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Tiffany Fillon , modifié à
Passionné d'histoire, l'écrivain et comédien Lorànt Deutsch est revenu, au micro de Matthieu Noël, mercredi, sur l'origine de plusieurs mots utilisés quotidiennement dans la langue française. Selon lui, le terme "coquelicot" viendrait par exemple de "Cocorico !" tandis que l'expression "bonne femme" serait porteuse d'un sens bien différent qu'à son origine. Explications.
INTERVIEW

Dans son best-seller Romanesque : la folle aventure de la langue française (éditions Michel Lafon), Lorànt Deutsch, comédien passionné d'histoire, explore l'évolution de la langue française de l'Antiquité à aujourd'hui. Au micro de Matthieu Noël, il est revenu mercredi sur l'étymologie de quelques mots et expressions du quotidien, comme "coquelicot". Pour Lorànt Deutsch, puisque "cette fleur rouge ressemble à la crête d'un coq", "on a appelé le coquelicot en référence au coq qui lui, crie 'Cocorico !'".

"Bonne femme", expression dévoyée

Lorànt Deutsch se penche ensuite sur l'expression "bonne femme", principalement utilisée par les anciens. Contrairement au sens actuel de "bonne femme", l'origine de ce terme n'a, selon Lorànt Deutsch, "rien à voir avec les femmes". Il viendrait plutôt du latin, et plus précisément de l'expression "buena fama", "la fama" correspondant à l'adjectif "fameux". Il s'agit en fait d'une expression qui à l'origine signifie "de bonne renommée", d'après l'écrivain. 

Ces mots anglais qui viennent du français 

D'après Lorànt Deutsch, les Anglais se sont beaucoup inspirés du français pour créer de nouveaux mots. Une genèse qui s'est opérée à une époque bien lointaine de la nôtre. Selon Lorànt Deutsch, le point de départ de l'arrivée du français dans la langue anglaise date de 1066, lors de la bataille de Hastings qui a opposé le dernier roi anglo-saxon d'Angleterre, Harold Godwinson, au duc de Normandie, Guillaume le Conquérant. À partir de la victoire de Guillaume le Conquéreant, le français va progressivement devenir "la langue du roi, du pouvoir, de l'élite, de la justice", explique Lorànt Deutsch. "Voilà pourquoi encore aujourd'hui près de la moitié du vocabulaire anglais vient de chez nous."

L'amateur d'histoire cite quelques exemples de mots qui puisent leurs racines dans la langue français. Parmi eux : "tous les mots en -ion" tels "tels 'Constitution', 'illusion', 'revolution', 'evolution'" ou "les mots terminant par -ent comme "'Parliament', 'government', 'entertainment', 'management'", précise Lorànt Deutsch. 

Si aujourd'hui, la tendance semble s'inverser, avec l'arrivée de nombreux mots anglais dans nos conversations, pour l'écrivain, ce processus n'est pas inquiétant. C'est même une bonne nouvelle pour le français. "Les anglicismes font partie d'un processus logique et permanent. La langue n'est pas hermétique et fermée, au contraire, elle est dynamique et en mouvement. Si une langue était morte et fixée, elle serait comme le latin. On ne la parlerait plus", explique le comédien. 

La langue, "ADN d'une nation"

Si la connaissance de ces étymologies peut paraître, pour certains, anecdotique, pour Lorànt Deutsch, elles sont une mine de références historiques. Car, d'après lui, la langue est "l'ADN d'une nation". "Pour comprendre un peuple, il faut parler sa langue", affirme-t-il. "Je pense que la langue est ce qui caractérise le mieux tous les voyages, les usages, les pratiques, les métissages, les mariages d'un peuple. C'est notre ADN qui se déroule dans nos palais. Dès que vous parlez, vous convoquez un ancêtre. Les mots que nous employons aujourd'hui sont des véritables monuments dans nos bouches", poursuit-il.