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«On peut aujourd’hui intimider des policiers sans rien risquer» : plaques photographiées et filatures, la peur s’installe au commissariat de Mantes-la-Jolie

Jean-Baptiste Marty - Mis à jour le . 2 min
Police (Photo d'illustration).
Police (Photo d'illustration). © Beata Zawrzel / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Depuis plusieurs mois, des policiers du commissariat de Mantes-la-Jolie subissent une série d’actes d’intimidation. Plaques d’immatriculation des fonctionnaires photographiées, filature à la sortie du service, l’inquiétude grandit dans les rangs des policiers encore traumatisés par l'attaque terroriste contre deux policiers en 2016.

Depuis plusieurs mois, les actes d’intimidations visant les policiers du commissariat de Mantes-la-Jolie se multiplient. Les délinquants de droit commun des environs n’hésitent pas à prendre en photo les plaques d’immatriculation de leurs véhicules personnels et certains agents disent craindre que ces informations circulent dans les quartiers ou sur les réseaux sociaux.

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Filature dans Mantes-la-Jolie

Fin octobre, un nouvel épisode a marqué les esprits : en voulant rentrer chez lui après son service, un policier en civil a été suivi par un automobiliste au comportement suspect. 

"À la sortie du commissariat, un des fonctionnaires de police laisse passer les automobilistes avant de partir. Il voit alors un chauffard ralentir, qui le regarde avec insistance. Il y a un stop juste à côté, il attend quasiment une minute alors qu’il n’y a personne derrière", relate Guillaume Dordet, délégué syndical Alliance dans les Yvelines.

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Le policier poursuit sa route, mais l’individu continue de le suivre sur plusieurs kilomètres, l’obligeant à tenter de le semer dans les rues de Mantes-la-Jolie. La filature ne s’arrête qu’avec l’arrivée de renforts appelés par l’agent. Le suspect, âgé de 19 ans, est interpellé. 

Positif aux stupéfiants, il affirme avoir "confondu" le policier avec un autre fonctionnaire à qui il souhaitait parler. Jugé dans la foulée, il a écopé d’une simple amende de 600 euros. Une peine incompréhensible pour Guillaume Dordet : "On est dégoûté et on ne comprend pas. La loi est mal faite. On peut aujourd’hui faire ce que l’on veut en France, on peut intimider des forces de l’ordre sans rien avoir derrière. Il y a un flou juridique à ce niveau-là."

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"Il peut se repasser quelque chose"

Une semaine plus tard, nouvelle alerte : un jeune photographie la plaque d’immatriculation d’un autre policier devant le commissariat. "C’est inquiétant, on ne sait pas ce qu’ils font de ces photos. Ça peut se retrouver sur les réseaux sociaux et faire le tour de tout le quartier", s’alarme encore le représentant syndical.

Dans ces conditions, l’anxiété gagne les rangs. Certains policiers rentrent désormais systématiquement armés à leur domicile, d’autres changent chaque jour d’itinéraire après leur service. Certains ont même fait le choix d’habiter loin du commissariat, parfois à plus d’une heure de route.

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Tous ont en tête l’attentat de Magnanville en 2016, au cours duquel Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider avaient été assassinés chez eux par un terroriste qui les avait espionnés pendant plusieurs semaines. "Cet attentat est encore bien présent dans la tête de tout le monde. Tout le monde se méfie. On se dit qu’il peut se repasser quelque chose si on laisse des individus comme ça nous suivre", rappelle Guillaume Dordet.