«Je ne suis pas pour les quotas» : l'arbitre de foot Stéphanie Frappart privilégie les compétences à la parité

Stéphanie Frappart est devenue la première femme à arbitrer un match de phase finale de Coupe du monde lors du Mondial au Qatar
Stéphanie Frappart est devenue la première femme à arbitrer un match de phase finale de Coupe du monde lors du Mondial au Qatar © AFP
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Jean-Baptiste Sarrazin , modifié à
Invitée exceptionnelle des Décideurs du Sport dans l'émission "Europe 1 Sport", l'arbitre de football Stéphanie Frappart a dévoilé les secrets de sa réussite. De l'arbitrage amateur à la Coupe du monde au Qatar, la native du Plessis-Bouchard s'est donnée les moyens de réussir et refuse toute idée de quotas dans le monde arbitral.

Aujourd'hui reconnue au niveau mondial, l'arbitre de footballStéphanie Frappart a livré en exclusivité les secrets de sa réussite dans les Décideurs du Sport. Considérée comme l'une des meilleures arbitres au niveau international, cette dernière n'a pas caché son investissement personnel pour parvenir à un tel niveau. Elle est devenue en décembre 2022 la première femme à arbitrer un match en phase finale de la Coupe du monde masculine. 

Au micro de Jacques Vendroux, Stéphanie Frappart a avoué être contre les quotas. Dans un contexte sociétal où la parité est privilégiée dans les effectifs, Stéphanie Frappart assume rejeter cette idée. Celle qui ne se considère "pas comme féministe" n'est pas "pour avoir plus de femmes si elles n'en ont pas les compétences." L'arbitre de foot souhaite en revanche "qu'on puisse donner une chance aux femmes de pouvoir montrer qu'elles ont des qualités." Une philosophie qui correspond parfaitement aux valeurs qu'incarnent Stéphanie Frappart : le travail, la rigueur et la persévérance.

Une vocation durant l'enfance

C'est à l'âge de dix ans que Stéphanie Frappart décide de prendre le sifflet. Alors en club, la curiosité de la jeune joueuse la pousse à se plonger dans le règlement du football. "J'ai voulu apprendre les règles, comprendre l'essence du foot. C'est à ce moment-là que j'ai décidé d'aller vers mon district. J'ai fait une formation théorique et j'ai commencé à arbitrer", retrace l'arbitre professionnelle de 39 ans.

Et ça marche. Adolescente, la carrière de la future "reine de l'arbitrage" se dessine. "Je me suis retrouvé tout de suite sur des matches de benjamins et de poussins sur du foot à 7. J'ai tout de suite été au cœur du jeu et ça m'a plu", se remémore celle qui a été élue meilleure arbitre au monde en catégorie féminine en 2019 et 2020.

Bienveillance

Passionnée, le travail paye pour Stéphanie Frappart qui monte alors rapidement les échelons. "J'ai parcouru tous les niveaux, de la CFA 2 (actuellement National 3), de la CFA (actuellement National 2) puis la Ligue 2" où elle officie durant cinq saisons. Et puis, "la Ligue 1 s'est ouverte naturellement", retrace-t-elle, lors d'un Strasbourg-Amiens. C'était un dimanche 28 avril 2019. Stéphanie Frappart a alors 35 ans. Elle devient la première femme à arbitrer un match de Ligue 1.

"C'est là que ça a changé en termes de notoriété. La Ligue 1, c'est la lumière", assure celle qui a grandi au Plessis-Bouchard dans le Val-d'Oise. Un changement de cap et de notoriété pour celle qui faisait initialement de l'arbitrage une passion. La consécration intervient lorsqu'elle est désignée, l'hiver dernier, arbitre d'un match de phase finale lors de la Coupe du monde 2022. Une consécration pour celle dont "l'objectif est de prendre du plaisir sur le terrain."

Responsabilités

"Le regard des gens a changé, mais c'est toujours dans la bienveillance", affirme Stéphanie Frappart. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle en oublie ses responsabilités et sa rigueur qui l'ont faites évoluer à un tel niveau. "On a 400-500 décisions dans un match, parce que quand on ne décide pas, ça reste une décision. Dès qu'on rentre sur le terrain, on sait qu'on va décider de plein de choses. Arbitrer, c'est à la fois être concentré mais aussi être mentalement très fort parce qu'on se retrouve dans des situations pas faciles à gérer", analyse l'arbitre professionnelle.

Des responsabilités, Stéphanie Frappart en aura à l'occasion du match Marseille-Toulouse dimanche soir. Un match important pour la suite de la saison de l'OM et qui sera à vivre en direct et en intégralité dans Europe 1 Sport (tous les soirs de 20 heures à 23 heures).