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Axel May, avec AFP , modifié à
Novak Djokovic, menacé d'expulsion par l'Australie, qui a annulé son visa, a obtenu un sursis jusqu'à lundi, mais s'apprêtait jeudi à passer sa deuxième nuit en rétention, nouvel épisode d'une saga rocambolesque qui a viré à l'incident diplomatique. Le tennisman a reçu le soutien de sa famille, de ses fans sur place mais aussi du président serbe.

Le Serbe, arrivé mercredi soir à Melbourne dans l'espoir de participer à l'Open d'Australie, a intenté un recours en justice contre l'annulation de son visa. Christopher Tran, un avocat du gouvernement, a déclaré au cours d'une audience jeudi devant un juge que le gouvernement ne prévoyait pas d'expulser le joueur avant une nouvelle audience prévue lundi.

Manifestations de soutien

Au cours d'une première audience jeudi devant un juge de Melbourne, un avocat du gouvernement a indiqué que l'expulsion n'interviendrait pas avant une autre audience prévue lundi. Le juge Anthony Kelly, devant lequel s'est déroulée l'audience de jeudi, a averti que la justice suivrait son cours sans précipitation et sans se laisser influencer par la polémique. "Le cavalier ne se laissera pas mener par sa monture", a-t-il averti.

Une poignée hétéroclite de supporters, des Serbes, agitant des drapeaux, des anti-vaccins ou encore des défenseurs des migrants se sont rassemblés jeudi devant le Park Hotel de Melbourne, une installation controversée utilisée par le gouvernement pour retenir des personnes en situation irrégulière, et où Djokovic est supposé se trouver. Sur place, en début de nuit des fans du joueur ont crié "Liberté pour Djokovic".

21 personnes ont attrapé le Covid dans cet hôtel 

Cet hôtel, devant lequel se déroulent régulièrement des manifestations, a mauvaise réputation. Un incendie y a éclaté en décembre, forçant son évacuation. Des personnes retenues se sont plaintes sur les réseaux sociaux, photos à l'appui, de trouver des asticots et des moisissures dans la nourriture. En octobre, 21 personnes y ont contracté le Covid-19.

"Pourquoi ne lui avoir rien dit avant qu'il vienne en Australie ? Pourquoi maintenant ? J'ai beaucoup de questions. (...) J'aime l'Australie mais ce que vous faites maintenant, c'est une honte pour vous", s'est emportée Gordana, une Serbe ayant vécu 26 ans en Australie, auprès de l'AFP. Djokovic était tout sourire pour annoncer son départ pour Melbourne sur Instagram mardi. Mais le Serbe, qui s'était opposé à la vaccination obligatoire et dont le statut vaccinal est inconnu, a finalement déchanté.

Son visa a été annulé, les autorités expliquant qu'il n'avait pas fourni les bons éléments. Le sort réservé à "Djoko" est très mal passé du côté de la Serbie. Son président Aleksandar Vucic a écrit sur Instagram que "toute la Serbie était avec lui (Djokovic)" et que "les autorités prenaient toutes les mesures nécessaires pour que le mauvais traitement du meilleur joueur de tennis du monde cesse aussitôt que possible".

Le quotidien serbe Informer a titré en Une "une honte" : "Le plus grand scandale de tous les temps ! Le meilleur joueur de tennis de la planète sera déporté d'Australie." Djokovic était déjà dans le collimateur de la classe politique australienne après l'annonce de sa dérogation médicale pour participer à l'Open d'Australie.

La réaction de Rafael Nadal

L'Espagnol Rafael Nadal, qui a contracté le Covid le mois dernier malgré deux doses de vaccin, a exprimé peu de sympathie pour son rival serbe. "Si vous êtes vacciné, vous pouvez jouer l'Open d'Australie et partout, et à mon avis le monde a suffisamment souffert pour ne pas respecter les règles", a déclaré Nadal. Djokovic "a pris ses propres décisions, et tout le monde est libre de prendre ses propres décisions, mais ensuite il y a des conséquences", a-t-il ajouté. "S'il a une exemption, alors il devrait être ici. Si quelque chose a cloché avec ses papiers et qu'ils ne l'ont pas laissé entrer, eh bien cela arrive parfois", a pour sa part philosophé le Russe Daniil Medvedev. "J'ai eu beaucoup de problèmes de visa dans ma carrière", a-t-il confié.

Déjà vainqueur de 20 Grands Chelems, comme Roger Federer et Rafael Nadal, Novak Djokovic visait un 21e titre record à l'Open d'Australie, un tournoi qu'il a gagné neuf fois. Depuis des mois, "Nole" laissait planer le doute sur sa participation en raison de l'obligation de se vacciner contre le Covid-19 pour entrer en Australie.

Djokovic contre la vaccination obligatoire

Djokovic s'était exprimé dès avril 2020 contre la vaccination obligatoire. "Personnellement, je ne suis pas pour les vaccins. Je n'aimerais pas que quelqu'un m'oblige à me faire vacciner pour voyager", avait-il affirmé. Il avait finalement annoncé mardi avoir obtenu une dérogation médicale lui permettant de faire le voyage en Australie. La réglementation du pays prévoit ce type de dérogation dans de rares cas.

L'entraîneur de Djokovic, Goran Ivanisevic, a publié sur Instagram une photo de lui et d'autres membres de son staff en train de patienter à l'aéroport pendant que le joueur était questionné par les services d'immigration.

La famille de Djokovic virulente contre le gouvernement australien

Jeudi après-midi, la famille de Novak Djokovic a tenu une conférence de presse très virulente contre le gouvernement australien, estimant que le numéro un mondial était retenu comme un prisonnier. Le père du joueur, Srdjan Djokovic, a insisté devant les manifestants à Belgrade sur le fait qu'il demandait "un soutien (à son fils), pas de la violence". "Jésus a été crucifié et soumis à beaucoup de choses, mais il a tenu et est encore vivant parmi nous. Novak est lui aussi crucifié de la même manière, lui le meilleur sportif et homme du monde. Il tiendra bon", a estimé Djokovic senior.