Coupe du monde 2018 - France-Australie : que valent vraiment les "Socceroos" ?

  • Copié
, modifié à
Pour leur entrée en lice en Coupe du monde samedi midi, les Bleus sont clairement favoris face à l'Australie, 36ème au classement Fifa. Les "Socceroos" ne manquent cependant pas d'atouts. Ni de confiance.

"C'est un peu comme un petit boxeur à qui l'on viendrait dire que son prochain adversaire, c'est Mike Tyson". La métaphore est signée Franck Farina, jeudi à l'AFP. À l'image de l'ancien sélectionneur de l'Australie (1998-2005) et ex-joueur de Strasbourg et Lille, notamment, d'aucuns promettent l'enfer aux "Socceroos", samedi face aux Bleus, pour le premier match des deux équipes dans cette Coupe du monde (12h). Étrangement, les joueurs de Bert van Marwijk, eux, s'avancent plutôt confiants. Leur 36ème place au classement Fifa - la France est septième - n'est d'ailleurs pas si ridicule. Mais que vaut vraiment cette équipe ? Europe1.fr analyse ses points forts et ses points faibles.

Une défense pas si exceptionnelle

Depuis le tirage au sort de la phase de groupes, le 1er décembre dernier, Didier Deschamps et son staff ont eu le temps d'observer l'Australie à la loupe. Conclusion du sélectionneur : "C’est une équipe agressive, avec un potentiel offensif intéressant. Ils sont bien organisés. Ce n’est pas une équipe qui ne fait que défendre. Elle crée du jeu". Si elle "ne fait pas que défendre", c'est peut-être aussi parce qu'il s'agit là de son point faible. Sur le papier, la charnière composée de Milos Degenek, défenseur central de Yokohama, au Japon, et de Mark Miligan, qui officie à Al Ahli, en Arabie saoudite, ne pèse pas lourd face à l'armada offensive des Bleus.

Après avoir évolué avec une défense à trois lors des éliminatoires, les "Socceroos" ont basculé sur un schéma plus classique avec quatre défenseurs, afin de revenir aux fondamentaux. Avec un plan de jeu bien précis derrière. "Nous devons rester compact, surtout en début de match. Si vous pouvez tenir le 0-0 lors des 20, 30 premières minutes, ils (les Français) vont s’agacer et être de plus en plus frustrés", a déjà glissé l’attaquant Robbie Kruse, dans des propos relayés par The Australian.

"Nous avons travaillé notre discipline défensive ces trois dernières semaines, à savoir la couverture des ailes et la réduction des espaces. Je pense que nous avons très bien travaillé. Nous forçons nos adversaires à jouer de longs ballons. Nous défendons vraiment bien", a assuré le joueur du VfL Bochum, en deuxième division allemande. Évidemment, mieux vaut toujours évoquer ses forces que ses faiblesses, comme pour mieux se rassurer. Pas un mot, par exemple, sur le jeu aérien, dans lequel les Australiens ne sont pas vraiment maîtres.

Des joueurs de talent

Le joueur-clé de cette équipe a 27 ans et fait le bonheur d'Huddersfield : Aaron Mooy a été le grand artisan du maintien de son club en Premier League, avec comme point d’orgue un but face à Manchester United (2-1). Le milieu de terrain chauve est à la fois très mobile, solide à la récupération (1,75 m, 80 kilos) et à l'aise techniquement, avec un goût prononcé pour les talonnades et autres déviations de la semelle. Si l'Australie parvient à causer quelques soucis à la France, il en sera sûrement responsable, tout comme son acolyte dans l'entrejeu, Massimo Luongo. Le gardien de but Mathew Ryan, portier de Brighton, un autre club de Premier League, reste lui aussi sur une très bonne saison.

Mais le plus célèbre danger des Socceroos sera sûrement sur le banc. À 38 ans, Tim Cahill n'est pas vraiment à l'apogée de sa longue carrière et devrait être relégué sur la touche au profit d'Andrew Nabbout. Depuis janvier, le meilleur buteur de l'histoire de la sélection (50 buts en 105 matches) n'a en effet joué que 65 minutes à Millwall (D2 anglaise), et n'a pas participé aux deux matches de préparation avec le maillot vert et or. Il s'agit cependant de son quatrième Mondial. Avec un nouveau but, il rejoindrait d'ailleurs le Brésilien Pelé et les Allemands Uwe Seeler et Miroslav Klose, buteurs lors de quatre éditions de la Coupe du monde.

Un sélectionneur tout neuf mais expérimenté

Une fois la qualification pour le Mondial russe validée, l'ancien sélectionneur Ange Postecoglou, qui officiait depuis quatre ans, a décidé de faire ses valises à la surprise générale, en novembre dernier. Pour le remplacer, la Fédération australienne a fait appel en janvier au Néerlandais Bert van Marwijk qui avait, de son côté, qualifié… l'Arabie Saoudite, avant de démissionner.

Le sélectionneur de 66 ans n'a certes eu que quatre matches pour bâtir son groupe. Mais peut se targuer d'une solide expérience en Coupe du monde. Avec les Pays-Bas de Mark van Bommel, aujourd'hui son adjoint, il avait atteint la finale en 2010 face à l'Espagne (défaite 1-0). Huit ans après, il tentera d'appliquer son fameux credo : "Nous n'avions pas les meilleurs joueurs, mais nous avions la meilleure équipe".

Une préparation très sérieuse

Pour le moment, la mayonnaise a l'air de prendre. L'Australie débarque en Russie forte d'un bilan parfait de deux victoires en autant de rencontres. Les Socceroos ont d'abord infligé un 4-0 à la République tchèque, à Prague. Leur premier succès hors de leur territoire depuis 2016… Suivi d'un second, quelques jours plus tard en Hongrie (2-1).

"Avant d'affronter la République tchèque, une statistique disait que l'on n'avait plus gagné depuis longtemps contre une nation européenne. Et on l'a fait deux fois en quelques jours. J'ai l'impression que l'on tire les bénéfices de notre mini-stage en Turquie. Pour moi et pour l'équipe, les progrès ont été impressionnants", a poursuivi Mathew Ryan, le gardien de Brighton.

Avant cela, l'Australie a dû emprunter un long chemin pour se qualifier : 22 matches sur plusieurs continents. Dans le barrage asiatique, elle s'en est sortie de justesse contre la Syrie (1-1, 1-2 a.p) avant de décrocher son ticket final à l'issue de son barrage contre le Honduras (0-0, 3-1). Ce qui lui a visiblement forgé un moral d'acier.

Un mental de battants

"C'est du 11 contre 11, nous ne craignons personne". Aziz Behicha, latéral droit de Bursaspor, est convaincu que son pays a un coup à jouer dans ce Mondial où personne ne l'attend. Et il n'est pas le seul. "On sera prêt pour le match contre la France... et on entend bien se donner la chance de le gagner", a ainsi expliqué Mat Ryan. "On a hâte. On sera prêt, comme on l'est toujours. À ce niveau, je suis très confiant. J'ai la conviction que notre équipe peut s'imposer face à n'importe qui", a poursuivi le gardien.

Pour se motiver, les "Socceroos" s'appuieront sans doute sur quelques surprises passées en Coupe du monde : le Cameroun contre l'Argentine en 1990 (1-0) ou encore le Sénégal contre la France en 2002 (1-0). Des scénarii que les Bleus devront eux aussi avoir en mémoire. Favoris ou pas, ils devront surtout se montrer sérieux pour espérer lancer leur compétition sous les meilleurs auspices.