Mario Kart Tour 5:00
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L'arrivée de "Mario Kart Tour" était attendue par tous les fans de la licence culte. Si le plaisir est globalement au rendez-vous, on peut regretter le modèle économique du jeu, qui incite à sortir la carte bleue.

On enfile sa plus belle casquette de plombier, on fait crisser les pneus de son kart et c’est parti ! À fond les ballons sur les pistes remplies de pièges de Mario Kart27 ans après le premier jeu - c’était sur Super Nintendo -, la cultissime série de jeux de course dans l’univers de Mario continue de passionner petits et grands enfants, bons et mauvais joueurs. Et pour la première fois, elle s'invite… sur mobile : Mario Kart Tour est disponible depuis quelques jours sur tous les smartphones. L’attente était forte : le jeu a été téléchargé 90 millions de fois en une semaine !

La magie de Mario Kart au creux de la main

Les fans sont au rendez-vous, mais est-ce que cela fait de Mario Kart Tour un bon jeu pour autant ? Commençons par dire que si vous aimez Mario Kart, vous ne serez pas dépaysés. On retrouve vraiment tout ce qui a fait le succès de la série. Les personnages d’abord : les frangins Mario et Luigi, la princesse Peach, Yoshi le petit dinosaure, l’adorable Toad avec sa tête en champignon, le terrifiant Bowser ou encore le singe Donkey Kong. Tous sont de la partie, même s'il faudra les débloquer les uns après les autres.

Tous les personnages cultes de Nintendo se retrouvent dans Mario Kart Tour.

Et puis, il y a quelques circuits historiques de Mario Kart : la Jungle Dino Dino, le château de Bowser, la plage Koopa… Autant de circuits qui ont fait le bonheur des joueurs de GameCube, de DS et aujourd’hui de Switch, la dernière console de Nintendo. Ils sont aujourd’hui au creux de notre main, même s'ils ne sont pas assez nombreux à notre goût. Mais d'autres circuits devraient être ajoutés plus tard. Enfin, il y a les musiques, toujours aussi groovy. C’est à tout cela que l'on reconnaît un jeu culte : il suffit d’une course pour retrouver ses sensations et rajeunir de quelques années.

Une fois en piste, Mario Kart Tour demande un petit temps d’adaptation. Faute de manette, il faut réapprendre à piloter sans boutons ni joystick. Tout se fait au doigt, ce qui limite les possibilités. Seul choix offert au joueur : tourner avec son doigt ou en tournant le téléphone vers la droite ou la gauche. Pour compenser, le pilotage a donc été simplifié à l’extrême : le kart accélère tout seul, on dérape automatiquement et il est quasiment impossible de sortir de la route. Une maniabilité somme toute limitée et qui freine quelque peu notre plaisir. Dommage, car sinon le jeu est très plaisant. On se demande juste pourquoi Nintendo a opté pour un format vertical sans joystick virtuel.

Pour ne pas tourner en rond, il faut payer

Une fois que l'on a fait quelques courses, Mario Kart Tour révèle son fonctionnement un poil complexe. Derrière une progression sous forme de coupes de quatre circuits, comme sur les versions console, le jeu cache un système assez agressif d'achats intégrés. Mario Kart Tour est gratuit à télécharger mais il adopte le modèle économique des jeux qui nécessitent de payer pour obtenir certaines choses et progresser : on parle de "free-to-play". En l’occurrence, si vous voulez débloquer tous les personnages, avoir les karts les plus rapides ou les plus stylés, il va falloir payer… en euros sonnants et trébuchants.

Pour vous aider à progresser plus vite dans les coupes, Mario Kart Tour incite régulièrement à acheter des bonus ou des packs de récompenses.

Il est important de préciser qu'il n'est nullement obligatoire de payer, il est tout à fait possible d'avancer dans le jeu sans débourser un centime. Mais c'est long. Très long. Pour faire simple, pour débloquer des personnages et des karts plus puissants et plus stylés, il faut récupérer des pièces sur les circuits. Sauf qu'au rythme d'une dizaine de pièces par course, il faut jouer énormément pour acheter des personnages qui coûtent parfois 3000 pièces ! D'autant que Mario Kart Tour inclut une limite aux nombres de pièces accumulées par jour. Vicieux et pas très fair-play.

Par ailleurs, en plus des pièces, Mario Kart Tour a ajouté un niveau de complexité avec les rubis, des récompenses offertes au compte-goutte par le jeu et qui servent à actionner un "tuyau" à cadeaux deluxe. Sauf que lesdits rubis sont très rares et c'est là qu'il n'y a pas d'alternative à la carte bleue. Même si là encore acheter des rubis n'est pas obligatoire, le jeu multiplie les appels du pied pour inciter le joueur à payer. Pour vous donner une idée : 10 rubis coûtent 6,99 euros et offrent deux cadeaux aléatoires et pas forcément très intéressants (personnages, que vous les ayez déjà ou pas, karts, tickets pour améliorer pilotes et véhicules…).

Un modèle économique dépassé

Mais là où Nintendo surprend encore plus, c'est en proposant des packs et un abonnement. Côté pack, pour 21,99 euros, vous pouvez vous offrir 45 rubis (soit 9 cadeaux aléatoires), Mario - qui est paradoxalement très difficile à obtenir, et une étoile (accumulées, elles débloquent les coupes). Ça fait très cher pour un personnage virtuel qui, même s'il est iconique, ne va pas plus vite qu'un autre. En plus, Mario Kart Tour propose un abonnement mensuel, le Pass Or : pour 5,99 euros par mois, vous avez accès à divers récompenses rares, des défis supplémentaires et la catégorie 200cc (la vitesse de kart la plus rapide).

Bref, Nintendo a prévu des achats intégrés pour tout le monde, du joueur acharné qui veut absolument avoir tous les personnages et tous les karts et sera prêt à payer un abonnement pour cela, au joueur occasionnel frustré de ne pas avancer plus vite et qui craquera de temps en temps pour quelques rubis. Sauf que ce modèle paraît complètement anachronique au moment où vient de sortir Apple Arcade, un abonnement qui donne accès à une centaine de jeux complets et de grande qualité sur iPhone. Le tout pour 4,99 euros par mois, moins que l'abonnement au seul Mario Kart Tour

Notre avis :

L'attente était grande pour ce Mario Kart Tour et nos impressions sont mitigées. Certes, le jeu est très plaisant et on le ressort avec gourmandise dans le métro ou la salle d'attente du médecin. Et il devrait être encore plus fun quand le multijoueur sera ouvert. Mais le fond n'en est pas moins décevant, surtout si vous avez une Switch avec Mario Kart 8 : la version mobile est beaucoup plus pauvre en contenu, notamment les circuits. Et le modèle free-to-play censé combler ce vide est franchement agaçant.

Mais on vous recommande quand même de télécharger Mario Kart Tour, surtout si vous ne l'avez pas sur console. Ne serait-ce que parce que pour zéro euro, on s'amuse beaucoup, et rien ne vous oblige à payer si vous n'avez pas peur de l'aspect répétitif du contenu gratuit. Et pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’occasion de découvrir la magie de Mario Kart sans débourser un centime.