Ce que vous ne savez pas sur l'album "Tommy" des Who

Les Who en 1972 en concert à Fréjus.
Les Who en 1972 en concert à Fréjus. © ERIC GAILLARD / AFP
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A.D , modifié à
Chaque dimanche, (re)découvrez un album archi culte, son histoire et ses anecdotes. Cette semaine : on se balade avec Tommy, le héros à la vie plus que mouvementée de l'opéra-rock des Who.

Bienvenue en 1969. Cette année-là, érotique pour Gainsbourg, les "Who" sortent plus qu'un album : un concept album, un opéra rock qui s’appelle Tommy. Le projet est ambitieux, compliqué, sublime et torturé. L'objet sort avec un livret, comme pour la musique classique. Et il faut bien un texte pour saisir toute les subtilités de l'histoire dingue que les musiciens ont inventé et que l'on vous raconte dans Europe 1 Music Club.

Premier trauma. L'album est d'autant plus un ovni qu'à l'époque, les "Who" étaient connus partout dans le monde pour du rock beaucoup plus simple, immédiat, comme en témoigne leur gros tube de 1965, My generation.

Passer de My Generation à l’opéra rock, ça surprend. D'ailleurs, les musiciens ne situent pas l'histoire de Tommy à l'aube des années 70 mais en 1921 après la Première Guerre mondiale. Voilà le pitch : le papa du petit Tommy rentre de la guerre et se rend compte que sa femme le trompe. De rage, il tue l’amant… sous les yeux de Tommy ! Alors pour éviter les problèmes, ses parents lui disent : "Tommy tu n’as rien vu, rien entendu… et de toute ta vie tu ne diras rien à personne." Voici le résultat dans la chanson 1921

Sourd, muet et aveugle. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, c'est bien joli, certes, mais le petit Tommy est traumatisé. Il devient sourd, muet et aveugle. L’album continue et l’histoire avec lui. Des chansons renvoient à l'imagination de Tommy, à son inconscient (et fatalement, ce n'est pas tout rose…). Une autre chanson prend cadre dans une église. Il s'agit en fait plutôt d'une secte où les parents espèrent un miracle pour guérir leur fils. Puis l'histoire file jusqu'à Noël et la chanson Christmas.

Une galerie de personnages démoniaques. Dans cet album, on croise ensuite plein de personnages complètement délirants. C'est le côté rock de l’expression opéra-rock qui ressort, et c'est notamment dû à l’imagination fertile de Pete Townshend, le guitariste des "Who" et auteur de la plupart des chansons, soupçonné d'avoir été aidé de quelques substances hallucinogènes. Il suffit de voir la galerie de personnages : un cousin, baby-sitter à ses heures et qui le martyrise, l'oncle Ernie, tonton pédophile de Tommy. Et comme si ce n'était pas suffisant, surgit encore une prostituée qui veut guérir Tommy avec du... LSD. Ce qui donne la chanson Acid Queen :

Après tout ce malheur, la spirale infernale se termine car Tommy devient... champion de flipper !

Tommy va même jusqu'à guérir (suspense, on vous laisse découvrir comment). Il devient alors gourou de secte, ouvre un camp de vacances pour accueillir ses disciples, mais ils finissent par se rebeller parce que Tommy leur interdit de fumer de la drogue et les oblige à jouer au flipper. Tommy qui se retrouve à nouveau seul !

Un film aussi culte. Un film a été tourné autour de cet album culte six ans plus tard, en 1975. Pour jouer tous les personnages évoqués, un groupe de stars s'est prêté au jeu. On retrouve Eric Clapton, Jack Nicholson, Tina Turner, Elton John. C’est Roger Daltrey, le chanteur des "Who", qui joue Tommy adulte. Tout est devenu culte : le disque, le film, la version symphonique de l'album, sortie en 1972,  et le live de 1989 à Los Angeles. Détonant !