Sochaux y a été un peu fort

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Thomas SINIECKI , modifié à
Sans jamais renier ses valeurs, et avec un effectif a priori limité, Sochaux a pratiqué un des meilleurs jeux de Ligue 1 et fini 5e du championnat. Qualifiés pour la Ligue Europa, les Doubiens vont vite être confrontés au même problème que Lille, mais dans des proportions plus importantes encore: comment garder ses meilleurs éléments, alors même que Francis Gillot veut partir ?

Sans jamais renier ses valeurs, et avec un effectif a priori limité, Sochaux a pratiqué un des meilleurs jeux de Ligue 1 et fini 5e du championnat. Qualifiés pour la Ligue Europa, les Doubiens vont vite être confrontés au même problème que Lille, mais dans des proportions plus importantes encore: comment garder ses meilleurs éléments, alors même que Francis Gillot veut partir ? Ce n'est pas que ce soit trop beau pour être vrai, mais pas loin. Sochaux a fini 5e de Ligue 1 à la surprise générale et s'est donc qualifié pour la Ligue Europa. Mais il est fort probable que les Doubiens aient du mal à rééditer leur performance. Emmenés par un inattendu mais terriblement efficace quintette offensif Maurice-Belay-Boudebouz-Martin-Maïga-Ideye, les hommes de Francis Gillot n'ont jamais dérogé à leurs principes de jeu. 10e avec 12 points de retard sur Rennes après la 30e journée, le FCSM a terminé son championnat en trombe avec six victoires et deux nuls. Le problème, c'est que parmi les éléments majeurs, personne ne devrait rester, ou presque. Lorsqu'on sait que Lille sera déjà bien en peine pour conserver ses meilleurs éléments, il est assez simple d'imaginer ce qui risque d'arriver à Sochaux, un club essentiellement formateur et aux moyens très limités. Le syndrome Lorient, en quelque sorte... Sauf que les Merlus, eux, conservent Christian Gourcuff saison après saison. Et Francis Gillot, lui, veut partir. A Bordeaux. "Mon souhait, c'est de partir, je n'ai pas envie de faire l'année de trop après trois saisons et demie. Je vais quitter beaucoup d'amis mais j'ai la sensation que c'est le moment. Je me suis fixé sur Bordeaux." Pas franchement le meilleur exemple pour retenir ses joueurs. Gillot ne croyait pas si bien dire Lille, Dortmund et même Lyon sont sur les rangs pour enrôler Marvin Martin, largement meilleur passeur de Ligue 1 avec 17 offrandes décisives. Symbole de la réussite à la sochalienne, Martin a été sélectionné en équipe de France pour la première fois par Laurent Blanc, et ne souhaite pas aborder son avenir avant les vacances. Donc avant d'avoir quitté les Bleus. "Je pense qu'il faut se concentrer sur la Biélorussie et sur les deux autres matches, on verra après." Il n'a même pas dit qu'il se sentait bien à Sochaux, comme beaucoup l'auraient fait à sa place. Pas un bon signe non plus... Et Martin n'est pas le seul à susciter les convoitises des clubs plus huppés, en France comme à l'étranger. En janvier dernier, Francis Gillot anticipait déjà le problème. "Les entraîneurs ne sont pas décideurs. On essaie de faire le maximum avec l'effectif qu'on a, sans autre alternative. Il faut accepter. Je peux dire que je veux garder un joueur et le président va me répondre que financièrement, il ne peut pas." Gillot a toujours été en symbiose avec son président, Alexandre Lacombe, qui l'a constamment laissé travailler selon ses envies. "Il faut juste que les ambitions des présidents soient en adéquation avec l'effectif. Si on a une équipe pour jouer le maintien et que le président crie sur les toits qu'on doit finir dans les cinq premiers, là il peut y avoir un décalage." L'entraîneur sochalien ne croyait pas si bien dire... Le décalage s'est opéré dans l'autre sens. En plus de Martin, Maurice-Belay devrait partir, tandis que Boudebouz intéresse l'OM, Lyon et le PSG. Kévin Anin serait également suivi par Marseille, tandis que le duo de devant Maïga-Ideye sera forcément convoité. Pour l'instant, personne n'a mis les voiles, mais l'été pourrait être très mouvementé dans le Doubs. Après avoir égalé son meilleur classement en Ligue 1 depuis son retour parmi l'élite - Sochaux avait déjà fini 5e en 2003 et 2004 - les Lionceaux vont devoir compter sur une politique de recrutement ferme de la part de leurs dirigeants, dans le sens des départs comme dans celui des arrivées. Mais les envies d'ailleurs de Gillot, garant d'une véritable identité de jeu, sonnent comme un très sérieux avertissement. Telle est la vie d'un éternel petit club, à moins qu'il ne se décide à devenir un peu plus grand.