réseaux sociaux 2000 1:21
  • Copié
, modifié à
L'assassinat du professeur des collèges Samuel Paty, vendredi, à Conflans Sainte-Honorine, fait resurgir le débat sur le rôle des réseaux sociaux. Plusieurs vidéos auraient en effet incité le tueur à passer à l'acte. Convoquées par le gouvernement mardi, les plateformes tentent de mettre en avant leurs efforts de modération.
DÉCRYPTAGE

Conséquence de l’assassinat de Samuel Paty, les réseaux sociaux sont de nouveau dans l’œil du cyclone. C’est sur Facebook qu’a été postée la vidéo du parent d’élève ciblant l’enseignant après son cours sur les caricatures de Charlie Hebdo. Puis, l’assaillant a posté sur Twitter la photo du cadavre de la victime. En réaction, de nombreux responsables politiques appellent à plus de régulation des plateformes. Les patrons pour la France des grands réseaux sociaux sont convoqués par Marlène Schiappa, mardi à 10 heures. Mais peut-on dire pour autant qu’ils ne font rien contre les messages haineux ?

Des millions de contenus sanctionnés chaque année

Sur le papier, les réseaux sociaux font de plus en plus d’efforts pour filtrer au mieux les contenus haineux, violents et choquants. Twitter et Facebook publient régulièrement des rapports sur leur action de modération. On sait donc que l’an dernier, par exemple, Twitter a suspendu 270.000 comptes pour incitation à la haine et quelque 180.000 autres pour apologie du terrorisme. Chez Facebook, on fait savoir que 15 millions de contenus liés d’une manière ou d’une autre au terrorisme ont été sanctionnés depuis le début de l’année. Et 99% d'entre eux l’ont été avant même d’avoir été signalés par la communauté.

Le problème, c’est le 1% restant, l'angle mort, car il suffit de quelques minutes pour qu’un contenu haineux produise son effet. Par ailleurs, certains contenus, comme la vidéo du parent d'élève appelant à la mobilisation contre Samuel Paty, ne sont pas toujours identifiés comme des contenus haineux. Un problème de définition pointé du doigt depuis plusieurs années. La réunion entre Marlène Schiappa et les patrons des branches françaises de Facebook, Twitter, Youtube, TikTok et Snapchat pourrait produire de premières avancées.

Le gouvernement veut des sanctions sévères

La majorité a bien essayé de forcer les plateformes à mieux réguler la haine en ligne avec une loi portée par la députée LREM Laetitia Avia, qui visait à inciter les réseaux sociaux à supprimer rapidement les contenus dangereux ou violents, sous peine de lourdes sanctions financières. Mais le texte a été vidé de sa substance par le Conseil constitutionnel au printemps car le risque que des entreprises privées puissent juger unanimement de la nature de tel ou tel contenu constituait une entrave trop forte à la liberté d’expression. "La proposition de loi de Madame Avia, qui aurait permis de faire retirer les vidéos et de poursuivre ce père de famille a été censurée", a déploré Gerald Darmanin, lundi sur Europe 1.

Mais avec l’assassinat de Samuel Paty, un cap a, semble-t-il, été franchi au niveau du gouvernement. "Nous ne pouvons pas laisser faire ce genre de fatwas en ligne", a martelé le ministre de l'Intérieur. Un discours qui trouve de l'écho chez ses collègues. "Ils se prennent pour les rois du monde mais Facebook est un des plus grands complices du terrorisme", torpille un autre ministre de premier plan. Ministre qui assure qu’il va militer activement pour sanctionner financièrement et de façon massive les réseaux sociaux en cas de manquements.