Comment les parents et les enfants vivent les exercices attentats dans les écoles

Ecole, 1280x640
© AFP
  • Copié
Anne Le Gall avec Jacques Thérence , modifié à
Depuis la rentrée scolaire, les directeurs d'écoles ont obligation de faire des exercices attentats pour se prémunir du risque terroriste. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Les premiers exercices attentats intrusion se déroulent depuis la rentrée dans les écoles collèges et lycées. Ils ont été rendus obligatoires cette année en raison de la menace terroriste élevée en France. Les directeurs d’école ont jusqu'aux vacances de la Toussaint pour les réaliser, mais ce nouvel exercice inquiète surtout les jeunes parents. Les enfants, eux, ont bien saisi l'intérêt.

Des parents parfois mal à l’aise. Cette exercice imposé met parfois les parents mal à l'aise. Depuis la rentrée, le fils de Christelle, qui n’a que 4 ans, a déjà fait plusieurs petits exercices de sûreté dans sa classe de moyenne section à Paris. "Ils ont déjà commencé à jouer à cache-cache", raconte cette maman d’élève. "Ils font des exercices de fuite aussi pour quitter l’école le plus rapidement en cas de problème. Ils nous ont bien expliqué que pour les enfants de maternelle, ils veillaient à ne pas prononcer de mots qui puissent faire peur aux enfants. On oublie les mots ‘attentat’, ‘terrorisme’ mais je ne sais pas si on peut être rassurés".

Pas de terme ‘terroriste’ avant le CP. Que les parents se rassurent, pour éviter de traumatiser les enfants, les directeurs d'école ont reçu des consignes très strictes de l’Education nationale. En maternelle, ces exercices sont toujours des jeux : cache-cache ou le roi du silence. Ce n'est qu'à partir du CP, à 6 ans donc, que les notion de "méchant" ou de "terroriste" sont abordées.

Entendu sur europe1 :
S’il y avait un vrai terroriste, je suis sûr qu’on rigolerait pas

"On a surtout rigolé". Si certains parents sont plus que dubitatifs sur ces entraînements, comment les enfants réagissent-ils ? Marius est en CE1 à Paris et il n'est pas choqué du tout par l'exercice qu'il a vécu. "On a entendu un coup de sifflet", se souvient Marius. "On s’est cachés dans la classe. Moi, je me suis caché à côté du radiateur, j’étais tout serré. Mes copains, eux, se sont cachés à côté des poufs, des livres. Le but, c’était de ne pas se faire entendre et de ne pas se faire voir au cas où un terroriste viendrait un jour dans l’école avec des armes. Personne n’a fait de bruit, on a surtout rigolé en fait parce qu’on savait qu’il n’y avait pas de terroriste. Par contre, s’il y avait un vrai terroriste, je suis sûr qu’on rigolerait pas". 

Des exercices qui rassurent à Nice. Naturellement, ces exercices ne sont pas vécus de la même manière à Nice ou dans le 11e arrondissement de Paris, près du Bataclan. Que ce soit dans la ville où a eu lieu l'attentat du 14-juillet ou à Paris près de l'épicentre des attaques du 13-novembre, des psychologues restent en alerte pendant toute la durée de l'exercice. Là-bas, c’est souvent plus douloureux. Mais paradoxalement, il existe aussi un côté plus rassurant. "C'est un exercice plus difficile à aborder", avoue Nicole Laugier, psychologue scolaire. "En même temps, on en trouve la nécessité peut-être encore plus qu'ailleurs parce qu'on sait que ça peut être pour de vrai. Et on peut arriver à se préserver quand on a les bonnes réactions et les bonnes attitudes".