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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les chiffres donnent le vertige : des emplois sont supprimés par milliers dans l’industrie automobile. La faute aux voitures propres !

Les voitures propres sont devenues l’ennemi de l’emploi. En quelques semaines, depuis le début de l’année, plus de 20.000 suppressions d’emplois ont été annoncées dans l’industrie automobile en Europe. C’est calamiteux. Vous vous souvenez de la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay en 2012 qui avait été un choc ? Et bien il s’agissait de 3.000 emplois. Depuis janvier, on en est donc à l’équivalent de la fermeture de 7 usines de cette taille dans toute l’Europe. Volkswagen, Honda, BMW, Audi et bien sûr leurs centaines de sous-traitants réduisent la voilure.

 

L’explication, c’est la chute du diesel ?

La chute du diesel, oui, mais aussi la décision du Parlement européen d’imposer aux constructeurs une réduction de 40% des émission de CO2 sous peine d’amendes considérables. Cela fait des mois que toute l’industrie européenne tire la sonnette d’alarme en disant que cet objectif est irréaliste, qu’il va obliger les entreprises du secteur automobile à engager des restructurations massives dans un laps de temps trop court. Tous les constructeurs ont prévenu qu’il y aurait des conséquences très lourdes pour l’emploi. Les syndicats de l’automobile ont également relayé le message. Mais rien n’y a fait et les députés européens ont voté ces objectifs très contraignants. Nous en payons aujourd’hui les conséquences. Rappelons que la filière automobile emploie 13 millions de personnes en Europe, c’est donc considérable.

Mais le virage de l’électrique va aussi créer des emplois ?

Aujourd’hui, il en crée surtout en Chine et en Corée : un tiers de la valeur ajoutée d’une voiture électrique se trouve dans la batterie. Or les batteries viennent en quasi-totalité d’Asie. Autrement dit, l’accélération du virage vers l’électrique équivaut à un transfert massive de l’industrie automobile d’Europe vers l’Asie. C’est tout le paradoxe: les décisions prises au Parlement européen, pour de bonnes raisons de principe, la lutte contre le dérèglement climatique, reviennent à déplacer vers l’Asie le cœur de la valeur de la production automobile. Cela revient à imposer des choix de politique industrielle désastreux pour l’Europe et formidables pour la Chine. Le président chinois Xi Jinping, qui arrive en Europe ces jours-ci, doit se dire tout bas : ces Européens sont bien naïfs !