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Lionel Gougelot avec AFP / Crédit photo : Loic Venance/AFP , modifié à
Deux mineurs, âgés de 14 et 15 ans, ont été mis en examen dans le cadre de l'enquête sur la mort de Philippe, 22 ans, victime d'une violente agression à Grande-Synthe dans le Nord. La procureur de Dunkerque fait également savoir que la piste du guet-apens a été retenu.

Deux mineurs de 14 et 15 ans ont été mis en examen pour "assassinat" vendredi, dans l'enquête sur l'agression mortelle de Philippe Coopman, un jeune homme de 22 ans battu à mort mardi à Grande-Synthe (Nord) lors d'un guet-apens. Il existe, à ce stade de l'enquête, des raisons de penser qu'il s'agit d'un "meurtre aggravé par la circonstance de guet-apens", a expliqué la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, lors d'une conférence de presse.

Les deux mineurs, l'un vivant à Grande-Synthe, l'autre à Dunkerque, ont affirmé en garde à vue avoir "fixé un rendez-vous" à la victime sur un parking, à l'arrière d'une supérette, "via un site internet de rencontre en se faisant passer pour une jeune fille mineure", estimant que le fait de répondre à une annonce de jeune mineure était "pour eux répréhensible". "C'est leur version", a insisté la procureure, qui souligne que "des effets ont été dérobés" lors de l'agression, estimant que leur mobile pouvait aussi être "tout simplement l'appropriation d'effets personnels".

"D'autres suspects" sont recherchés, a indiqué Charlotte Huet, soulignant aussi qu'une enquête était "en cours à propos d'autres agressions commises dans des circonstances similaires après des rendez-vous fixés sur le site. Ce site permet d'engager des discussions en renseignant l'âge, le sexe et un code postal sans vérification, ni création de compte.

"Il était là au mauvais moment"

Le mineur de 14 ans, déclaré coupable dans le passé de plusieurs faits de violence, a reconnu avoir porté des coups de pied. Celui de 15 ans, déjà condamné pour des dégradations et un vol en réunion, réfute avoir porté des coups. Selon leur récit, ils auraient utilisé une bombe lacrymogène avant de porter des coups à la victime, s'assurant préalablement qu'il s'agissait bien de leur cible en entendant la sonnerie de son téléphone qu'ils avaient appelé.

"Philippe était un jeune homme serviable, aimant et aimé de tous. Des criminels s'en sont pris à un innocent et l'ont laissé pour mort sur le bitume. Pour quoi ? Pour rien", a dénoncé un de ses amis, Yacine, à l'issue de la marche blanche vendredi matin. "Hommage à Philippe", pouvait-on lire sur une grande banderole tenue notamment par ses deux frères, Dylan et Kelvyn. Plusieurs personnes, dont beaucoup en tenue blanche, tenaient des photos du jeune homme.

Dans la foulée des premiers éléments d'enquête, des rumeurs ont germé sur les réseaux sociaux, qualifiées de "fausses informations" par la cousine de la victime, Mélanie. Selon Amine Bensaber, qui se présente comme un très bon ami du frère Kelvyn, Philippe Coopman a croisé ses agresseurs "par hasard" alors qu'il se rendait chez un ami. "Il était là au mauvais moment", a-t-il affirmé.

"Puisse ton décès faire réfléchir cette partie de la jeunesse à la dérive"

"L'histoire, c'était effectivement une rencontre sur un site de rencontres, mais ce n'était pas Philippe", a-t-il poursuivi. "Une personne qui avait rendez-vous avec une fille (via) ce site" sur ce parking "a contacté" la famille. "Elle va faire une déposition à la police." Un témoignage dont la procureure dit avoir été destinataire, mais qui reste "à vérifier". Alertés par les pompiers vers 02H00 mardi, les policiers avaient découvert le jeune homme gisant sur le parking, avec une fracture et des plaies au visage.

Selon un témoin, cité par une source policière, Philippe Coopman a été agressé par trois personnes alors qu'il était au téléphone. Elles lui auraient dérobé son appareil avant de prendre la fuite, avait rapporté cette source. Hospitalisé en réanimation, il est décédé mardi soir des suites de ses blessures. La marche blanche est passée en silence devant le lieu de l'agression où des dizaines de fleurs ont été déposées. "Grande-Synthe a perdu un de ses enfants", a lancé le maire socialiste de la ville Martial Beyaert. "Puisse ton décès faire réfléchir cette partie de la jeunesse à la dérive."

Selon le directeur de cabinet du maire Benoît Ferré, le jeune homme avait travaillé comme animateur dans des centres de loisirs de la ville et devait bientôt travailler chez Amazon.