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Virginie Phulpin
Au terme d'un grand prix complètement fou, Max Verstappen a décroché son premier titre de champion du monde à Abu Dhabi dimanche. Pour notre éditorialiste Virginie Phulpin, la FIA (Fédération internationale de l'automobile), a privilégié le spectacle quitte à mettre de côté l'aspect sportif et le fair play.
EDITO

Est-ce que la dramaturgie compte plus que le sport en lui-même ? La Formule 1 a visiblement choisi son camp. Max Verstappen est un magnifique champion, sans contestation possible. Personne ne peut dire qu’il ne mérite pas son sacre, son premier, à 24 ans, après une saison époustouflante. Tout comme Lewis Hamilton aurait lui aussi fait un très beau vainqueur s’il avait été couronné pour la 8ème fois.

Différentes interprétations possibles des règles

Ne jouons pas les complotistes de comptoir, non, la FIA n’a pas choisi son champion. Depuis hier, les partisans de Max Verstappen et ceux de Lewis Hamilton s’écharpent en s'accusant l'un l’autre d’être avantagé. Mais soyons honnêtes, finalement, chacun à leur tour, les deux pilotes ont bénéficié de décisions qui allaient dans leur sens. Au cours de la saison et au cours de cet ultime grand prix à Abu Dhabi. Au début de la course pour Hamilton, à la fin pour Verstappen.

Le problème, c’est qu’il y a un règlement, et différentes interprétations possibles de ce règlement, ce qui limite la compréhension de la course et peut facilement laisser libre cours aux accusations de partialité. Mais la FIA n’a aucun intérêt à avantager l’un ou l’autre. Ce qui compte pour elle, c’est le duel entre les deux pilotes, leur lutte sans merci pour la victoire, leurs talents qui s’affrontent et leur inimitié qui viennent pimenter un sport revenu sous les feux de la rampe à 300 kilomètres heure.

Le spectacle, maître-mot de la fédération

 

Le spectacle, le scénario, la volonté de tenir tout le monde en haleine sont aujourd’hui les maîtres-mots de la F1. Et c’est ce qu’on a vu en fin de course. Il fallait absolument un duel pour terminer le grand prix et la saison. 

On a longtemps cru que ce grand prix allait être une balade de santé pour Lewis Hamilton. Il a été aux avant-postes pendant 53 tours, et tout le monde le voyait déjà décrocher son 8ème titre. Mais il y a eu cet accident de Latifi, l’entrée en piste de la voiture de sécurité, quatre tours au ralenti, dans une confusion totale. Des ordres et des contre-ordres au gré des réclamations de chacun. Et finalement on laisse passer les retardataires, on évacue la voiture de sécurité et on laisse Max Verstappen et Lewis Hamilton s’expliquer tout seuls, sur un seul tour. 5 kilomètres pour décider de qui sera champion.

Il faut reconnaître que cela a plus d’allure qu’un sacre à vitesse réduite derrière une "safety car". La direction de la course voulait ce duel rêvé, ce final au couteau pour conclure une saison de folie. Le directeur de course a d’ailleurs reconnu que son but était d’offrir une arrivée digne de ce nom, pour le public, pour le spectacle. Pour donner aussi l’eau à la bouche avant 2022. Il faut toujours un final haletant dans une série pour préparer la saison suivante. C’est bien une nouvelle façon d’aborder le sport.