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avec AFP // Crédits : LOIC VENANCE / AFP
Charles Caudrelier a passé ce mardi la ligne d'arrivée de l'Ultim Callenges à Brest. Le navigateur remporte la première course autour du monde en solitaire en trimaran. Le Finistérien a réalisé un quasi sans faute autour du monde à bord de son Maxi Edmond de Rothschild, malgré les conditions météorologiques difficiles. 

Après 50 jours en mer et plus de 28.000 milles (51.000 km) parcourus sur les mers du globe, Charles Caudrelier a passé mardi la ligne d'arrivée de l'Ultim Challenge à Brest, remportant la première course autour du monde en solitaire en trimaran. A 08h37, accompagné d'un magnifique levier de soleil et de nombreux bateaux venus le féliciter, il a écrit une nouvelle page de l'histoire de la navigation. "C'est un grand moment pour nous tous, pour l'équipe, pour Charles, pour notre armateur", s'est félicité mardi Cyril Dardashti, directeur général de l'écurie Gitana.

Le Finistérien, père de deux enfants et déjà vainqueur de la prestigieuse Route du Rhum en 2022, a réalisé un quasi sans faute autour du monde à bord de son Maxi Edmond de Rothschild, malgré les conditions météorologiques difficiles rencontrées sur son parcours. "Il a été monstrueux depuis le début de ce cours. On n'en doutait pas. Il a fait quelque chose d'incroyable. Il montre à ses paires qu'il est un grand marin", a souligné Dardashti. 

 

Le skipper - qui a fêté ses 50 ans lundi - a coupé la ligne, 50 jours 19 heures 7 minutes et 42 secondes après être parti de Bretagne, environ huit jours de plus seulement que le record détenu par François Gabart depuis 2017 (42 jours 16 heures 40 minutes 35 secondes), réalisé contre la montre et non en course.

"J'ai eu l'impression de devenir une machine"

Pendant son périple, Caudrelier a gardé à distance les meilleurs marins en solitaire : Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), victime de nombreuses avaries, Thomas Coville (Sodebo) et ses huit tours du monde, Anthony Marchand (Actual) ou encore Eric Péron (Adagio). Tous sont partis à bord d'Ultim, les plus grandes multicoques de course du monde, mesurant 32 mètres de long par 23 de large, capables de filtrer sur l'eau à des vitesses folles. "C'est bizarre, mais j'ai eu l'impression de devenir une machine, un robot connecté à la performance, une espèce de tueur qui ne lâche pas un mille nautique", a raconté Caudrelier, "totalement relié" à son bateau .

Seul Tom Laperche (SVR-Lazartigue) a résisté un temps à son rythme effréné. A l'approche du cap de Bonne-Espérance, le benjamin de la flotte a toutefois été obligé d'abandonner après une collision avec un objet non identifié. Malmené par la météo, mais épargné par la malchance, Caudrelier a patienté plusieurs jours aux abords du cap Horn, franchi après 30 jours de cours, puis s'est arrêté aux Açores, dans le dernier tronçon, pour laisser passer une tempête. Reparti après trois jours d'escale, reposé et bien rasé, Charles Caudrelier a terminé le périple au ralenti, bien plus obsédé par la victoire que par son temps autour du monde, en préservant au maximum son bateau fatigué.

"Drôle de course" 

"Il a fait preuve de raison et de sagesse pour préserver son bateau jusqu'au bout", a souligné lundi Pierre Hays, de la direction de course. Son premier poursuivant, Thomas Coville (Sodebo), espéré jeudi à Brest, a salué ce week-end dans un audio du bord de la performance historique de son adversaire et de l'originalité de la situation. "Drôle de course où le premier à l'opportunité de s'arrêter, d'aller à l'hôtel et d'attendre une bonne fenêtre et en bon marin de repartir au bon moment", avait-il relevé. "Mais je sais qu'il va bien gérer, bravo !", avait-il simplement ajouté.

L'exploit réalisé par Charles Caudrelier est une rareté. Depuis Alain Colas en 1974, huit marins seulement ont bouclé un tour du monde en solitaire sur un trimaran, support bien plus fragile et risqué que les monocoques du Vendée Globe. Et personne ne l'avait encore fait lors d'une course contre d'autres adversaires surmotivés.