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Tiffany Fillon , modifié à
Invité lundi dans "Culture médias", François Dufour, cofondateur et rédacteur en chef du journal pour enfants "Mon Quotidien", revient, pour les 25 ans de ce titre de presse, sur les attentats terroristes qui ont secoué la France et le monde. Dans un tel journal, comment expliquer ce qu'est un terroriste ? Selon lui, il ne faut pas cacher l'horreur de notre monde mais l'"expliquer avec des mots simples". 
INTERVIEW

Dans Culture médias, François Dufour, l'un des trois cofondateurs et rédacteur en chef du journal pour enfants Mon Quotidien, qui fête ses 25 ans, est revenu lundi sur la raison d'être de ce titre de presse : expliquer aux enfants l'actualité. Pour François Dufour, il s'agit de "simplifier sans être simpliste parce qu'il faut faire du vrai journalisme factuel et strict", précise-t-il au micro de Philippe Vandel. "Mon Quotidien" est donc un journal qui traite de sujets qui intéressent les enfants et non pas un journal qui traite de sujets pour adultes expliqués aux enfants.

Face à des événements tragiques qui secouent parfois l'actualité, comme les attentats terroristes, cette tâche devient un vrai défi pour les journalistes de "Mon Quotidien", destiné à des enfants âgés de 10 à 13 ans. François Dufour prend pour exemple les attentats du 13-Novembre où des journalistes de Charlie Hebdo ont été tués par les assaillants. "Le dessinateur Charb faisait partie de l'équipe qui a lancé Mon Quotidien avec moi. Il a fait les 10.000 premiers dessins pendant les trois premières années de Mon Quotidien donc ça a été un énorme choc", se souvient François Dufour.

"Les enfants ne vivent pas dans une bulle"

"Une fois le choc passé, il faut expliquer ce qu'est un terroriste, un terroriste islamiste, un journal satirique etc. Quand il y a un mot difficile que l'on est obligés d'expliquer, on le surligne en jaune et on l'explique en bas de page pour que l'enfant n'ait pas à ouvrir le dictionnaire en permanence", explique le rédacteur en chef. 

Chaque fois qu'une attaque terroriste d'envergure a eu lieu, François Dufour explique avoir pris des décisions délicates. Dans le numéro hors-série "Best-Of" de Mon Quotidien, l'équipe a produit une compilation des moments les plus marquants des 7.000 et quelques numéros publiés depuis 25 ans. Parmi eux : des articles consacrés à l'attaque du 11-Septembre accompagnés de photos où l'on voit des corps qui tombent des tours. Un parti pris assumé par François Dufour. "L'objectif n'est pas de choquer mais de faire comprendre le monde", affirme-t-il. "Quand le monde est choquant, je ne peux pas me transformer en Walt Disney et le peindre en rose. Les enfants ne vivent pas dans une bulle ou un autre monde. Comme le disent les pédopsychiatres, il faut leur expliquer et non cacher. Donc nous, on explique mais la difficulté, c'est d'expliquer avec des mots simples."

Quand un enfant a mis Jacques Chirac dans l'embarras

Dans les interviews politiques réalisées par Mon Quotidien, les enfants jouent le rôle des journalistes en interrogeant eux-mêmes la personnalité concernée. François Dufour se souvient notamment de l'interview de Jacques Chirac dans les jardins de l'Élysée : un enfant lui avait posé "une question fantastique", selon lui. "Il lui a demandé : 'Quel pays vous auriez aimé présidé si cela n'avait pas été la France ?' J'ai vu Jacques Chirac redevenir un homme politique avec toutes ses tripes. Au lieu de répondre gentiment à l'enfant, il s'est dit que cela pouvait être repris partout. Il a fait une réponse langue de bois en ne parlant que de la France. Au fond, c'était une bonne question et tout le monde aurait aimé connaître la réponse", raconte François Dufour. 

 

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