gabart le cleac'h 1:44
  • Copié
Corinne Boulloud, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Alors que la lutte pour la victoire finale reste incroyablement intense en tête du Vendée Globe, deux anciens vainqueurs de la course, Armel Le Cléac’h et François Gabart, qui ont aussi connu un finish à suspense, racontent par quels sentiments passent les navigateurs à quelques heures de l’arrivée.
TÉMOIGNAGE

Le suspense reste total dans le Vendée Globe. A la veille de l’arrivée aux Sables d'Olonne, ils sont encore quatre, voire cinq skippers à pouvoir prétendre à la victoire finale. D’autant que les compensations horaires accordées à certains après le sauvetage de Kevin Escoffier ajoute à l’incertitude. Même Charlie Dalin, actuellement en tête, n’est pas sûr d’emporter le morceau s’il coupe la ligne d’arrivée le premier. Sur les bateaux, forcément, le stress augmente au fil des heures. Europe 1 a fait appel aux souvenirs de deux anciens vainqueurs, Armel Le Cléac’h et François Gabart, qui ont connu des situations similaires lors des précédentes éditions de l’une des plus prestigieuses courses au monde.

"Il y a beaucoup de choses qui passent par la tête"

Ces deux-là ont donc connu cette terrible sensation, cette crainte de tout perdre sur les dernières heures. Armel Le Cléac'h d’abord. Il a vécu un final serré, deuxième il y a huit ans, moins de trois heures après François Gabart, avant de connaître le bonheur de la victoire en 2017, avec 15 heures d’avance sur le second. Mais que de stress! "Moi, j'ai vécu à la fois, en 2012-2013, la position de chasseur et puis quatre ans plus tard, c'était l'inverse", raconte le navigateur breton. "Il y a beaucoup de choses qui passent par la tête parce qu'on sent que l'arrivée approche, alors qu'il y a encore du travail."

Et avec le stress, peuvent surgir les idées noires. "On sent que quelque chose va se terminer et finalement, on commence doucement à sortir de son rythme de marathonien. Donc, on commence à avoir les mauvais scénarios dans la tête, en se disant ‘j’espère que je ne vais pas démâter, j’espère que je ne vais pas taper un ofni, j'espère que je ne vais pas me prendre un bateau de pêche'", raconte encore Armel Le Cléac’h. "Et donc, il est temps que ça se termine parce qu'on commence un petit peu à sortir de sa concentration."

"C'est ça qu'on va chercher quand est sportif"

François Gabart, plus jeune vainqueur du Vendée Globe, n'a lui savouré qu'au dernier moment. "Je me suis senti à l'aise sur la ligne. C'est vraiment quelques secondes ou quelques minutes avant que je me dis ‘ça devrait le faire’", assure le Charentais. "Honnêtement, je suis toujours hyper concentré sur le bateau. Je me dis que ce n'est pas le moment où il faut faire une erreur. Et ça jusqu'à vraiment quelques secondes avant l’arrivée. C’était vraiment très, très intense."

Mais tout aussi stressants qu’ils soient, ces moments procurent aussi un grand sentiment d’exaltation. "C’est d'une intensité tellement forte que c'est ça qu'on va chercher quand est sportif", confirme François Gabart. "Finalement, c'est ces finishs super serrés, c'est cette intensité dans chaque geste qu'on fait, dans chaque manœuvre, parce qu'il y a un enjeu qui est très fort. Et c'est fabuleux de pouvoir vivre ces moments de sport."

Et une fois la ligne franchie, le vainqueur bascule dans un autre monde, emporté par une houle d'émotions, qui tranche avec la maîtrise des dernières heures.