Canal + vient de récupérer tous les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2. 1:07
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Margaux Lannuzel
Coût pour la chaîne cryptée, avenir des salariés (et des abonnés) de Téléfoot, interrogations pour l'avenir.. Invité de "Culture Médias", sur Europe 1, le journaliste Sacha Nokovitch, qui suit le dossier des droits TV du football pour "L'Équipe", répond à trois questions après que Canal+ a récupéré tous les droits vacants jusqu'à la fin de la saison.
INTERVIEW

Un dernier week-end avant de s'éteindre. Téléfoot diffusera les matches de la 24ème journée Ligue 1, samedi et dimanche, puis elle passera le relais à Canal+. La chaîne cryptée - qui co-diffusera le "Classique" OM-PSG dès dimanche soir - vient en effet de récupérer tous les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2 délaissés par le groupe espagnol Mediapro. Un rebondissement suivi par le journaliste Sacha Nokovitch, de l'Équipe, qui décrypte ses enjeux au micro de Philippe Vandel dans Culture Médias.  

Combien Canal+ a-t-elle dépensé ? 

La chaîne a réglé "ses trois dernières échéances jusqu'à la fin de la saison pour la Ligue 1, soit 165 millions d'euros", auxquels viennent s'ajouter "35 millions d'euros pour les huit matches de Ligue 1" vacants, selon Sacha Nokovitch. Quant à la Ligue 2, Canal+ ne paie pas de droits, mais prend en charge les coût de production, "ce qui représente 11 millions d'euros" - des discussions pourraient être menées avec beIN Sports afin de "sous-traiter" la deuxième division à la chaîne Qatarie. À titre de comparaison, le groupe Mediapro s'était engagé à hauteur de 830 millions par saison pour les 16 matches de Ligue 1 et de Ligue 2. 

L'opération est donc très positive pour Canal+. Suffisamment pour améliorer l'image de la chaîne après le scandale qui a suivi les licenciements de Sébastien Thoen et Stéphane Guy en décembre ? "La rédaction des sports a été bousculée. On sait que Vincent Bolloré est intervenu sur ces choix", explique Sacha Nokovitch. Mais "Vincent Bolloré était aussi à la manœuvre ces derniers jours, avec Maxime Saada [président du directoire de Canal+, ndlr] pour prendre les décisions. Ils ont certainement redoré un peu leur image."

Qu'advient-il des abonnés et des salariés de Téléfoot ? 

"Les abonnés ont reçu dès hier soir un mail de la chaîne Téléfoot qui les a informés qu'elle reviendrait dans les prochaines heures, voire les prochains jours sur les modalités de désabonnement et de remboursement éventuel de ce qu'ils ont payé jusqu'à aujourd'hui", répond le journaliste de l'Équipe. "Éventuel", car un flou demeure pour ceux qui avaient payé à l'année, à qui aucune procédure claire n'a encore été proposée. 

La fin de la chaîne est aussi synonyme de conséquences sur l'emploi, pour "une cinquantaine de personnes qui travaillent à la rédaction et une cinquantaine à la production" de Téléfoot. "Mediapro France existait avant Téléfoot", nuance toutefois Sacha Nokovitch. "Elle pourrait trouver des activités de production par ailleurs. Mais pour la rédaction pure, ils vont malheureusement être sur le marché."

Qui va diffuser les matches en septembre prochain ? 

C'est LA grande question qui se pose, car la solution trouvée ne vaut que pour quatre mois, jusqu'à la fin de la saison.  "Il y a deux options", selon Sacha Nokovitch. Soit la LFP "lance le gré à gré [une transaction négociée sans intermédiaire, ndlr] d'ici la fin de l'année, notamment avec Canal+, mais aussi d'autres acteurs". Ces acteurs pourraient être Amazon et Discovery, qui ont manifesté leur intérêt pour le championnat français. "Mais il faut s'assurer que les 330 millions d'euros payés par Canal le soient toujours par la suite."

La deuxième option consiste à "relancer un appel d'offres complet". Mais là encore, la LFP devrait obtenir des garanties quant au respect d'un prix minimum. Si le montant du prix plancher de l'appel d'offres infructueux tenté par les dirigeants du foot français fin janvier est resté secret, "on sait qu'Amazon est l'acteur le plus dangereux et jusqu'à présent ils n'ont pas mis plus de 100 millions sur des droits en Europe", affirme le journaliste de l'Équipe. "Je ne vois pas pourquoi ils auraient pu mettre plus aujourd'hui."