Avalanches, base militaire secrète et rencontre avec Mitterrand… La vie trépidante de Jean-Louis Étienne

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Tiffany Fillon
Le médecin et explorateur français Jean-Louis Étienne compte partir en Antarctique pour visiter un territoire encore méconnu : l’Océan austral. Invité sur Europe 1, il est revenu sur quelques épisodes de sa vie fascinante.
INTERVIEW

À 72 ans, son goût pour l’aventure reste intact. L’explorateur Jean-Louis Étienne, qui publie Aux arbres citoyens (éditions Paulsen), est en pleine préparation d'une mission inédite. Dans L’équipée sauvage, sur Europe 1, il détaille son projet tout en révélant des périodes marquantes de sa vie, surprenantes, effrayantes et parfois comiques. Cette nouvelle expédition, préparée depuis plus de huit ans, vise à explorer l’Océan austral, situé autour du Pôle Sud. "C’est un immense océan, une espèce de courroie de transmission qu’empruntent les marins du Vendée Globe tous les quatre ans", précise-t-il. L’expédition de Jean-Louis Étienne, qui sera accompagné par sept autres personnes - des scientifiques, des marins et des officiers de marine marchande - durera deux ans.

Le Polar Pod, un navire révolutionnaire, sera une aide précieuse pour mieux connaître cet océan "très peu étudié et très venté", selon Jean-Louis Étienne. Descendant à 80 mètres, ce vaisseau permet en effet de se protéger des rafales. "Quand le vent souffle, cela fait des vagues. En revanche, si vous descendez à 80 mètres, vous êtes dans des eaux stables. À la surface, les vagues vous passent à travers. C’est beaucoup plus stable qu’un bateau", explique-t-il.

Pour la seconde fois dans l’Histoire, il imagine un navire vertical

La dernière fois qu’un tel navire a été construit dans le monde, c’était dans les années 1960, pendant la Guerre froide. Les Américains avaient conçu "un navire vertical qui dérivait vers le Pacifique pour écouter et repérer les sous-marins". C’est donc la première fois qu’un navire vertical est utilisé à des fins autres que militaires.

Il a bravé la mort au Pôle Nord

Outre les avalanches qu’il a connues dans l’Himalaya, Jean-Louis Étienne a failli mourir noyé dans l’eau glacée du Pôle Nord. "La glace s’est cassée sous mes pas. Si je m’étais enfoncé jusqu’à la taille, je n’aurais pas pu remonter. Dans ce cas, il faut se coucher. Et, j’ai rampé pour m’en sortir", raconte-il.

Il s'est trouvé face à face avec des militaires

Jean-Louis Étienne revient aussi sur sa traversée du Groenland, en pleine période de Guerre froide. Il était accompagné par plusieurs autres explorateurs : un Russe, un Américain, un Japonais et un Anglais. Par hasard, ils sont tombés nez-à-nez avec une base américaine équipée de "radars qui détectent les missiles arrivant de l’Union soviétique", décrit Jean-Louis Étienne. À l’intérieur, se trouvaient, selon lui, "des anciens du Vietnam" abreuvés à l’idéologie antirusse. "Nous, on arrive avec nos chiens tranquillement", ironise-t-il, ajoutant être monté en haut de la base pour frapper à la porte de ces militaires qui "attendaient un missile". "Face au Soviétique, [l’homme qui ouvre la porte] se fige et dit ‘I have to call Washington’ ('Je dois appeler Washington en VF)." Finalement, Jean-Louis Étienne affirme que cette rencontre s’est terminée dans une ambiance bon enfant. "Ils sont descendus avec des bouteilles de whisky et on a fait une soirée géniale", se souvient-il.  

Mitterrand voulait lui proposer un ministère

Alors président de la République, François Mitterrand avait invité Jean-Louis Étienne à l’Élysée. "Il voulait me soutenir à une élection législative ou me proposer le ministère de l’Environnement", se remémore l’explorateur, qui ne se pensait "pas être taillé pour le job". "Je lui ai dit : ‘Président, je pars en Erebus’. Il m’a alors demandé : ‘Qu’est ce que c’est, l’Erebus ?’ Je lui ai répondu : 'C’est un volcan en Antarctique'. Il a penché la tête, m’a regardé et m’a dit : ‘Là je ne vais pas pouvoir vous accompagner’."