Les supporters des Verts privés de sorties

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avec AFP , modifié à
FOOT - Les fans des Verts ne pourront pas assister aux matches à l'extérieur jusqu'à la fin de l'année.

En fin d'après-midi, mercredi, la Ligue de football professionnel (LFP) a publié un communiqué annonçant que les supporters stéphanois ne pourraient pas assister aux rencontres disputées par leur équipe à l'extérieur jusqu'à la fin de l'année civile (à Rennes, le 4 décembre, à Montpellier, le 13, et à Paris, le 18, en huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue). Cette décision survient après les graves incidents qui ont émaillé l'avant-match à Nice, dimanche dernier (huit blessés, des centaines de sièges arrachés dans la partie de tribunes réservée aux visiteurs). Europe 1 décrypte pour vous cette décision.

Supporters des Verts (930x620)

Une mesure pour marquer le coup ? La décision prise mercredi par la commission des compétitions de la LFP est une mesure de "sécurité spécifique", qui s'appuie sur l'article 520 des règlements de la Ligue. Cet article stipule notamment que des "règles de sécurité spécifiques peuvent être imposées par la Commission des compétitions en lien avec le Comité stratégique stades pour toutes les rencontres lorsqu'elle le juge nécessaire". Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'une interdiction de déplacement, qui ne peut être prise que par la préfecture de police ou le ministère de l'Intérieur. Il ne s'agit pas non plus d'une décision de la commission de discipline de la LFP, qui se réunira jeudi 28 novembre et examinera les incidents de la rencontre. La décision de mercredi a donc tout de la "mesure pour marquer le coup". Pour quelle raison ? Tout simplement parce que la commission de discipline de la LFP devrait mettre cette affaire en instruction.

D'autres sanctions à venir ? Il y a en effet très peu de chance pour que la commission de discipline de la LFP fasse des annonces, jeudi soir, à l'issue de sa réunion. Selon une source proche du dossier, citée par l'AFP, l'affaire devrait être mise en instruction jeudi, une procédure qui "pourrait durer trois à quatre semaines".

Si sanction il y a, elle ne devrait donc pas être prise avant la fin du mois de décembre, voire le début du mois de janvier. L'éventail des sanctions de la commission est assez large. Il va de l'amende au retrait de points en passant par la fermeture de tribunes. La commission pourrait également s'appuyer sur les éléments de l'enquête diligentée par le parquet de Nice suite aux incidents.

 
Les supporters stéphanois à Nice, 930

A qui la faute ? En interdisant aux supporters stéphanois de se déplacer, la commission des compétitions a décidé de sanctionner ceux qu'ils considèrent comme les premiers fautifs, à savoir les supporters. Or, ce que craint l'ASSE, c'est d'être sanctionné sportivement. Dans une lettre ouverte publiée mardi soir (ci-dessus), les dirigeants des Verts semblent anticiper une sanction contre leur club. "Seuls les clubs sont pénalisés après les agissements de leurs supporters alors que les fauteurs de troubles poursuivent, eux, leur travail de destruction", écrivent les dirigeants stéphanois, estimant que les clubs ne peuvent "ni faire la police, ni rendre la justice". "Amendes, huis clos et retrait de points ne permettent pas d'éradiquer les incivilités et la violence dans les tribunes."

Le souci pour les dirigeants du club stéphanois, c'est qu'il semble être dans le collimateur du ministère de l'Intérieur. "Il y a des responsables de clubs qui ne souhaitent pas faire le ménage dans leur tribune, et ce sont les mêmes qui accusent les pouvoirs publics de ne pas prendre la mesure du problème", estime une source place Beauvau, citée par l'AFP, précisant que les "incidents les plus graves impliquent régulièrement des ultras notamment lyonnais, stéphanois ou niçois".

Roland Romeyer, président de Saint-Etienne (930x620)

Mercredi, au sortir d'une réunion avec des représentants des principaux groupes de supporters, le président des Verts, Roland Romeyer (photo), a tenu un discours ferme envers les groupes ultras ("Vous avez terni l'image du club") et regretté que les autres supporters en pâtissent. "Ainsi, la grosse section de Blois, 180 adhérents, avaient retenu trois bus pour se rendre à Rennes. Les bons paient pour les mauvais", a-t-il insisté.

Et les supporters ? Ils n'ont pas attendu l'annonce de la LFP pour se mobiliser. Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants des Verts, un collectif nommé "Tous unis pour les Verts" regrette les débordements mais également les mesures de rétorsion. "Nous sommes conscients que le club subit d'énormes pressions de la part des autorités, qu'il s'agisse de la LFP ou des pouvoirs publics. Cet acharnement institutionnel est une forte menace pour l'avenir à court terme du club."

Sentant la menace qui pèse actuellement sur l'ASSE, les supporters proposent d'en faire un modèle. "Nous croyons que Saint-Etienne est le terrain idéal pour mener une expérimentation reconnaissant aux supporters leur place considérable dans la dynamique d'un club de football professionnel." Jusqu'à la fin de l'année, cette dynamique va en tout cas être enrayée.