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Virginie Phulpin
Pour notre éditorialiste Virginie Phulpin, les joueurs de football doivent s'impliquer davantage en faveur de la lutte contre l'homophobie dans les stades.

Alors que le match Nice-Marseille a été interrompu une dizaine de minutes mercredi suite au déploiement d’une banderole homophobe, la Ligue de Football annonce l’organisation, le 5 septembre, d’une réunion autour de la lutte contre l’homophobie dans les stades. Nécessaire, mais pas forcément suffisant, pour notre éditorialiste Virginie Phulpin.

"J’ai d’abord envie de me réjouir. Enfin, on prend le problème dans le bon sens. Les associations de lutte contre l’homophobie et les associations de supporters vont se rencontrer, se parler, débattre. C’est par là que l’on aurait dû commence. D’ailleurs, la présidente de la Ligue reconnaît qu’il n’y a pas eu assez de concertation. C’est le moins que l’on puisse dire.

La ministre des Sports a fait de la lutte contre l’homophobie dans les stades quasiment une cause nationale. Et elle a raison, c’est un vrai problème dans le foot, alors regardons le en face. Mais la façon dont il a été traité depuis le début de la saison, avec les interruptions de match sans consignes claires ni dialogue préalable, n’est manifestement pas la bonne. On n’a jamais vu autant de banderoles homophobes que depuis qu’on essaie de lutter contre. Il y a une espèce de petit jeu malsain qui se met en place, des groupes de supporters qui passent leur semaine à réfléchir à quelle formule insultante ils vont employer pour faire « plus fort » que les autres. Donc si on peut repartir sur des bases saines, j’applaudis, oui. 

Établir des règles claires

J’espère que ça n’est pas juste un coup de com' de la part de la Ligue. Regardez, on a organisé une réunion, et puis les joueurs vont porter un brassard arc en ciel, on agit. » Non, c’est un vrai travail de fond pour changer les mentalités, ça va demander du temps. Les supporters doivent pouvoir s’exprimer, mais ils doivent aussi prendre conscience que leurs mots peuvent blesser, même s’il n’y a pas toujours d’intention homophobe. Et à partir du moment où le dialogue va être ouvert, est-ce qu’on applique la même politique d’interruptions de matches ? Tout ça reste très flou. On le reconnaît d’ailleurs à la Ligue, les arbitres et les dirigeants de clubs agissent un peu à tâtons parce qu’ils n’ont pas eu vraiment de marche à suivre. 

Intégrer les joueurs à la lutte contre l’homophobie

L’homophobie dans le foot n’est pas juste un problème de supporters. Vous en connaissez beaucoup, vous, des joueurs qui ont fait leur coming out par exemple ? Non. Donc il faudrait peut-être que les acteurs du jeu soient aussi investis dans cette lutte contre l’homophobie. Quand Antoine Griezmann fait la Une du magazine gay Têtu, il participe à l’évolution des mentalités. Mais c’était une initiative personnelle. Maintenant il va falloir coordonner les initiatives et trouver quel rôle les joueurs peuvent avoir dans ce dossier. Sans les acteurs du foot, j’ai peur qu’on n’y arrive pas."