Lucas: "Gagner des titres"

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Propos recueillis par François QUIVORON , modifié à
Dans le décor cosy de la Croix Catelan, Philippe Lucas a officialisé sa collaboration avec Federica Pellegrini. La nageuse italienne, championne olympique et du monde du 200 mètres, a choisi l'entraîneur français pour sa rigueur. Mais aussi pour son franc-parler. En conférence de presse, Lucas a expliqué ses choix et ses attentes pour les futures échéances.

Dans le décor cosy de la Croix Catelan, Philippe Lucas a officialisé sa collaboration avec Federica Pellegrini. La nageuse italienne, championne olympique et du monde du 200 mètres, a choisi l'entraîneur français pour sa rigueur. Mais aussi pour son franc-parler. En conférence de presse, Lucas a expliqué ses choix et ses attentes pour les futures échéances. Philippe, que pensez-vous de l'arrivée de Pellegrini et Marin à Paris ? C'est un plaisir d'entraîner Federica Pellegrini et Luca Marin. C'est toujours intéressant que deux nageurs de ce niveau rejoignent le groupe. Je pense à Benjamin Stasiulis, parce que Luca fait du 4 nages et il est un très bon nageur de dos. Federica et Luca avaient une petite structure en Italie, donc ça va être intéressant pour eux aussi. Le matin, quand ils plongent, c'est bien d'être une dizaine. Ça ne peut être que bénéfique pour tout le monde. Le premier entraînement a eu lieu jeudi matin. Vos impressions ? C'était une bonne séance, Federica a fait un bon travail de crawl. C'était une grosse séance puisqu'elle a nagé 9,2 kilomètres. Je l'ai trouvée très bien techniquement. Le plus important pour moi, c'est qu'elle ait envie. Je la connais, parce que j'ai travaillé longtemps contre elle. C'est une grande championne. Un grand champion, c'est quelqu'un qui gagne des titres, et elle en fait partie. En tout cas, je n'ai pas de stratégie particulière avec les nageurs italiens. J'ai l'habitude depuis de nombreuses années d'entraîner des nageurs étrangers, des Roumains, des Russes, etc. Il faut un dictionnaire, c'est tout ! Vos méthodes, réputées dures, vont-elles la relancer ? Je ne suis pas quelqu'un de dur, c'est une fausse réputation, une réputation de journalistes. S'il y a du travail, pas de problème. Si vous avez quelqu'un qui ne travaille pas, c'est là que ça devient compliqué. Quand les gens s'investissent, c'est mieux, c'est sûr. Je fais mon métier, je discute avec les nageurs, je les rassure. Quant à ses difficultés, je n'écoute pas tout ça. Je la vois nager à l'entraînement, mon métier c'est aussi de discuter, que tout se passe bien en compétition, qu'elle ne vienne que pour nager. Tout le reste ça ne m'intéresse pas. Ses distances, c'est 200 et 400 mètres. Je veux qu'elle fasse aussi du 100 m, elle nage vite. Aujourd'hui, c'est important dans le demi-fond d'avoir une vitesse de base élevée, notamment pour le 200 mètres. "Travailler pour d'autres nations, c'est du plaisir" Après des Mondiaux moyens en petit bassin à Dubaï, pensez-vous qu'elle a douté ? Tous les grands champions doutent, c'est normal. Quand vous gagnez un titre et qu'il faut le remettre en jeu, c'est dur, mais c'est normal. Manaudou ne voulait pas nager en 2005, aux Mondiaux en 2007 pareil. Ça fait partie de notre métier de les rassurer, il faut discuter, prouver qu'il n'y a pas de problème. Vous croyez que Phelps ne va pas cogiter dans sa tête dans un an et demi aux JO ? Sachant que l'autre Américain est très fort (Ryan Lochte, ndlr). Mais c'est normal. Federica était très forte à Rome, chez elle, où elle était attendue après avoir été championne olympique. Moi, je pense qu'elle a été encore plus forte à Pékin, parce qu'elle fait 4e du 400 m, et donc elle devait gagner le 200 mètres. Et elle a gagné. Ça, c'est très fort. Alors, il ne faut pas me dire qu'elle a des faiblesses. 98% des nageurs n'auraient pas gagné ce 200 m, qui est allé en plus très, très vite. Vous travaillez désormais dans de très bonnes conditions à la Croix Catelan. L'année dernière, je payais la ligne d'eau 582€ par jour pour pouvoir entraîner. Soit 900€ par nageur avec les chambres. Il faut quand même le savoir ! Ce n'est pas facile. Arnaud Lagardère m'a dit de venir entraîner ici, il m'a dit: "Je te prête deux ou trois lignes et tu viens avec tes nageurs." C'est un passionné de sport. Il s'est dit que j'avais rendu deux-trois services à la France et qu'il allait me donner des lignes d'eau. L'autre jour, je me suis fait arrêter par les gendarmes. Bon, j'avais la totale... Finalement, ils m'ont laissé partir en me disant: "Lucas, tu peux y aller pour service rendu à la France." Lagardère m'a aidé, c'est tout. Ce qu'il veut, c'est que des champions viennent s'entraîner dans ses installations. Après, c'est sûr, il faut un retour, il faut des résultats. Que recherchez-vous avec une nageuse d'un tel calibre ? Je vais vous dire une chose: Laure a fait beaucoup pour la natation française, elle a décomplexé tous ces nageurs. Et moi, à Eindhoven en 2008, je reste à la porte de la piscine, je suis dehors. C'est la fédération roumaine qui m'a donné une accréditation. Et ça, ça va rester gravé dans ma mémoire, à vie. Donc aujourd'hui, travailler pour d'autres nations, c'est du plaisir. Moi, ce que je veux, c'est gagner des titres, c'est tout. C'est plus facile quand vous entraînez Manaudou, Potec ou Pellegrini, que quelqu'un qui boite et qui fait 15e à chaque championnat du monde. Chaque entraîneur recherche ces moments exceptionnels. Et quand vous y avez déjà goûté...