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Laure Dautriche / Crédits photo : HAUSER Patrice / hemis.fr / hemis.fr / Hemis via AFP , modifié à
Europe 1 a pu monter à bord d’un avion Airbus zéro-G, l’un des rares appareils au monde capables de proposer des moments d'apesanteur. Une trentaine de scientifiques testent leurs expériences grâce à une mission de vol financée par le CNES, l'agence spatiale française. Reportage à Mérignac près de Bordeaux.

Faire de la science en apesanteur ! C'est possible grâce à l'avion Airbus zéro-G, l’un des rares appareils au monde capables de proposer cela. À bord de cet avion, une trentaine de biologistes et de physiciens testent leurs expériences. Cette mission de vol est possible car financée par le CNES, l'agence spatiale française, à Mérignac, près de Bordeaux. 

Après 30 minutes de vol, voilà la première phase d’apesanteur. Les corps se soulèvent, flottent comme des plumes. À 8.000 mètres d’altitude, les trois pilotes placent l’avion sur une trajectoire qui permet de créer artificiellement une situation d’apesanteur. Une étape capitale, selon Sébastien Rouquette du CNES : "On a l'impression que tout ralentit, on est zen", s'émerveille-t-il encore. 

Un remède contre le mal des transports ?

"C'est un moyen pour observer des phénomènes qu'on ne peut pas voir sur Terre", poursuit Sébastien Rouquette. Les participants ne sentent plus leur poids. Avec des électrodes posés sur des cobayes, une équipe du CNRS travaille sur des solutions au mal des transports, encore mal connu, mais qui touche plusieurs millions de Français. "On est clairement sur une situation inconnue et on va voir comment notre cerveau s'adapte à cette situation inconnue", explique le chercheur Etienne Guillaud.

Juste à côté, certains s'entraînent à faire un massage cardiaque en apesanteur, que pourraient reproduire des astronautes dans l'espace en cas de problème. "À chaque appui, on est propulsé sur le côté", indique l'un des scientifiques, qui reconnaît que dans cet exercice, la stabilisation, "c'est le plus dur". Il ajoute : "C'est très physique, ça fatigue assez vite !" 

"La gravité, c’est peut-être bien la force la plus mystérieuse de la physique"

À l’avant de l’avion, on parle physique quantique. Célia Pelluet, chercheuse au laboratoire Photonique Numérique et Nanosciences à Talence, étudie la chute des atomes, les particules qui composent la matière. Elle tente de vérifier, 400 ans après Galilée et Newton, si des objets de masse différente tombent en même temps. "La gravité, c’est peut-être bien la force la plus mystérieuse de la physique. C’est celle qui est mal comprise par les modèles théoriques", commente-t-elle.

"Deux objets de masses différentes, un marteau et une plume par exemple, s’il n’y a pas de frottement de l’air, vont subir la même accélération. Ils vont avoir la même trajectoire dans un champ de pesanteur. Et ça, ça doit être testé à un degré de précision extrêmement fin parce qu’aujourd’hui, certaines théories vont contre ce principe. On connaît la réponse à cette question jusqu’à 15 chiffres après la virgule grâce à des missions spatiales qui ont permis de faire cette mesure. Et l’idée, c’est d’aller toujours plus loin. Nous, on vise 17 chiffres après la virgule !", confie Célia Pelluet qui ajoute être fière d’apporter sa pierre "à ce grand édifice qu’est la science".

Après deux heures de vol, l'Airbus zéro-G est de retour sur Terre, avec, pour les scientifiques, des centaines de données à analyser pendant plusieurs semaines.