Neymar joint la parole aux gestes

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avec AFP , modifié à
FOOT - Neymar, buteur face au Mexique, a apporté son soutien aux manifestants brésiliens.

Alors que certains de ses coéquipiers s'étaient prononcés dès mardi sur le climat de contestation sociale qui secoue actuellement le Brésil, Neymar ne pouvait rester muet plus longtemps. Ses jeunes fans l'auraient difficilement compris. Figure de la Seleçao, star annoncée de la prochaine Coupe du monde, le futur attaquant du Barça a apporté lui aussi son soutien aux manifestants, quelques heures seulement avant le début de la rencontre opposant son équipe au Mexique, mercredi soir, dans le cadre de la Coupe des Confédérations (2-0).

"Je suis triste de tout ce qui se passe actuellement au Brésil", a-t-il commenté sur son compte Instagram. "J'ai toujours pensé qu'il ne devrait pas être nécessaire de descendre dans la rue pour réclamer de meilleures conditions de transports, de santé, d'éducation et de sécurité. Tout ça, c'est le DEVOIR du gouvernement", a-t-il insisté. "Je suis BRESILIEN et j'aime mon pays. Je veux un Brésil plus juste, plus sûr, en meilleure santé et plus honnête", a-t-il encore ajouté, rappelant que ses parents "ont beaucoup travaillé pour pouvoir offrir à lui et sa sœur une qualité de vie minimum". "Aujourd'hui, avec le succès que vous me procurez, cela pourrait paraître de la démagogie de ma part - mais ce n'est pas le cas - de reprendre le flambeau des manifestations qui traversent tout le Brésil", a-t-il enfin conclu.

Présent sur tous les terrains

Neymar buteur face au Mexique (930x620)

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Quelques heures après ces déclarations, sans doute minutieusement préparées avec des conseillers, Neymar avait revêtu le maillot de la Seleçao floqué du n°10. Après avoir salué un à un tous ses coéquipiers sous l’œil des caméras dans le couloir menant au terrain, le désormais ancien joueur de Santos, parfois critiqué pour ses performances en dents de scie avec la sélection nationale, est entré sur la pelouse avec une envie semble-t-il décuplée. Ses premières prises de balles ont été tranchantes et sur sa première accélération côté gauche, il a commencé à haranguer la foule, signe de motivation autant que de partage. Puis, après à peine dix minutes de jeu, il a ouvert le score, d'une splendide reprise de volée du gauche (photo), son deuxième but dans cette Coupe des Confédérations après celui inscrit samedi dernier contre le Japon (3-0).

Neymar ouvre le score pour le Brésil :

En toute fin de match, Neymar offrit également le but du 2-0 à Jô après un enchaînement pied droit-pied gauche, roulette et petit pont. Entre temps, une implication de tous les instants et quelques gestes d'exception, comme ce contrôle de la poitrine en pleine course suivie d'une frappe surpuissante de peu au-dessus (23e).

Icône brocardée dans les manifestations

Heurts à Fortaleza (930x620)

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Ces mots et cette performance ont d'autant plus de poids que Neymar, qui a rejoint le Barça début juin pour 57 millions d'euros, est désormais brocardé dans les cortèges en tant que visage d'un football déconnecté des réalités du pays. Initialement dirigé contre la hausse des tarifs dans les transports publics, le mouvement social a ainsi élargi ses revendications et, outre les demandes sur la santé et l'éducation, il dénonce désormais les sommes investies par le gouvernement pour l'organisation de la Coupe des Confédérations et du Mondial 2014.

Un slogan revenait ainsi chez les quelque 15.000 manifestants présents aux abords du stade de Castelao, à Fortaleza, mercredi soir : "Brésil réveille-toi, un professeur vaut plus que Neymar !" Des affrontements ont eu lieu entre la police et les manifestants, faisant au moins deux blessés. En conférence de presse, le sélectionneur du Brésil, Luiz Felipe Scolari, ne s'est pas attardé sur le contexte, préférant insister sur la performance de son attaquant. "Neymar est un joueur dont nous tous, au Brésil, savons qu'il peut être un des trois meilleurs du monde, à 21 ans seulement". L'entraîneur de la Seleçao n'avait pas besoin d'en dire plus : aux gestes sur le terrain, Neymar joint désormais la parole.