Dans quelques semaines doivent commencer les premiers festivals de l’été qui rassemblent des milliers de personnes chaque année, avec plus de 2.000 événements partout en France. Mais la menace d'un confinement prolongé et d'une épidémie durable de coronavirus plane, et risque d'entraîner des annulations en cascade. Alors que la programmation de la 74e édition du festival d'Avignon a été dévoilée mercredi, Olivier Py, son directeur, se dit "très inquiet" mais espère encore que l'événement aura lieu.
Au-delà du 15 mai, "ce ne sera pas possible"
"Je suis très inquiet", confie-t-il au micro d'Europe 1 avant de rappeler que le maintien ou non du festival n'est "ni de son autorité ni de sa compétence. Il y a des autorités sanitaires et un préfet qui prendront la décision de ne pas jouer s'il y a le moindre risque pour la population".
Mais il estime qu'en pratique, le festival est envisageable si le confinement ne va pas au-delà du 15 mai. "Nous n’avons pas tout à fait perdu espoir : je crois qu’il y a une faisabilité technique du festival jusqu’à la seconde quinzaine de mai. Au-delà, on pense que techniquement, non, ce ne sera pas possible".
De grosses pertes financières
Le festival représente "un budget de 13 millions dans lequel plus de la moitié est assuré par les recettes". Ce qui représenterait une perte de 6 ou 7 millions d'euros, sans compter "le festival Off pour qui les pertes seraient terribles, et pour la ville d’Avignon qui a un retour de 100 millions d'euros chaque année sur le festival et qui est l'une des villes les plus pauvres de France", rappelle Olivier Py.
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Les différents scénarios envisagés en cas d'annulation, comme un report, ou un festival réduit, seront présentés en conseil d'administration en visioconférence le 21 avril.
Qu'advient-il des intermittents ?
Afin d'adapter ses mesures exceptionnelles au cas spécifique des intermittents du spectacle (musiciens, comédiens, techniciens, réalisateurs, machinistes, danseurs, etc), le gouvernement a décidé de ne pas prendre en compte la période du confinement dans le calcul de la période de référence qui leur permet de toucher l’assurance-chômage. Un intermittent doit normalement effectuer 507 heures de travail par an.
La "date anniversaire" de calcul serait donc retardée du temps que durera le confinement. Mais l'application de la mesure est encore floue. "Artistes et techniciens seront dans une très grande précarité à la sortie de la crise", s'inquiète Olivier Py. "Je n’ai pas tendance à les oublier, au contraire, c’est pour cela que j’espère encore que le festival ait lieu et je ferai tout pour si nous en avons le droit. Je crois que le ministère de la culture ne les a pas oubliés non plus, et je suis pour un moratoire sur les deux ou trois mois qui auront été chômés et qui risquent de leur faire perdre leurs heures."