Eclipse solaire totale du 8 avril : une occasion très rare pour les scientifiques

Eclipse solaire totale du 8 avril : une occasion très rare pour les scientifiques
Eclipse solaire totale du 8 avril : une occasion très rare pour les scientifiques © Nicolas Economou / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP
C'est un événement scientifique assez rare pour être souligné. Le 8 avril prochain, grâce à un parfait alignement de la Lune avec le Terre et le Soleil, une éclipse totale du Soleil sera visible en Amérique du Nord. Ce sera une occasion exceptionnelle pour les chercheurs d'étudier certaines données scientifiques. 

Des millions d'Américains pourront observer lundi une éclipse totale, un phénomène rare qui attirera de nombreux touristes le long d'une diagonale traversant les États-Unis du sud au nord-est. Cet événement, qui sera aussi retransmis en direct sur internet, sera pour les chercheurs une incroyable opportunité scientifique.

Comportements animaux étranges, couronne solaire observable comme rarement, et même possibles effets sur les humains : les scientifiques seront à pied d'œuvre le 8 avril pour récolter de précieuses données durant l'éclipse solaire. 

Une couronne solaire 

Lorsque la Lune recouvrira entièrement le disque central du Soleil, la couche extérieure de son atmosphère, appelée la couronne solaire, sera visible "d'une façon très spéciale", a expliqué Pam Melroy, administratrice associée à la Nasa. Or, c'est une zone "que nous ne comprenons pas encore complètement". La chaleur de la couronne croît avec l'éloignement de la surface du Soleil, un phénomène contre-intuitif et que les scientifiques peinent à expliquer. C'est aussi dans cette région supérieure que se produisent les éruptions solaires, ou encore les proéminences, d'immenses structures de plasma.

Durant une éclipse, la partie la plus basse de la couronne est mieux visible qu'en utilisant un instrument spécifique appelé coronographe, explique Shannon Schmoll, astronome à l'Université d'État du Michigan. C'est donc une opportunité en or pour l'étudier. Une chose enthousiasme particulièrement les scientifiques : le Soleil est actuellement proche de son pic d'activité, qui revient tous les 11 ans. Ainsi, "les chances d'observer quelque chose d'incroyable sont très hautes", s'est réjoui Pam Melroy.

Quelles conséquences sur l'atmosphère terrestre ? 

Les scientifiques vont également étudier les changements dans la partie supérieure de l'atmosphère terrestre, la ionosphère. C'est par là que passe une grande partie des signaux de communications. "Les perturbations dans cette couche peuvent causer des problèmes pour nos GPS et communications", a souligné Kelly Korreck, responsable à la Nasa.

Or la ionosphère est affectée par le Soleil : ses particules se chargent en électricité sous ses radiations durant la journée. Trois petites fusées-sondes seront ainsi lancées avant, pendant et juste après l'éclipse depuis la Virginie, dans l'est des États-Unis, afin de mesurer ces changements.

La baisse de lumière provoquée par l'éclipse, plus rapide et localisée qu'un coucher de Soleil, doit permettre d'en apprendre davantage sur la façon dont la lumière affecte la ionosphère -- afin de pouvoir mieux prédire à l'avenir de potentielles perturbations problématiques.

 

Une réaction surprenante chez les animaux

Les éclipses provoquent des comportements surprenants chez les animaux : des girafes ont par exemple été vues partir au galop, ou des coqs et des criquets se mettre à chanter. En plus de la lumière, les températures et les vents peuvent aussi baisser, ce à quoi les animaux sont sensibles.

Andrew Farnsworth, chercheur au laboratoire d'ornithologie de l'Université Cornell, étudie l'effet sur les oiseaux. Il utilise des radars météo permettant de détecter les animaux en vol. Lors de la précédente éclipse aux Etats-Unis, en août 2017, les chercheurs ont observé "une baisse du nombre d'animaux en train de voler", explique-t-il.

Cette éclipse avait provoqué l'arrêt de comportements diurnes (avec des insectes ou des oiseaux se posant), mais sans susciter des comportements nocturnes comme l'envol de chauves-souris ou d'oiseaux migrateurs, détaille-t-il. Cette année, en avril, ces oiseaux pourraient être davantage poussés à migrer. Ces études sont "importantes pour comprendre la manière dont les animaux perçoivent le monde", souligne l'expert.