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Guillaume Perrodeau , modifié à
Sur Europe 1, l'écrivain évoque son dernier ouvrage, "Qui a tué mon père", dans lequel il dénonce la violence de la politique sur les classes populaires.
INTERVIEW

C'est un texte bref - seulement 85 pages. Qui a tué mon père, troisième roman d'Édouard Louis, après les très remarqués En finir avec Eddy Bellegueule (2014) et Histoire de la violence (2016), est sorti le 3 mai dernier. L'écrivain raconte la vie de son père, une vie subie, d'un homme dans un petit village de Picardie qui travaillait à l'usine. Un roman en forme de pamphlet politique.

"Quand on est bourgeois, on ne ressent pas la politique de la même manière". "C'est la vie de mon père et, de manière plus générale, c'est l'histoire du corps des dominés, des pauvres, des classes populaires, qui est détruit par les réformes politiques", résume Édouard Louis mercredi dans Europe matin. "En littérature, j'étais toujours très étonné de voir que lorsqu'on lit des récits de vie, des biographies, la politique est absente de l'histoire des corps", souligne-t-il. Selon l'écrivain, la raison est simple : la plupart des grands auteurs sont issus de la bourgeoisie et "quand on est bourgeois, on ne ressent pas la politique de la même manière".

"Des gens qui produisent la mort d'autres gens". Il n'y a pas de point d'interrogation dans le titre du livre d'Édouard Louis. Car Qui a tué mon père résonne plutôt comme une accusation. Et les coupables sont désignés nommément par le romancier : Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, Emmanuel Macron ou encore Myriam El Khomri. "Ce sont des gens qui produisent la mort d'autres gens, des gens qui ont du sang sur les mains", estime Édouard Louis, en raison des réformes qu'ils produisent. "Emmanuel Macron est quelqu'un qui déteste les pauvres", affirme-t-il.

Des accusations graves, mais selon le romancier, aucune polémique là-dedans, seulement un constat. "Quelqu'un qui appartient aux classes populaires est quelqu'un qui a un corps exposé à la violence politique. (...) C'est ça que j'ai voulu amener en littérature : un peu plus de vérité", explique Édouard Louis.