer sur les réserves des banques françaises. Et ces réserves sont beaucoup, beaucoup plus importantes que ces provisions. Donc pour les clients ça ne se verra pas, nos réserves vont absorber ces provisions, elles sont là pour ça."

Opposé à une taxe sur les profits des banques

François Pérol a également confirmé son opposition à l’idée d’une taxe sur les profits des banques pour assurer la solidité des économies de la zone euro : "elle existe déjà", a-t-il indiqué. En 2010, le gouvernement français a créé une taxe sur l'encours des banques. Ca rapportera autour de 800 millions d'euros cette année".

Il estime, de plus, qu’"il s'agissait ici des créanciers de la Grèce. Il semble donc plus logique de les impliquer, au lieu d'impliquer au hasard l'ensemble des banques".

"Je ne crois que ce soit une taxe qui résolve nos problèmes", a poursuivi François Pérol, estimant qu’"en Europe, on a une petite tendance à voir la solution à tous les problèmes dans des taxes. La solution", a-t-il répété, "est dans la capacité des dirigeants de la zone euro, comme ils l'ont fait jeudi dernier, à donner aux marchés la direction politique qu'il convient de suivre."

Interrogé sur ses rapports avec Nicolas Sarkozy, quatre ans après avoir conçu son programme économique, François Pérol a indiqué ne plus être en contact avec celui-ci. "S'il me demande mon avis, je le lui donne volontiers. Mais je ne crois pas qu'il en ait besoin", a-t-il tranché.