César 3:42
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Céline Brégand
Alors que la 45e cérémonie des César se déroule vendredi soir sans Roman Polanski, qui a renoncé à s'y rendre, des manifestations sont prévues pour contester les douze nominations du réalisateur accusé de viol. La productrice Laurence Lascary espère que cette cérémonie marquera "un moment peut-être historique".
INTERVIEW

La 45e cérémonie des César aura lieu vendredi soir dans un contexte tendu. Des manifestations sont prévues à 18h place des Ternes à Paris, non loin de la Salle Pleyel où se déroule la cérémonie, pour contester les douze nominations de J'accuse de Roman Polanski. Le réalisateur franco-polonais, accusé de viols par douze femmes, a finalement décidé de ne pas participer aux César. Laurence Lascary, productrice et co-présidente du collectif 50/50, espère sur Europe 1 vendredi, "une belle cérémonie avec des prises de paroles fortes" et "une vraie prise de conscience collective".   

"C'est un moment peut-être historique auquel on assiste, le choc de deux mondes. Et j'espère une ère nouvelle qui s'annonce ce soir", souligne la productrice. Elle a également apporté son soutien aux associations à l'origine de l'appel à manifester comme "Osez le féminisme !" et "Nous Toutes", estimant qu'elles étaient "dans leur rôle d'interpeller en disant 'est-ce que c'est normal que le film J'accuse ait eu douze nominations ?'"

"J'ai vraiment espoir que ce soit le lieu d'une vraie prise de conscience collective"

Des discours en rapport avec la polémique sont prévus. Florence Foresti, maîtresse de cérémonie pour la seconde fois, aurait carte blanche. "Elle a dit à plusieurs reprises qu'elle n'allait pas faire relire ses textes", note Laurence Lascary. "J'ai vraiment espoir que ce soit le lieu d'une vraie prise de conscience collective pour une vision de ce que doit être l'industrie du cinéma en France demain", ajoute-t-elle. 

Quant à la décision de Roman Polanski de ne pas assister à la cérémonie, la productrice approuve, estimant que, s'il était venu, "il aurait catalysé toute l'attention et il se serait encore positionné comme une victime". Elle voit le réalisateur comme "un rescapé de cet ancien monde où le réalisateur était sacralisé et où on n'osait pas réclamer justice". Le collectif 50/50 a maintenant à cœur de trouver des solutions pour "éviter que, sur un plateau, une comédienne ou une technicienne se fasse harceler".

Outre l'affaire Polanski, les César sont aussi affaiblis par une crise interne. En février, une tribune signée par 400 personnalités du cinéma réclamait une réforme "en profondeur" de leur fonctionnement. Un constat que partage Laurence Lascary qui dénonce "une reproduction sociale et une subjectivité qui ne dit pas son nom" dans le cinéma français. Cette fronde avait conduit, à la mi-février, à la démission en bloc de son conseil d'administration, présidé depuis 2003 par Alain Terzian.