«Elle a dû passer dans l’anonymat pour se protéger» : David André raconte sa rencontre avec Sonia, héroïne du 13-Novembre

Le témoignage bouleversant d’une héroïne oubliée. Invité sur Europe 1, dans l’émission Culture Médias, le réalisateur  David André est revenu sur la rencontre qui a profondément marqué sa vie, celle avec Sonia, une femme dont le courage a contribué à éviter un nouvel attentat après les attaques du 13-Novembre. Dans son documentaire Le choix de Sonia, il rend hommage à cette femme dont la vie a été bouleversée. 

Sonia n’a pas de visage public, pas de reconnaissance officielle. Elle a tout perdu, son emploi, sa vie sociale, jusqu’à son identité administrative. "Je voudrais être madame tout le monde, mais je suis madame personne", a-t-elle confié dans la série documentaire à travers l'actrice Carima Amarouche. Avant de réaliser la série documentaire, l'actrice a rencontré la femme qu'elle s'apprêtait à jouer derrière un drap blanc, sans jamais se voir. 

Une héroïne invisible

"C'est une héroïne qui a une très grande dimension aujourd'hui et qui est complètement invisibilisée, complètement ignorée parce qu'il a fallu qu'elle se protège", a expliqué David André au micro de Europe 1. L’homme qu’elle a dénoncé était le coordinateur des attentats du 13-Novembre pour l’Europe, un cadre de l’État islamique.

Elle le rencontre à Aubervilliers, sous un pont, au milieu de la nuit, alors qu’il se vante d’avoir mitraillé les terrasses parisiennes quelques jours plus tôt. "On se serait tous probablement liquéfiés de peur. Et elle, elle lui tient tête. Elle lui dit : "C’est toi le coufar, c’est toi qui vas aller en enfer. C’est toi qui as tué des musulmans aussi, qu’est-ce que tu racontes ?"", avait-elle dit au terroriste. 

Très vite, Sonia comprend le danger. Les terroristes savent où elle habite. Ils connaissent son adresse, ses enfants. Si elle parle à la police, toute sa famille sera tuée. Pourtant, malgré la peur, elle choisit d’agir. Elle parvient à obtenir la localisation des fugitifs et la transmet aux forces de l’ordre. Grâce à elle, la police peut intervenir et neutraliser le groupe, empêchant un nouvel attentat prévu deux jours plus tard dans le quartier de La Défense.

"Son rôle a été déterminant", insiste David André. "Elle a fait une très grande partie du travail. Sans elle, un autre massacre aurait eu lieu", a-t-il ajouté. Mais ce courage a un prix. Pour avoir sauvé des centaines de vies, Sonia a dû renoncer à la sienne. Sous protection, sans identité officielle, elle vit désormais dans un quasi-effacement. Plus de travail, plus de maison à elle, plus de noms sur les registres.

David André lui rend aujourd’hui hommage à travers sa série, où il tente de redonner un visage à cette femme extraordinaire à travers Carima Amarouche qui l’incarne dans le documentaire. Dix ans après les attentats du 13-Novembre, le témoignage de Sonia continue de marquer les esprits.