Pourquoi la France est au plus mal ?

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
RUGBY - Après la défaite en Italie, Europe1.fr liste les raisons de la déroute française.

Le constat. La France s’est inclinée (22-21) contre l’Italie samedi à Rome. Une première pour les Bleus face à la Squadra Azzurra. Manque d’agressivité, passes dans les chaussettes, fautes d’inattention, etc. Dans tous les secteurs de jeu, les tricolores ont été impuissants. Après le match, les joueurs avaient la mine des mauvais jours en conférence de presse. "J’ai un sentiment de honte", a lâché le premier François Trinh-Duc, l’ouvreur français. Visiblement dégoûté par le match, Maxime Médard a été encore plus dur : "on a été nuls et archi-nuls". Et de rajouter : "perdre contre l’Italie, c’est pire que perdre de 60 points contre l’Australie. Je pense qu’on passe pour la risée de la France. On est nuls, on est nuls, c’est tout".

Un groupe pas assez compétitif. Marc Lièvremont n’a pas arrêté de le répéter après le match : "j’ai aligné les meilleurs joueurs à leurs postes". Si certains choix du sélectionneur sont discutables, Yannick Jauzion et Aurélien Rougerie font partie des meilleurs centres français. Même constat pour François Trinh-Duc à l'ouverture. Quelques changements auraient pu être opérées devant mais globalement, les joueurs présents samedi sont les meilleurs français du Top 14. Alors la question peut être posée différemment. Et si les joueurs français n’étaient tout simplement plus compétitifs ? Interrogé par Europe 1, Pierre Villepreux avance une explication : "il y a aujourd’hui au niveau des clubs professionnels une tendance à constituer leurs équipes avec de nombreux étrangers. Evidemment, les jeunes talents qui pourraient sortir des filières de formation ne sont pas utilisés. Le choix des hommes pour Lièvremont est donc plus limité". Et là, le malaise est beaucoup plus profond.

Pas de vrais leaders. Thierry Dusautoir est un bon capitaine. Sur le terrain, il sait recadrer la défense française. Il est aussi capable de prendre des décisions mais il n’est pas homme à motiver tout un groupe comme savaient le faire avant lui Raphaël Ibanez ou Fabien Pelous. Mais Thierry Dusautoir n’est pas le seul responsable. Loin de là. D’autres joueurs doivent servir de relais dans une équipe. Et force est de constater que personne n’assume aujourd’hui ce rôle. Aussi bien dans les vestiaires que sur le terrain, la France manque cruellement de leaders.

Les contradictions de Lièvremont. Après la défaite samedi, Marc Lièvremont est apparu très abattu. En conférence de presse, il a fait très rapidement son mea-culpa : "je me suis trompé..." Et de poursuivre : "je suis un peu dans l'impasse. Je suis un peu désabusé". Des aveux de faiblesse qui font froid dans le dos à quelques mois de la Coupe du monde. Le sélectionneur français a pourtant pris le temps. Depuis son arrivée il y a un peu plus de trois ans, Lièvremont a essayé plus de 80 joueurs et de nombreux systèmes de jeu. Après le revers à Rome, il a décidé de changer six joueurs. Exit les trentenaires Chabal, Jauzion, Rougerie et autre Thion. Marty, Palisson, Papé ou Estebanez font leur entrée. Mais ces réajustements font plus penser à des replâtrages de dernière minute d’un sélectionneur "désabusé" comme il l’a lui-même avoué.

Chabal "grévinisé ". Le mois dernier, Sébastien Chabal trouvait sa place au célèbre musée Grévin. Dimanche, il l’a perdue en équipe de France. Capable de désosser des masses musculaires sur un seul plaquage, le célèbre "caveman" n’est plus que l’ombre de lui-même. Depuis le début du tournoi, le troisième ligne centre a enchaîné les prestations mollassonnes. A 33 ans, Chabal a tiré un trait sur la fin du tournoi. Plus embêtant pour lui, il a sans doute mis un terme à ses espoirs de participer à la prochaine Coupe du monde. Le musée Grévin a gagné une statue de cire. La France du rugby, elle, a perdu un ambassadeur.

Et bientôt la Coupe du monde… Le 9 septembre, c’est déjà demain. La France n’a plus que trois matches de préparation. Contre le Pays de Galles samedi et une double confrontation contre l’Irlande cet été. Après la défaite contre l’Italie, certains Français ont essayé de dédramatiser : "la Coupe du monde, c’est une compétition à part entière", a expliqué Imanol Harinordoquy. "En 2003, on fait pas un bon tournoi mais on arrive en demi-finale. En 2007, on fait un très bon tournoi, on arrive aussi en demi-finale". Si les statistiques peuvent rassurer les Bleus, la fébrilité aperçue samedi à Rome fait déjà craindre le pire à leurs supporters.