«Fast fashion» : la mode jetable ciblée par l'Assemblée nationale

Les députés se penchent ce jeudi sur des mesures visant à freiner la "fast fashion".
Les députés se penchent ce jeudi sur des mesures visant à freiner la "fast fashion". © ROMAIN LONGIERAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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Nora Voisin avec AFP , modifié à
Un "malus" environnemental et une interdiction de la publicité : c’est la peine dont devrait écoper les géants de la "fast fashion", ces entreprises qui vendent à prix défiant toute concurrence des vêtements le plus souvent importés. Les députés doivent approfondir ce jeudi la législation qui encadrera ce phénomène de mode jetable.

Les députés se penchent ce jeudi sur des mesures visant à freiner la "fast fashion", avec un "malus" environnemental et une interdiction de la publicité pour la vente de ces vêtements à prix cassés, le plus souvent importés. La proposition de loi sera le deuxième texte à être examiné dans l’hémicycle lors de la journée consacrée à Horizons, l’un des trois groupes de la majorité présidentielle. Soutenue par le gouvernement, elle avait été validée en commission dans un climat de rare concorde.

Kookaï, Pimkie, Burton of London… Nombreuses sont les enseignes qui ont été contraintes de réduire leur réseau de boutiques. Certains établissements comme Camaïeu ou San Marina ont par ailleurs été placés en liquidation judiciaire : des dommages collatéraux résultant, en somme, de la "fast fashion". Alors que le pouvoir d’achat a baissé en France, ces firmes inondent le marché par des vêtements peu coûteux et constamment renouvelés. L'emblématique entreprise chinoise Shein, par exemple, met en ligne "7.200 nouveaux modèles de vêtements par jour" en moyenne.

Un bilan désastreux

Cependant, la principale préoccupation de l’Assemblée nationale, c’est bel et bien l’impact environnemental catastrophique du secteur : "L'industrie textile est la plus polluante, elle représente 10% des émissions de gaz à effet de serre et si on fait rien, on atteindra les 26% en 2050", a déclaré Anne-Cécile Violland, députée Horizons. La proposition de loi prévoit notamment de renforcer un système existant de "bonus-malus" dans l’industrie textile, pour prendre en considération les "coûts environnementaux" d'une production excessive.

La pénalité reste encore à fixer par le décret mais pourrait atteindre jusqu’à dix euros par produit d’ici à 2030, dans la limite de 50% du prix de vente. "Il ne s'agit pas d'une taxe", insiste Anne-Cécile Violland, puisque les pénalités doivent être redistribuées en faveur notamment des producteurs de vêtements durables. L'autre mesure phare est l’"interdiction de la publicité pour les produits et entreprises" de mode éphémère, coutumières d'un marketing agressif poussant à la surconsommation.

Définitions controversées

Cette mesure, soutenue par tous les groupes à l'exception des Républicains (LR), soulève cependant quelques débats : "Si vous interdisez la publicité dans le domaine de la mode, vous interdisez en fait le marché", estime le député LR Antoine Vermorel-Marques. De plus, l’Assemblée doit délibérer sur la définition précise de ce qui constitue la fast fashion. Le texte retient un critère basé sur les volumes produits et la vitesse de renouvellement des collections, mais renvoie à un décret pour en fixer les seuils.

Shein, le géant chinois, riposte : ce texte "pénalise de manière disproportionnée les consommateurs les plus attentifs aux coûts" et "n'aborde pas la question de l'impact environnemental". Selon une porte-parole, le nombre de références "n'est pas un indicateur pertinent" pour définir la "fast fashion" plutôt liée à l'ampleur des invendus, la marque disant produire "à la demande". Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce en France, craint lui que le texte "rate sa cible" en impactant des entreprises nationales plutôt que "l'ultra fast fashion".