Tennis : l'exemption de Novak Djokovic est un scandale !

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Virginie Phulpin
La dérogation médicale accordée à Novak Djokovic pour qu'il participe à l'Open d'Australie suscite des réactions indignées dans le pays. Le tennisman n'a en effet jamais communiqué sur son statut vaccinal. Pour l'éditorialiste sport d'Europe 1, Virginie Phulpin, cette inégalité de traitement va poser problème.
EDITO

Novak Djokovic va bien participer à l’Open d’Australie de tennis. Le numéro 1 mondial a annoncé qu’il bénéficiait d’une exemption médicale. Cela signifie qu’il n’est pas vacciné, comme c’est normalement obligatoire pour le tournoi, mais qu’il a obtenu une dérogation. Le joueur devra donc expliquer les raisons de cette exemption. L'éditorialiste sport d'Europe 1, Virginie Phulpin, revient mercredi sur cet évènement et explique que rien ne l'y oblige, théoriquement.

L'inégalité de traitement qui fait grincer des dents

"Djokovic peut en effet dégainer l’argument du secret médical, et personne ne pourra rien dire. Sauf que si le joueur choisit cette option là, cela promet une ambiance délétère à Melbourne. Et ça a commencé dès mardi. Un journal australien a titré en Une "Are you Djoking ?", comprendre, "C’est une blague ?" avec un jeu de mots, vous l’aurez compris, entre le mot Joke, blague, et Djokovic. Les Australiens ont de quoi être un peu remontés. Cela fait deux ans que les habitants de Melbourne enchaînent les confinements les plus longs et les plus durs de la planète. Et ils ont un peu de mal avec le deux poids deux mesures.

L’inégalité de traitement, c’est aussi ce que ressentent beaucoup de seconds couteaux du circuit. Les non-vaccinés qui ne se sont pas vus accorder de dérogation, ceux qui se sont vaccinés justement pour pouvoir participer, et ceux qui trouvent qu’être numéro 1 mondial, ça offre quand même pas mal de passe-droits. Evidemment que c’est l’image que ça donne ! Comme s’il y avait un règlement pour le tout-venant, et un autre pour les puissants.

Cinq cas justifient une exemption médicale

Les organisateurs de l’Open d’Australie avaient tout intérêt à faire venir le numéro 1 mondial, on l’a bien compris. Il peut écrire l’histoire à Melbourne. S’il gagne, il aura 21 titres du Grand Chelem, un de plus que Nadal et Federer. Autant vous dire que le tournoi est un peu plus vendeur avec Djokovic que sans lui. Mais s'il veut éviter d’être hué sur le court, il doit donner des explications.

Cinq cas peuvent conduire à une exemption médicale : avoir eu une maladie cardiaque au cours des trois derniers mois, avoir subi une intervention chirurgicale majeure dans cette même période, avoir des troubles de la santé mentale, avoir subi des conséquences physiques graves après une première injection, avoir eu le Covid depuis le 31 août. 

Bon courage à Novak Djokovic pour avoir une explication crédible. Mais c’est possible, après tout. Peut-être a-t-il eu le Covid dernièrement. Dans ce cas-là pourquoi n'a-t-il rien dit ? Cela aurait désamorcé toute la polémique et aurait été plus malin que de laisser son père accuser l’Open d’Australie de chantage comme il le fait depuis des semaines. Bizarre.

Ce qui est pénible dans cette histoire, c’est qu’en soi, voir le numéro 1 mondial à Melbourne, ça devrait être une excellente nouvelle. Mais en réalité, on démarre juste l’année avec des divisions et un climat malsain en plus. Novak Djokovic va peut-être dépasser Federer et Nadal au nombre de titres du Grand Chelem dans deux semaines. Mais s’il ne crève pas très vite l’abcès de cette exemption difficile à comprendre, il restera le mal aimé. Et ce sera difficile de le plaindre.