Sébastien Ogier : "se faire plaisir derrière le volant"

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Sébastien Ogier, ici lors du gala des champions de la FIA, remet son titre en jeu au volant d'une Ford Fiesta à partir de jeudi soir. © Joe KLAMAR/AFP
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Axel May
Sébastien Ogier, quadruple champion du monde en titre, fait un saut dans l'inconnu au volant de sa Ford Fiesta lors du premier rallye de la saison, à Monte-Carlo.
INTERVIEW

Après le désistement surprise de Volkswagen en fin d’année 2016, Sébastien Ogier, quadruple champion en titre, et son copilote Julien Ingrassia, ont dû choisir dans l’urgence une autre écurie pour le championnat du monde WRC 2017. Le duo découvre encore sa nouvelle voiture, une Ford Fiesta, de l’équipe britannique semi-privée M-Sport. À l'aube de cette nouvelle saison, qui débute par le rallye de Monte-Carlo, les deux hommes se sont confiés à Europe1 et Europe1.fr.

"Sébastien Ogier, comment trouvez-vous la voiture ?
C’est encore difficile pour nous de porter un vrai jugement sur les performances de cette voiture. Mais toutes les équipes se posent des questions à l’heure actuelle. C’est une nouvelle saison qui démarre avec de nouvelles voitures qui n’ont jamais encore été vues en courses et il y a du coup beaucoup de questions pour tout le monde (une modification importante de règlement permet aux constructeurs d’engager des voitures plus rapides et impressionnantes, ndlr). Mais c’est sûr qu’on est impatients de voir les premiers chronos tomber pour savoir où on se situe.

De mauvaises conditions météos compenseraient-elles la faible expérience que vous avez de votre Fiesta ?
C’est vrai que quand les conditions sont difficiles, le matériel compte un petit peu moins et il faut avant tout faire le bon choix de pneumatiques et ne pas faire d’erreurs. L’équipage a un rôle encore plus important. Et puis, un vrai Monte-Carlo, ça se déroule dans des conditions hivernales !

C’est un rallye que vous appréciez particulièrement.
On a remporté les trois dernières éditions en championnat du monde et on avait gagné également en 2009 quand le rallye comptait pour le championnat IRC (ex-championnat des jeunes pilotes). C’est sûr, quatre victoires à Monte-Carlo, c’est plutôt bien ! C’est un rallye qui est peut-être le rendez-vous le plus important pour moi. S’il y en a un seul que je souhaite remporter dans une saison, ça reste le Monte-Carlo, car souvent les conditions sont tellement difficiles qu’en venir à bout en tant que vainqueur, c’est une satisfaction énorme. (…) En plus, depuis quelques années, le rallye est revenu faire les spéciales autour de Gap, autour de ma vallée natale, donc il y a un soutien particulier pour nous.

Pour 2017, que peut-on vous souhaiter ? Vous allez nous répondre des victoires et un nouveau titre…
D’un point de vue sportif, on aimerait évidemment continuer la série en cours avec ces quatre titres qu’on vient d’enchaîner. Mais le plus important, c’est de se faire plaisir derrière le volant. En même temps, pour se faire plaisir, quand on s’appelle Sébastien Ogier, il faut être performant, sinon le plaisir, il a du mal à être là (rires)."

Julien Ingrassia : "Le copilote a beaucoup de tâches"
Julien Ingrassia et Sébastien Ogier ont été associés pour la première fois il y a plus de dix ans, avec l'équipe de la fédération française des sports auto. Ils sont quadruples champions du monde en titre WRC.

Julien Ingrassia, en tant que copilote, ça change quoi une nouvelle voiture ?
Le copilotage est quelque chose de très intime avec mon pilote. C’est un système de notes qu’on a élaboré au fur et à mesure des années. C’est aussi le pointage, la navigation sur le road-book, savoir "refueler", connaître la pression des pneus. Le copilote a beaucoup de tâches. Effectivement, tous ces basiques-là restent. En revanche, on fait partie d’une nouvelle équipe dans laquelle il faut s’intégrer. (...) En moins d’un mois, il a fallu connaître tout le monde, les habitudes de travail et se lancer dans le grand bain !

Votre équipage fait-il peur malgré le changement de voiture ?
Peur, je ne pense pas. Il y a du respect sur ce qu’on a fait ces dernières années. (...) On a vu quelques commentaires de pilotes qui disaient chapeau à Seb d’avoir choisi Ford qui ne dispose pas du tout des mêmes moyens que les autres écuries. Du coup, si on arrive à faire de belles choses en 2017, si on arrive à gagner le championnat, je pense qu’on marquera vraiment de notre empreinte le milieu du WRC. Mais être une légende, ce n’est pas l’objectif. Ce qu’on veut, c’est se faire plaisir, se bagarrer et engranger des victoires.