Pistorius : les sponsors dans l'attente

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avec agences , modifié à
ATHLE - Le Sud-africain, inculpé de meurtre, doit mettre sa carrière sportive entre parenthèses.
Pistorius lors de son procès (930x620)

Quelques heures seulement après l'arrestation d'Oscar Pistorius par la police de Pretoria pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp, l'équipementier de l'athlète, Nike, avait retiré jeudi une publicité annonçant : "je suis la balle dans le canon du pistolet". Au-delà de ce retrait bien compréhensible, la firme de l'Oregon a pour le moment maintenu sa confiance à l'athlète sud-africain, premier double amputé à participer aux Jeux olympiques avec les valides l'an dernier.

"Concernant les sponsors et les partenaires (de Pistorius ndlr), je peux confirmer qu'à cette heure, ils lui maintiennent tous sa confiance et que l'ensemble des engagements contractuels sont conservés", a confié dimanche Peter van Zyl, le manager de Pistorius, inculpé de meurtre vendredi et qui sera à nouveau entendu mardi. "Ils ont dit qu'ils étaient disposés à laisser la procédure judiciaire suivre son cours avant tout changement de position." En plus de Nike, Pistorius est également sous contrat avec le groupe islandais Össur, fabricant de ses prothèses, la firme californienne de lunettes de soleil Oakley et l'entreprise de télécommunications britannique BT, qui avait fait de Pistorius sa tête de pont lors des Jeux paralympiques de Londres. "Belle gueule" assumée, Pistorius avait également participé en 2011 à une campagne pour les parfums du créateur français Thierry Mugler.

Pistorius apparaît dans une pub pour Thierry Mugler :

Pistorius à Daegu (930x620)

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Si Pistorius garde pour le moment la confiance de ses sponsors, sa vie d'athlète a bien évidemment été bouleversée par le drame qui s'est noué à son domicile, lors de la Saint-Valentin. "J'ai considéré qu'en raison de ces événements tragiques, nous n'avions pas d'autres options que d'annuler la participation d'Oscar Pistorius à toutes les courses auxquelles il était inscrit", a expliqué son manager. Il s'agit, entre le 9 mars et le 25 mai, de deux épreuves du Qantas Tour en Australie et de compétitions à Rio de Janeiro, dans l'Iowa, aux Etats-unis, et à Manchester, en Angleterre.

Le grand rendez-vous de la saison de Pistorius devait être les championnats du monde, à Moscou, du 10 au 18 août prochain. En 2011, Pistorius avait participé aux Mondiaux de Daegu avec les valides (photo ci-dessus), se qualifiant pour les demi-finales du 400 m et décrochant même une médaille d'argent avec le relais 4x400 m sud-africain grâce à sa participation aux séries.

Un impact de balle dans un restaurant

Pistorius avec sa femme (930x620)

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Symbole du dépassement de soi (et des préjugés), Pistorius avait largement dépassé le cadre du sport pour devenir une icône universelle. Selon son ancien principal au lycée, ce statut a pu engendrer une certaine perte de contrôle. "On se demande quel rôle a joué l'incroyable pression à laquelle Oscar était tout le temps soumis", s'est interrogé Bill Schroder, ancien directeur de l'établissement privé de Pretoria, Boy's High School, dans une interview publiée lundi par le quotidien The Star de Johannesburg. Selon le journal, Bill Schroder a eu Pistorius au téléphone quelques jours avant le meurtre de sa petite amie, abattue chez lui de 4 balles de 9mm, alors qu'il souhaitait faire appel à la générosité du sportif pour une collecte de fonds pour son ancienne école. "Il a dit que son don serait relativement petit en ce moment car il venait d'acheter une nouvelle maison à Johannesburg. Il était très enthousiaste à l'idée de déménager. Sa vie sociale est là (...) C'était donc plus pratique. Il envisageait de garder un appartement à Pretoria du lundi au vendredi où il s'entraîne. Il travaillait dur et se réjouissait de participer à un compétition en Australie dans quelques semaines."

Aujourd'hui mise entre parenthèses, l'incroyable carrière de Pistorius ne reprendra peut-être jamais. Un ancien joueur de foot, Marc Batchelor, proche d'une ex-liaison d'Oscar, Samantha Taylor, a conduit un journaliste du Star dans un restaurant de Johannesburg portant encore la trace sur un mur d'un impact de balle tirée par Pistorius il y a seulement deux semaines. Pistorius aurait fait comme si de rien n'était, et la version donnée aux clients a été qu'une bouteille de gaz avait explosé. Ces témoignages corroborent le portrait d'un Pistorius colérique et devraient peser lourd en cas de procès, alors que le scénario macabre du décès de sa compagne accable l'athlète.