JO : la natation et l'athlétisme, deux chantiers majeurs pour la France avant Paris 2024

Wattel Martinot Lagarde montage JO Tokyo
Marie Wattel (à gauche) et Pascal Martinot-Lagarde n'ont pas réussi à décrocher une médaille à Tokyo. © Photos AFP
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Gauthier Delomez, avec AFP , modifié à
Si la France a performé dans les sports collectifs, avec trois médailles d'or, le bilan est beaucoup plus inquiétant en natation et en athlétisme à trois ans des Jeux de Paris 2024. Avec seulement deux médailles dans les deux disciplines les plus pourvoyeuses, la délégation tricolore a du travail devant elle pour renouer avec les bons résultats.

C'est le talon d'Achille de la délégation française aux Jeux olympiques de Tokyo. La natation et l'athlétisme n'ont apporté à la France que deux médailles, en argent, grâce à Florent Manaudou (2e du 50 m nage libre) et Kevin Mayer (2e du décathlon). Mis à part ces performances épisodiques, c'est le vide côté tricolore, que ce soit dans le centre aquatique de Tokyo ou le Stade olympique, dans ces disciplines les plus pourvues en médailles.

Un résultat famélique que les fédérations françaises de natation et d'athlétisme n'avaient plus connu depuis les Jeux de Sydney en 2000. Elles comptent désormais sur la relève tricolore pour redresser la barre à l'aube des JO de Paris en 2024. Si, pour la natation, les jeunes talents semblent pouvoir éclore au meilleur des moments, c'est plus compliqué du côté de l'athlétisme, qui se cherche une jeune génération prometteuse.

En natation, la relève attendue de pied ferme

Avec une seule médaille, la natation française a connu un bilan décevant à Tokyo. Florent Manaudou à part, les nageurs installés côté français n'ont pas brillé. Ils sont trois en particulier à avoir nagé loin de leur meilleur niveau : Charlotte Bonnet, championne d'Europe 2018 du 200 m, Mehdy Metella, médaillé de bronze mondial 2017 du 100 m, et David Aubry, médaillé de bronze mondial 2019 du 800 m. Ce n'est pas vraiment une surprise : tous naviguaient à vue ces derniers mois, entre blessures et méformes. Ils n'ont pu permettre aux relais de glaner une médaille dans ces Jeux.

Toutefois, la natation tricolore peut porter ses espoirs sur ses jeunes talents. Sa jeune génération a goûté l'eau olympique cet été, et si elle ne s'est pas imposée, elle a laissé de belles promesses pour les Jeux de Paris 2024. Le premier d'entre eux, Maxime Grousset (22 ans), est le seul à être passé tout proche d'une médaille en terminant 4e du 100 m, derrière le trio intouchable Dressel-Chalmers-Kolesnikov. Le Toulousain Léon Marchand, 19 ans, s'est invité en finale de l'exigeant 400 m quatre nages (6e). Même résultat pour Marie Wattel (24 ans), 6e de la finale du 100 m papillon, qui aligne les performances de haut niveau.

S'ils n'ont pas décroché de finales, d'autres jeunes nageurs tricolores ont battu leur record personnel dans ces Jeux, à l'image de Yohann Ndoye-Brouard sur le 100 m dos, ou Cyrielle Duhamel sur le 200 m quatre nages. Une montée en puissance qui augure du bon pour la quinzaine parisienne, dans trois ans.

La remise en question de l'athlétisme tricolore

Si la natation amorçait un déclin à partir des Jeux de Rio (trois médailles contre sept en 2012 à Londres), l'athlétisme français a pris un véritable coup de bambou à Tokyo. Les six médailles récoltées au Brésil semblent déjà loin alors que l'argent du décathlonien Kevin Mayer, la seule médaille française de l'athlétisme, sonne également comme une déception pour celui qui visait le titre olympique. Le président de la fédération française d'athlétisme (FFA), André Giraud, explique ces faibles performances avant tout par "un manque de réussite". Le dirigeant met ainsi en avant les blessures qui ont handicapé les principales chances tricolores durant les Jeux : Renaud Lavillenie à la perche, Wilhem Belocian sur 110 m haies ou Pascal Martinot-Lagarde également sur 110 m haies.

Mais il y a d'autres paramètres inquiétants à trois ans des Jeux de Paris. Sur les 65 athlètes au départ des compétitions, seuls huit d'entre eux sont parvenus en finale de leur discipline. Au sprint, aucun successeur à Jimmy Vicaut n'a vu le jour à Tokyo. Les jeunes espoirs Jimmy Gressier (24 ans) au 5.000 m ou Gabriel Tual (23 ans) sur le 800 m n'ont montré que le bout de leur nez en finale, sans jouer les premiers rôles. Deux ans après le fiasco de des championnats du monde de Doha (deux médailles, aucun titre), la fédération d'athlétisme risque encore de se faire taper sur les doigts. Claude Onesta, le manager de la haute performance à l'Agence nationale du sport, parle d'un "bilan sans concessions" pour la FFA.

Pour Quentin Bigot néanmoins, 5e de la finale du lancer de marteau, ce bilan famélique est "la faute des athlètes, pas de la fédération" qui avait fourni "tout ce qu'il faut pour progresser". Son homologue Alexandra Tavernier (27 ans) est la seule représentante tricolore à avoir échoué au pied d'une médaille, en glanant la 4e place du concours final. Une performance qui reste porteuse d'espoir pour la Haut-Savoyarde.

En conclusion, un tableau pas si noir ?

Ces Jeux olympiques de Tokyo ont été l'occasion de mettre en lumière les failles de la natation et de l'athlétisme français, à trois ans du rendez-vous majeur des Jeux de Paris. Les deux disciplines les plus pourvues en médailles n'en ont rapporté que deux à la délégation française. Mais tout n'est pas négatif pour autant. Les jeunes talents de la natation vont s'étoffer et possèdent les qualités pour briller au grand jour. En athlétisme, la mission semble plus complexe, mais les retours en forme des "anciens" et l'affirmation de la nouvelle génération pourraient porter ses fruits en 2024.