CES 2020 : "Bientôt votre voiture reproduira votre façon de conduire"

Gary Shapiro est l'organisateur du CES, qui accueille cette année plus de 4.500 exposants.
Gary Shapiro est l'organisateur du CES, qui accueille cette année plus de 4.500 exposants. © ETHAN MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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, à Las Vegas
Le CES de Las Vegas rassemble en ce début d'année tous les acteurs de l'électronique grand public. L'occasion de se pencher avec Gary Shapiro, directeur du CES, sur les grandes tendances à venir et la place de la France dans ce secteur.
INTERVIEW

Le CES 2020 ouvre officiellement ses portes ce mardi à Las Vegas, aux Etats-Unis. Le plus grand salon dédié à l’électronique au monde rassemble cette année plus de 4.500 exposants, dont quelque 200 Français. Intelligence artificielle, objets connectés, voiture autonome, efficience énergétique… Toutes les dernières innovations sont au CES. Alors que faut-il attendre de l’édition 2020 ? Nous avons posé quelques questions à Gary Shapiro, directeur de la Consumer Technology Association, société qui organise le CES.

Quelle est la tendance majeure de ce CES 2020 ?

L’intelligence artificielle est partout cette année ! C’est un ingrédient pour le futur. Jusqu’ici, on parlait beaucoup d’objets connectés. À présent, il y a de l’intelligence dans cette connectivité. L’objectif, c’est de rendre notre quotidien meilleur et plus simple. Ça peut être votre siège de voiture qui vous dira bientôt si vous êtes malade. Ou bien votre voiture analysera votre façon de conduire et la reproduira à votre place, elle va en quelque sorte "penser pour vous".

L’intelligence artificielle n’est pas une nouveauté. Qu’est-ce qui a évolué ?

Même si on ne la voit pas, l’intelligence artificielle est déjà très concrète. Prenez les avions : les pilotes ne sont aux commandes réellement que pour le décollage et l’atterrissage. En vol, c’est l’IA qui pilote. Ce qui a changé en revanche, c’est qu’en plus d’analyser d’immenses masses de données très rapidement, l’IA est aujourd’hui capable de raisonner, d’en déduire des choses. Par exemple, en médecine, pour certains examens, l’IA est désormais plus à même de faire le bon diagnostic qu’un humain.

L’autre grande tendance, c’est la maison connectée. En plus de notre téléphone, notre four, notre sonnette ou notre douche deviennent à leur tour des objets intelligents. N’est-ce pas trop ?

Que si on juge que ça l’est ! Notre maison ne sera connectée que si nous en avons envie. Avoir la possibilité de suivre la cuisson de son gratin au four pendant que l’on est en voiture en train de rentrer du travail, voilà une innovation pour le quotidien. Certains vont aimer et l’adopter, d’autres pas. C’est une question de choix. Mais les nouvelles technologies peuvent améliorer nos vies, que ce soit pour maîtriser notre consommation d’énergie ou être plus indépendant. Il faut juste bien les utiliser.

Qui fait avancer le monde des nouvelles technologies aujourd’hui ? Les géants du numérique ou les start-ups ?

Les grosses entreprises historiques ont toujours cette capacité à investir des sommes d’argent colossales, ce qui leur donne un avantage dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne les infrastructures. Mais ça amoindrit aussi leur capacité à innover. Elles ont beaucoup de hiérarchies et à la fin, le produit ou le service doit rapporter de l’argent. Donc les décisions sont plus lentes, alors que les petites entreprises sont plus réactives.

La nouveauté, ce sont les entreprises venues de secteurs traditionnels, comme Delta Airlines (aviation), Procter & Gamble (hygiène), etc., qui créent des divisions pour les innovations technologiques ou nouent des partenariats avec des start-ups plus agiles. Tout le monde veut sa place !

La France est le deuxième pays le plus représenté au CES. Comment percevez-vous la place de notre pays dans le monde de la tech ?

Il y a eu un vrai changement d’image avec la venue, à plusieurs reprises, d’Emmanuel Macron, quand il était encore ministre de l’Economie. Il a fait parler de la France au CES. Résultat, la France a aujourd’hui une bonne réputation, celle d’un pays propice à entrepreneuriat, à l’innovation. Cela s’inscrit aussi dans un contexte de mondialisation de ce secteur des nouvelles technologies. L’Inde, la Chine, le Japon, les Pays-Bas… Il y a des innovations bien au-delà des Etats-Unis. Et la France est très bien placée.