Reja, c'est plus fort que ça ?

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Quatrième d'une Serie A loin d'avoir délivré son verdict final, la Lazio compte dix-sept points de plus que l'an dernier où elle s'était sauvée in-extremis des limbes de la relégation. Pourtant, malgré des résultats à la hausse, l'ambiance est toujours aussi détestable chez les Biancocelesti au moment de recevoir Bari, dimanche, entre un entraîneur Edoardo Reja, conspué par les tifosi, et un président Claudio Lotito, outrageux avec les médias.

Quatrième d'une Serie A loin d'avoir délivré son verdict final, la Lazio compte dix-sept points de plus que l'an dernier où elle s'était sauvée in-extremis des limbes de la relégation. Pourtant, malgré des résultats à la hausse, l'ambiance est toujours aussi détestable chez les Biancocelesti au moment de recevoir Bari, dimanche, entre un entraîneur Edoardo Reja, conspué par les tifosi, et un président Claudio Lotito, outrageux avec les médias. Ça, ce sont les sifflets et quolibets qui accompagnent depuis quelques semaines les annonces des formations et les remplacements de la Lazio au Stadio Olimpico. Ce syndrome étrange pollue l'atmosphère déjà irrespirable des travées de l'enceinte romaine depuis qu'Edoardo Reja a pris en main l'équipe en urgence, il y a tout juste un an. Pourtant, ce proche de Fabio Capello, révélé sur le tard après une carrière à rallonge sans coup d'éclat, a transformé un ersatz de collectif luttant pour son maintien dans l'élite à une vraie bête de concours, armée pour conquérir le Scudetto. Cette parenthèse dorée entre le technicien laziale et les tifosi aura en fait duré une dizaine de mois, le temps que Reja transcende, par quelques initiatives bien senties (le recrutement d'Hernanes, le repositionnement de Ledesma), une équipe en tête pendant la première partie de la saison en cours. A l'époque, la Lazio avait pris le parti de renouer avec ses valeurs passées et ses symboles les plus forts en déployant notamment un aigle, emblème des Ciel et Blanc, au-dessus de la pelouse de l'Olimpico au moment de l'hymne entonné par tout un peuple. Le rapace est toujours là, beau et fier, mais se fait doucement éclipser par d'autres noms d'oiseaux quand les supporters biancocelesti se mettent à commenter la composition d'équipe concoctée par leur ancien magicien. Car, comme dans tout mariage heureux, il existe des zones de turbulence dont Reja, aussi fidèle soit-il, n'a pu échapper. Car, outre des résultats à la baisse depuis la trêve (12 points pris sur les 24 mis en jeu), les tifosi laziale reprochent surtout au successeur de Davide Ballardini une certaine frilosité tactique et une insoumission à leurs préférences sportives. Une faiblesse contre les petits Déjà, face à l'AC Milan, en septembre dernier, alors que la Lazio se complaisait dans son fauteuil de co-leader du championnat, des membres de la Curva Nord houspillaient le technicien frioulan de 65 ans en lui demandant, plutôt véhément, de délaisser son immuable 3-5-2. Une méconnaissance totale du football puisque les partenaires de Mauro Zarate changeaient de schéma tactiques comme de crampons selon la tournure de la rencontre. Faire preuve de cet esprit réducteur serait ignorer les connaissances et le formidable travail de Reja à l'intersaison, véritable boulimique en matière de dispositifs et de joueurs utilisés. Mais passons. C'est surtout le manque d'ambition face aux petites écuries qui irritent au plus haut point les tifosi. Et là, difficile de se faire l'avocat du diable quand on sait que les Ciel et Blanc n'ont pris que deux malheureux points face aux formations luttant pour le maintien. "Quand il affronte des équipes de bas de tableau, Reja opte pour un schéma ultra-défensif et joue surtout pour ne pas perdre au lieu de se comporter en vainqueur", commente passionnément Guido de Angelis, voix officielle de la Lazio, avant d'en remettre une petite couche sur le site de Sofoot. "On dit que la Lazio n'a pas été construite pour le Scudetto. Certes. Mais Milan n'a que sept point d'avance. Ces sept points, nous les aurions largement si Reja avait su inculquer une autre mentalité à ses joueurs pour des matches qu'ils pensaient gagné d'avance." Face à ce début d'incendie, le président Claudio Lotito a décidé de prendre le taureau par les cornes en proposant au doyen des coaches de Serie A de prolonger son contrat. Une enchère qui n'a pas trouvé preneur puisque l'ennemi public numéro un, agacé par ce manque de reconnaissance, a fait la sourde oreille : "Je ne signe rien avant le mois de juin." Et comme dans tout bon effet domino, ce sont les médias, accusés de propager la malaise romain ici ou ailleurs, qui ont payé l'addition à l'heure de rendre des comptes : "Le public siffle ? Peut-être aussi que ce qu'ils entendent ça et là les incitent à siffler." Incorrigible Lotito qui ne peut pas se retourner contre le douzième homme sous peine de revivre l'épisode de février 2010. Triste feuilleton où les ultras avaient pris le pouvoir en bottant, eux-mêmes, les fesses de l'Italien hors de la Ville Eternelle. Reja a suffisamment de bouteille pour éviter de connaître le même sortilège.