Coupe du monde 2022 : Lukaku, ou le grand gâchis de la Belgique

Lukaku était inconsolable : la tête enfouie dans son maillot, il est allé pleurer dans les bras de Thierry Henry, le buteur légendaire des Bleus
Lukaku était inconsolable : la tête enfouie dans son maillot, il est allé pleurer dans les bras de Thierry Henry, le buteur légendaire des Bleus © AFP
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avec AFP
Raté, raté, et encore raté ! Multipliant les occasions gâchées jeudi avec la Belgique, Romelu Lukaku a manqué dans les grandes largeurs son rendez-vous avec la Coupe du monde au Qatar, incapable de concrétiser ses occasions contre la Croatie et d'empêcher l'élimination de la génération dorée belge (0-0).

Romelu Lukaku pourra s'en mordre les doigts. L'attaquant de la Belgique aura pourtant eu une multitude d'occasion pour marquer face à la Croatie...en vain. Après son 0-0 face aux Croates, les Diables Rouges sont bels et bien éliminés de la Coupe du monde de football 2022.

Ces opportunités en pagaille, le géant belge n'a pas réussi à les pousser au fond, parfois dans l'incompréhension générale. Au point que l'avant-centre (29 ans), arrivé au Qatar diminué par une blessure à la cuisse, n'a semblé que l'ombre de lui-même et repart avec un immense sentiment de gâchis.

Occasion manquée

Lukaku, demi-finaliste du Mondial 2018 avec les Diables rouges, aurait pourtant dû être une des têtes d'affiches de la Coupe du monde quatre ans plus tard. Mais le géant de l'Inter Milan, attaquant "prolifique" susceptible d'instiller "la peur" chez l'adversaire (dixit Kevin De Bruyne), a heurté le poteau croate et manqué plusieurs occasions immanquables de sauver la Belgique, après être entré à la pause.

"Oui, il a raté des occasions mais je ne pense pas que ce soit de sa faute", l'a défendu son jeune équipier Jérémy Doku. Lukaku a quitté le terrain en enfouissant sa tête dans son maillot, aussitôt consolé par Thierry Henry, adjoint du sélectionneur Roberto Martinez, et plusieurs autres membres du staff belge... Et, frustré et en colère, l'attaquant a donné un grand coup dans l'armature du banc de touche.

 

Spleen

Ce match aura été un beau résumé de la saison de Lukaku, rageante et inachevée : au stade Ahmad bin Ali, il a fallu encore patienter pour voir à l'oeuvre Lukaku, remplaçant au coup d'envoi, comme lors de la défaite 2-0 contre le Maroc, où il n'était entré qu'à la 81e minute (2-0).

C'est que le meilleur buteur de l'histoire de la sélection belge (68 buts) est arrivé au Qatar en traînant son spleen et sa blessure lancinante à l'ischio-jambier gauche. Blessé en août avant de rechuter début novembre, il a atterri à Doha sur une seule jambe, jugé "médicalement inapte" par son sélectionneur Roberto Martinez, et était probablement trop juste pour tenir 90 minutes.

Mais la Belgique avait l'espoir de le récupérer au plus vite, tant le jeu des Diables a paru désertique sans l'avant-centre de l'Inter Milan pour fixer les défenses et terminer les actions. Alors, puisque les Belges étaient au bord de l'élimination jeudi, Martinez a lancé "Big Rom" à la pause.

 

"On ne peut pas lui en vouloir"

"Sur le plan médical, il n'était pas apte à commencer le match et je pense que vous l'avez vu. Nous l'avons utilisé en fin de match où il y avait plus d'espaces, il s'est bien déplacé mais n'a pas marqué malheureusement", a résumé le technicien espagnol, qui a annoncé au passage son départ de la sélection.

Avec Lukaku sur le terrain, on a tout de suite vu la différence : l'entrée d'un vrai avant-centre, puissant et précieux dans les remises, a transfiguré le match. Mais lorsqu'on n'a pas joué depuis si longtemps, avec seulement une grosse demi-heure de compétition dans les jambes depuis cet été, comment retrouver au plus vite les réflexes et la confiance du buteur ?

"Je ne dirais pas que c'est l'anti-héros car il est là pour les occasions, il les crée aussi, il donne, il garde la balle, il pèse", a souligné le latéral Timothy Castagne. "Peut-être que s'il n'est pas là, on n'a pas ces occasions-là. Je pense qu'on ne peut pas lui en vouloir, il a tout donné, il a essayé. Si ça ne rentre pas, ça ne rentre pas."

L'air hagard, Lukaku a sans doute dû se demander comment il avait pu manquer l'immanquable, incarnant à lui seul les déboires de la génération dorée belge, jamais récompensée d'un titre digne de son talent...