Claude Evin 3:11
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Romain David
Alors que les sénateurs proposent d'assouplir la loi qui porte son nom, et qui interdit la publicité et la vente d'alcool et de tabac dans les enceintes sportives, Claude Evin, ancien ministre de la Santé, a estimé vendredi au micro d'Europe 1 qu'assurer le financement du sport via la promotion de produits néfastes pour la santé était "incohérent".
INTERVIEW

Un rapport du Sénat propose d’assouplir la loi Evin qui interdit notamment la vente et la publicité pour les boissons alcoolisées et les cigarettes dans les enceintes sportives. Cette mesure permettrait d’attirer vers les clubs, durement frappés par l’arrêt des compétitions à cause de la crise sanitaire, des marques d’alcool ou de tabac, et pourrait générer entre 30 et 50 millions d’euros de revenus par club et par an, selon une estimation de 2017, également réalisée par les sénateurs.

"Au regard de la situation que nous connaissons, vous imaginez le slogan ? Pour aider le sport buvez de l’alcool !", a raillé vendredi au micro d’Europe 1 Claude Evin, l’ancien ministre de la santé de François Mitterrand, à l’origine du texte qui porte son nom.

Une proposition "incohérente"

"La loi que j’ai présentée réglemente la publicité, c’est-à-dire interdit de faire de la publicité dans n’importe quelle condition pour vanter un produit dont on sait qu’il est néfaste pour la santé", rappelle l’ancien socialiste. "Elle interdit aussi de mélanger, toujours en matière de publicité, le sport et l’incitation à la consommation d’alcool." Même s’il estime que le texte qu’il avait fait adopter en 1991 a déjà été "considérablement modifié" au fil des années, Claude Evin considère qu’un nouvel assouplissement serait un contre-sens.

"Il y a des mesures d’aides aux clubs sportifs à prendre, concède-t-il, mais celle qui consiste à dire : ‘consommez de l’alcool, c’est ça qui sauvera les activités sportives’ est incohérente."

Pas de boisson de plus de 18°

Le rapport sénatorial divulgué mercredi nuance notamment le risque de débordements liés à la vente d’alcool dans les stades. "Les circonstances ont changé du tout au tout depuis une vingtaine d'années. La violence dans les stades a été largement jugulée et le public canalisé", peut-on lire. Il prévoit également de ne pas commercialiser de boissons dont le degrés d’alcool est supérieure à 18°. Enfin, un point d’étape serait réalisé à l’issue de la première saison ayant vue cette assouplissement entrer en vigueur.