NBA : haro sur les cadences infernales

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BASKET - Les play-offs sont marqués par  de graves blessures. Le calendrier est critiqué.

De huit à douze mois. C'est la durée de l'indisponibilité attendue du meneur de jeu des Chicago Bulls, Derrick Rose, opéré samedi d'une rupture du ligament antérieur du genou gauche. Le meilleur joueur de la saison 2010-11 est le symbole d'une année NBA et de play-offs marqués par une série de blessures graves.

Rose se blesse gravement au genou gauche :

La liste est aussi longue que prestigieuse : le champion NBA 2004 Chauncey Billups, la pépite espagnole Ricky Rubio, "Superman" Dwight Howard, le shooteur de Boston Ray Allen, l'intérieur de Miami Chris Bosh, le pivot des Bleus Joakim Noah, ...

Et cette avalanche de blessés est en train de changer la donne sportivement. Privés de Rose, les Bulls, pourtant meilleure équipe de la saison régulière, ont été éliminés dès le premier tour des play-offs. Mardi, le Miami Heat, sans son intérieur Chris Bosh, blessé à l'abdomen, a été défait sur son parquet par les Indiana Pacers (78-75).

66 rencontres en 124 jours

Et certaines voix en NBA de faire le lien entre cette avalanche de blessures et le calendrier resserré de cette saison 2011-12, raccourcie en raison du lock-out, grève patronale qui a paralysé la Ligue pendant cinq mois, de juillet à décembre. "Je ne devrais probablement pas dire ça parce que je ne suis pas docteur, mais on pourrait penser cela", a admis l'entraîneur des Lakers, Mike Brown. "Quelques-unes des blessures qui sont arrivées à ces athlètes de très haut niveau, en courant, dans les airs, sur un jeu de transition, sans même être touché, vous voyez ?"

Son homologue de Philadelphie, Doug Collins, semble partager son point de vue. "Il ne fait aucun doute que l'usure et la fatigue ont fait des victimes. Et cela ne risque pas de s'arranger pendant les play-offs." Lors de la saison régulière, débutée le 25 décembre, les équipes ont joué 66 rencontres en... 124 jours ! Certaines équipes ont parfois été sur les parquets quatre soirs sur cinq. Et si l'on ajoute les déplacements...

"La saison est compressée, il y a beaucoup plus de matches et beaucoup moins d'entraînements et de temps de récupération", souligne le meneur de jeu des New York Knicks Baron Davis, victime d'une rupture partielle du ligament de la rotule et d'une rupture complète des ligaments croisés le 6 mai dernier.

Baron Davis s'écroule sur le sol :

Le knock-out de la NBA

En raison du lock-out, les joueurs n'ont pas pu avoir accès aux sites d'entraînement et ont vu la pré-saison réduite à trois malheureuses semaines. Pointée du doigt pour avoir surchargé son calendrier, la NBA a d'abord rejeté tout lien entre l'accumulation des matches et celle des blessures. "Ça n'a rien à voir", avait souligné le patron de la Ligue, David Stern (photo), sur ESPN fin avril. Mais, dimanche, le commissionner a reconnu "ne pas connaître la réponse" et promis une enquête sur la question.

Multiplier les matches... et les gains

Pour le moment, les médecins non plus. Interrogé par le quotidien USA Today, Ron Grelsamer, spécialiste de la chirurgie orthopédique à New York, a indiqué qu'il serait difficile d'identifier les blessures dues à un programme compressé et celles qui ne le sont pas. Le coach de Miami, Erik Spoelstra, attend d'en savoir plus afin d'établir un lien. "J'aimerais avoir une étude là-dessus, vraiment, pour voir les blessures lors des saisons précédentes. Combien ? De quels types ? Y en-a-t-il eu davantage les saisons précédentes ? Je ne sais pas."

Une chose est sûre : en ajoutant deux matches par mois au calendrier des équipes, la NBA a voulu limiter les pertes financières, déjà importantes en raison du lock-out. Mais elle a pris le risque d'exposer les joueurs et notamment les stars, les plus sollicitées. Rose pourrait ainsi ne pas jouer du tout la saison prochaine. "Dans l'idéal, il pourra rejouer à la mi-janvier ou début février 2013. Mais nous n'allons rien précipiter et il pourrait tout aussi bien manquer la saison entière", a commenté mardi le médecin des Bulls, Brian Cole.

Comme Howard, Rose était également l'une des mégastars attendues de la Dream Team américaine lors des Jeux olympiques de Londres. Le patron de la Fédération américaine a obtenu du comité olympique américain un délai (du 18 juin au 7 juillet) pour annoncer les 12 joueurs retenus pour aller chercher l'or olympique. Comme la NBA, la Fédération espère désormais ne pas voir Kobe Bryant ou LeBron James être victimes eux aussi de cette hécatombe...