Résultats sportifs, foot féminin, polémiques... Quel bilan pour Noël Le Graët à la tête de la FFF ?

Noël Le Graët
Noël Le Graët a démissionné ce mardi de son poste de président de la Fédération française de football. © FRANCK FIFE / AFP
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Romain Rouillard
Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, a présenté sa démission ce mardi matin. Fragilisé par de nombreuses enquêtes et un audit accablant pointant du doigt son comportement problématique envers les femmes, le dirigeant de 81 ans laisse derrière lui un bilan plutôt positif, quoiqu'entrecoupé de turbulences.

Un long règne a pris fin ce mardi dans les bureaux du 87, Boulevard de Grenelle dans le 15e arrondissement de Paris. Celui de Noël Le Graët, à la tête de la Fédération française de football depuis près de 12 ans. L'issue était inévitable pour le dirigeant de 81 ans, devenu inaudible et illégitime à mesure que les révélations peu glorieuses s'enchaînaient contre lui. Fragilisé par la publication d'un audit interne révélant son management toxique et des cas de harcèlement sexuel sur des salariées de l'instance, le "menhir" a donc rendu les armes dans la matinée. Malgré cette sortie de piste des plus désastreuses, le Breton laisse derrière lui un bilan plutôt positif à la tête de la "3F". Retour sur l'ère Noël Le Graët. 

Un style affirmé jusqu'à la consécration suprême

À son arrivée en 2011, le football français n'est alors qu'un vaste champ de ruines. Un peu plus d'un an auparavant, il subissait la pire humiliation de son histoire en Afrique du Sud au cours d'une lamentable Coupe du monde rendue tristement célèbre par la grève des joueurs et une piteuse élimination dès la phase de poules. Élu à la tête de l'instance le 18 juin 2011 devant l'éphémère président sortant Fernand Duchaussoy, Noël Le Graët impose son style avec célérité, guidé par un objectif : redorer le blason d'une fédération tombée en disgrâce. 

12 ans plus tard, force est de constater que l'Armoricain a gagné son pari. Après un Euro 2012 décevant, Noël Le Graët tourne la page Laurent Blanc pour introniser Didier Deschamps au poste de sélectionneur national. Un choix payant qui conduira les Bleus au sacre planétaire en 2018, deux ans après une finale disputée à domicile lors de l'Euro 2016. Sous la houlette du Bayonnais, l'équipe de France remporte également une Ligue des nations en 2021 avant d'échouer en finale face à l'Argentine lors du Mondial qatari en décembre dernier. Si cette réussite est naturellement liée au réservoir presque infini de talents qui irrigue le football français depuis plusieurs années, elle puise aussi sa source dans l'alchimie qui se construit entre "NLG" et "DD". La mise à l'écart de Karim Benzema, embourbé dans "l'affaire de la sextape" en 2015 ou encore l'échec sportif des Bleus lors de l'Euro 2021 n'ébranlent en rien l'osmose entre les deux hommes. Noël Le Graët maintient coûte que coûte sa confiance au technicien de 54 ans pour des résultats jusqu'à présent probants. 

 

Sur le volet économique, avant même sa nomination au poste suprême de la fédération, l'ancien maire de Guingamp s'emploie à assainir les comptes de l'instance. En 2010, alors qu'il en occupe la vice-présidence, il est à l'origine du contrat signé avec Nike et prolongé en 2016 qui rapporte plus de 50 millions d'euros chaque année à la FFF. En 2008, le Breton décide également d'internaliser la gestion des droits marketing et télévisés de la fédération, autrefois confiés à l'entreprise Sportfive. Une initiative hautement bénéfique pour les finances de la 3F dont les revenus décollent à vitesse grand V.

Développement du football féminin... jusqu'à la crise 

En parallèle, le dirigeant s'active pour développer le football féminin. Là-encore, le contrat est rempli puisque le nombre de licenciées a explosé sous sa présidence pour atteindre la barre des 200.000 pratiquantes. Néanmoins, l'engouement tend à s'atténuer depuis quelques années et la popularité de l'équipe de France féminine s'effrite au gré des polémiques liés aux méthodes de management de la sélectionneuse Corinne Diacre, régulièrement qualifiées de brutales. Plusieurs cadres de l'équipe - la capitaine Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto ou encore Kadiatou Diani - ont d'ailleurs claqué la porte en fin de semaine dernière. 

En soutenant mordicus la technicienne de 48 ans - dont le contrat a été prolongé l'été dernier - Noël Le Graët apparaît donc en profond décalage avec la réalité vécue par les joueuses et n'aura pas réussi à éviter cette crise majeure qui intervient à seulement quelques mois de la Coupe du monde de football féminin. Sa tendance à ne pas consulter son entourage avant de prendre des décisions d'ampleur est d'ailleurs régulièrement épinglée au sein de la 3F. Les membres du comité exécutif (Comex) ont par exemple appris en même temps que tout le monde la prolongation de contrat de Didier Deschamps jusqu'en 2026 au sortir de la Coupe du monde 2022

Si l'empreinte laissée par l'Armoricain au sein de la fédération est indéniable, sa fin de mandat vient considérablement ternir un bilan pourtant positif, qu'il est impossible d'occulter. Son image restera néanmoins noircie par ces accusations de harcèlement sexuel, ses propos méprisants à l'endroit de Zinédine Zidane ou encore son manque de clairvoyance sur des sujets de société. Une triste fin pour un dirigeant à poigne qui n'a pas su quitter la scène lorsqu'il en était encore temps.