Rendez-vous à Daegu

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LAURENT DUYCK , modifié à
Du plein air à la salle, de Barcelone à Bercy, l'équipe de France a gardé le même élan, pour collecter une nouvelle moisson historique de 11 médailles, dont cinq en or, lors des Championnats d'Europe 2011. Reste que Teddy Tamgho et Renaud Lavillenie sont les seuls médaillés de Bercy à pouvoir viser une médaille lors des Mondiaux de Daegu (27 août-4 septembre).

Du plein air à la salle, de Barcelone à Bercy, l'équipe de France a gardé le même élan, pour collecter une nouvelle moisson historique de 11 médailles, dont cinq en or, lors des Championnats d'Europe 2011. Reste que Teddy Tamgho et Renaud Lavillenie sont les seuls médaillés de Bercy à pouvoir viser une médaille lors des Mondiaux de Daegu (27 août-4 septembre). "La magie de Barcelone est toujours là." Fort du succès organisationnel, populaire (32 000 billets vendus sur les cinq sessions en trois jours), médiatique et surtout sportif des Championnats d'Europe en salle de Bercy, Bernard Amsalem est un président de Fédération française d'athlétisme heureux. Voire triomphant, lui qui avait quitté Pékin la tête basse après des Jeux Olympiques faméliques et bientôt fatals au DTN Franck Chevallier. A la lecture du bilan de ces trois jours de compétition, il peut l'être. Avec 11 médailles au compteur, dont cinq en or, et un record mondial pour Teddy Tamgho au triple-saut, l'équipe de France, qui termine ces 31e championnats d'Europe en salle à la seconde place des nations derrière la Russie (15 médailles dont six en or), a réussi une performance historique. Mieux qu'en 1994, à Bercy déjà. "C'est même le record absolu puisqu'en 1994, il y avait deux épreuves qui n'existent plus aujourd'hui sur lesquels on avait obtenu deux médailles", fanfaronne Amsalem qui, en homme politique d'expérience, insiste sur "l'état d'esprit" de ce collectif tricolore, symbolisé par la médaille de bronze décrochée par le relais 4x400 féminin en fin de compétition. "Cette magie est inscrite dans les esprits des athlètes, ils ont bien compris le message, ils ont compris que pour réussir individuellement, il fallait une stimulation collective, se félicite-t-il. Aujourd'hui, on n'a plus besoin de discours. Le charisme de certains de nos leaders, je pense à Renaud Lavillenie, Teddy Tamgho, Leslie Djhone et d'autres, suffit à lui-même et permet à de jeunes athlètes de se transcender." Des confirmations et des révélations Devant les résultats de cette équipe de France jeune et enthousiaste, difficile de s'opposer au satisfecit du premier élu de la Fédération. Derrière Lavillenie, à 6m03 à la perche, et Tamgho, à 17m92 au triple-saut, deux valeurs mondiales, Djhone a décroché son premier titre international individuel (400m) avant de doubler avec le relais 4x400m, Antoinette Nana Djimou Ida s'est révélée au pentathlon, comme le kiné montpelliérain Nadir El Fassi à l'heptathlon, Jérôme Clavier a participé à la fête à la perche tandis que Garfield Darien (60m haies) et Kafétien Gomis (longueur) ont fait fructifier leur argent catalan. "Cette équipe s'est dépassée, applaudit Ghani Yalouz, le DTN. Ce qu'elle fait depuis deux ans. A l'époque, à mon arrivée, j'ai décidé qu'il n'y ait plus un capitaine de l'équipe de France, comme le voulait la tradition. Je voulais que le capitaine, ce soit l'équipe de France. Pour un athlète, la pression, c'est dur, surtout à la maison. Il était important que la pression soit partagée. C'est ce qui a fait la réussite de ce week-end exceptionnel. Je ne souhaite qu'une chose, qu'on ne dise plus qu'il y a un ou des leaders." Pari en passe d'être gagné puisque même la troisième place sur 60 mètres de Christophe Lemaitre, le triple champion d'Europe de Barcelone (100, 200 et 4x100m), n'a pas gâché la fête. Galouz: "Ce n'est qu'une étape" On chanterait presque à tue-tête si derrière ce bilan en trompe-l'oeil ne se cachait pas une réalité plus froide, seuls Tamgho et Lavillenie, voire Djhone, parmi les médaillés de Bercy ayant aujourd'hui les moyens d'accrocher un podium lors des Mondiaux en plein air de Daegu l'été prochain (27 août-4 septembre). "On ne va pas faire de triomphalisme, reconnaît Yalouz. Ce n'est qu'une étape. Les Jeux restent notre objectif majeur. Daegu sera un exercice grandeur nature pour les athlètes qui se confronteront aux meilleurs mondiaux. Ça montrera le chemin qui nous reste à parcourir pour réussir Londres." Forte des retours de certains de ses leaders, le marcheur Yohann Diniz, les spécialistes du demi-fond Mehdi Baala, Bob Tahri et Mahiedine Mekhissi-Benabbad, ou encore le décathlonien Romain Barras, l'équipe de France aura certes des arguments à vendre. Mais pas l'assurance de monter sur la boîte face aux Américains ou autres Jamaïcains. "On connaît le niveau mondial. On connaît un peu l'athlétisme. Ce que je demande, c'est juste du dépassement de soi", avance Yalouz pour qui "il n'y a pas de limite. Les limites sont celles que l'on se fixe, je le dis et je le répète." Une méthode qui a fait ses preuves depuis ses premiers pas à Berlin. "Les athlètes ont entendu le message. Ils se construisent, ils évoluent. Ça se consolide. Il faut profiter de cette émulation et de cette progression collective", conclut le DT. Il manquerait plus qu'on boude notre plaisir...