TEST - Dragon Ball Z Kakarot : vis ma vie de super-guerrier

Au-delà des combats iconiques de la saga, "Dragon Ball Z Kakarot" place le joueur dans la peau des héros.
Au-delà des combats iconiques de la saga, "Dragon Ball Z Kakarot" place le joueur dans la peau des héros. © Bandai Namco Entertainment
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Le dernier jeu "Dragon Ball Z" propose de revivre non pas uniquement les combats titanesques de la célèbre saga japonaise, mais toute l'aventure, à travers les yeux des héros. Une promesse alléchante mais pas vraiment tenue sur la longueur. Malgré une bonne dose de nostalgie, on reste sur notre faim.

C'est ce qu'on appelle une oeuvre culte : 35 ans après ses débuts, Dragon Ball continue de fasciner petits et grands. Le manga d'Akira Toriyama n'en finit pas d'être adapté avec une suite sur papier et en dessin animé, des films et, surtout, des jeux vidéo. Il en est sorti plus de 70 depuis les années 1980 ! Le dernier en date est tout chaud : Dragon Ball Z Kakarot est disponible depuis le 17 janvier sur PS4, Xbox One et PC. Son nom, référence au prénom original de Sangoku, le héros du manga, est synonyme d'une nouvelle direction. Alors que, ces dernières années, nous avions eu le droit majoritairement à des jeux de combats classiques, l'opus édité par Bandai Namco opte pour le genre de l'Action-RPG. Comprendre un jeu de rôle dans lequel on incarne les héros de Dragon Ball Z pour revivre le scénario du manga.

Le super-guerrier, c'est vous !

Dragon Ball Z (DBZ) Kakarot commence très fort avec une réinterprétation du générique du dessin animé. La musique d'origine (Cha-La Head-Cha-La) est plaquée sur une introduction magnifique qui donne le ton : le jeu se veut un hommage très respectueux au manga d'Akira Toriyama, modernisé grâce aux techniques d'aujourd'hui. Sensation confirmée par les premières séquences de jeu. Après un combat introductif contre Piccolo, en guise de didacticiel, l'aspect RPG de DBZ Kakarot est démontré avec un adorable moment père-fils. Sangoku et Sangohan se promènent dans la forêt et pêchent avant de rentrer chez eux. Ce jeu a du cœur et ça se sent tout de suite.

DBZ Kakarot ne couvre pas l'intégralité de la saga mais seulement la partie "Dragon Ball Z". Autrement dit, on débute avec l'invasion des Saiyens, puis viennent le combat contre Freezer sur Namek, l'arc des cyborgs et de Cell et enfin l'affrontement avec Buu. On aurait aimé avoir le début de l'histoire, quand Sangoku est encore un enfant. Tant pis. On se contentera de la période adulte de notre héros, déjà bien garnie en péripéties. D'autant que la promesse de DBZ Kakarot est de nous faire revivre chaque événement de l'histoire.

Des combats dynamiques et tactiques

Les moments forts, ils y sont, pas de souci. Et en longueur. Chacun des quatre actes, articulés autour des combats, jusqu'au boss final, prend entre 7 et 10 heures à boucler. Commençons par les affrontements, l'essence même de DBZ. Oubliez la nervosité et la technique pointue des jeux de combats propres à la saga. Ici, tout a été simplifié. Pas besoin d'être un spécialiste des combos pour s'amuser et se sentir puissant. Le nombre d'attaques est limité et surtout elles peuvent être répétées à l'envie, l'énergie (le ki) se rechargeant très vite. Il n'est pas rare de sortir une dizaine de Kamehameha dans un seul combat ! 

Les puristes trouveront peut-être cela trop simple. Mais les affrontements sont tellement dynamiques que l'on prend rapidement son pied. À ce titre, le duel titanesque contre Freezer est un fantastique bonbon pour les amoureux de Dragon Ball Z. Seul point noir : dès que vous devez affronter seul deux ennemis puissants en même temps, l'expérience devient rapidement frustrante, la faute à une caméra qui peine à suivre les mouvements et des adversaires vraiment agressifs qui ne vous laissent pas le temps d'en placer une. À noter par ailleurs la possibilité, lors de certains combats, de faire appel à des alliés. Une option qui apporte un peu de diversité et de tactique.

Les combats de "Dragon Ball Z Kakarot" sont très plaisants.

Justement, si elle n'est pas omniprésente, la tactique est tout de même essentielle dans ce DBZ Kakarot. RPG oblige, il faut gérer ses points de vie car ils ne se régénèrent pas d'un combat à l'autre. Or, il y a parfois des enchaînements de deux voire trois affrontements. Et si le premier vous ampute d'une bonne partie de votre vie, les suivants risquent bien d'être impossibles à gagner. D'où la nécessité de se préparer méticuleusement. Affronter des subalternes pour gagner en puissance, manger des repas complets pour prendre des forces ou récupérer des soins en vue du combat : autant de tâches anodines mais cruciales pour progresser dans le jeu.

Révivez l'histoire de Dragon Ball Z

C'est là que se niche la spécificité de ce DBZ Kakarot. Entre deux combats, nous sommes invités à vivre notre vie de super-guerrier. Une vie somme toute assez banale puisque, en dehors des menaces secondaires à éliminer pour protéger la population (robots et petits monstres), vous devrez faire les courses, préparer les repas ou encore dénicher des ressources. Le tout en arpentant le monde imaginé par Akira Toriyama, une Terre légèrement futuriste, entre métropoles bouillonnantes et grandes plaines arpentées par des dinosaures. On regrette cependant que ce monde semble assez vide une fois sorti des deux ou trois villes principales.

Les "tableaux communautaires" enrichissent la tactique de "Dragon Ball Z Kakarot".

Pour accomplir les tâches quotidiennes de nos héros, il faudra trouver et parler aux personnages secondaires de l'histoire, du guerrier Yamcha à Chichi, la mère de Sangohan, en passant par l'inénarrable Tortue Géniale et le sympathique idiot Hercule. Si les missions en elles-mêmes ont un intérêt limité (un peu d'expérience et quelques récompenses), elles servent avant tout à créer des liens avec ces personnages pour obtenir leur "emblème d'âme". Ces emblèmes doivent ensuite être placés en relation les uns avec les autres sur des "tableaux" afin d'améliorer vos statistiques de combat, d'entraînement, de cuisine, etc.

Ce système de "communauté", un poil complexe au début, devient rapidement intuitif. Ainsi, on comprend vite qu'en liant deux personnages proches (par exemple Sangoku et son ami Krillin), le lien crée un bonus, renforçant ainsi davantage notre héros. Toute la dimension RPG du jeu se niche dans ces liens. Une bonne idée, qui force à réfléchir un peu car chaque personnage ne peut être placé qu'une fois, sur un seul tableau. On y passe donc un certain temps lors des interludes entre deux combats.

Des bonnes intentions et de grosses déceptions

C'est dans l'immersion que Dragon Ball Z Kakarot pêche. On sent bien que l'idée des développeurs était de rendre jouable le dessin animé. De fait, de nombreuses scènes du jeu sont copiées-collés de la série, jusqu'à certains dialogues. Sauf que toute la saveur du dessin animé était d'étirer au maximum les combats pour créer de la tension, avant de la faire éclater dans un moment épique ou émotionnel. Ce que le jeu ne parvient pas à faire, la faute aux cinématiques beaucoup trop bavardes et statiques. Résultat, certains moments iconiques de Dragon Ball Z, comme le sacrifice de Piccolo face à Nappa ou les transformations successives de Freezer qui terrifient les héros, sont évacués trop vite.

Le monde de "Dragon Ball Z Kakarot" est un peu trop vide.

L'intérêt d'un RPG ne reposant pas uniquement sur les combats, le reste du jeu aurait pu rattraper le coup. Sauf que là encore, l'immersion promise n'est pas totalement au rendez-vous. Les interludes entre les multiples climax de l'histoire de DBZ Kakarot sont malheureusement le parent pauvre du jeu. Les missions secondaires se ressemblent toutes puisqu'elles se résument à battre quelques ennemis faiblards ou à faire des courses (littéralement) pour des habitants carrément paresseux. Seul Sangohan bénéficie d'un traitement (un peu) plus soigné avec quelques mini-jeux, notamment du baseball.

Le manque d'immersion est encore plus marqué pour nous, joueurs français, à cause de l'absence de doublage VF. Seuls le Japonais et l'Anglais sont disponibles. Résultat, certaines cinématiques se transforment en tunnels de dialogues sous-titrés pendant lesquels on martèle le bouton pour avancer plus vite. Cela peut paraître anecdotique, mais pour les joueurs biberonnés au dessin animé dans les années 1990-2000, la VF aurait tout changé.

Nostalgie, quand tu nous tiens

Vous l'aurez compris, nous avons été un peu déçus par ce DBZ Kakarot. Ce qui ne nous a pas empêché d'y passer quasiment… 40 heures ! En effet, malgré ses défauts, le jeu a des arguments pour séduire les fans du manga culte. Le fait de pouvoir revivre l'histoire, même si on la connaît par cœur, produit son petit effet. En combattant avec Sangoku ou en grandissant avec Sangohan, on retrouve notre âme d'enfant. Celle qui nous faisait admirer ces guerriers si musclés mais si humains et qui nous faisait imiter le geste du Kamehameha dans notre chambre, à l'abri des regards.

DBZ Kakarot procure en ce sens un vrai plaisir nostalgique, renforcé par l'utilisation de quelques musiques originales de l'animé. Dans les bons moments, et ils sont tout de même nombreux, on a réellement le sentiment de "jouer" le dessin animé. Qui sait : ce premier essai hors des sentiers battus pourrait donner des idées à d'autres développeurs. Et un jour, peut-être aura-t-on droit à un jeu de rôle Dragon Ball Z dans sa forme parfaite ?

Notre avis : un jeu de fans, par des fans, pour des fans

Disons-le clairement : si vous n'êtes pas fan de Dragon Ball Z, passez votre chemin. DBZ Kakarot est un pur produit de fan-service, destiné aux fins connaisseurs des super-guerriers et de leur histoire. Incarner les héros, rejouer les combats mais aussi les transitions, bref l'histoire de Sangoku et ses amis, c'est le rêve de n'importe quel fan. La nostalgie fonctionne très bien ici, agrémentée de quelques bonnes idées et de combats franchement plaisants. Dommage que la bonne volonté des développeurs ne suffise pas, le jeu se révélant malheureusement un peu trop creux en-dehors des affrontements et souvent mal mis en scène. Pour un rendu final sympathique mais pas inoubliable.