Le grand soir de Martin

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AXEL CAPRON , modifié à
En inscrivant deux buts pour sa première sélection alors qu'il n'est entré qu'à un quart d'heure de la fin, Marvin martin a été le grand homme de la rencontre gagnée par la France face à l'Ukraine lundi soir à Donetsk (4-1). Une performance qui n'est pas sans rappeler celle de Zinédine Zidane en août 1994 face à la République tchèque et saluée comme il se doit par ses partenaires et Laurent Blanc.

En inscrivant deux buts pour sa première sélection alors qu'il n'est entré qu'à un quart d'heure de la fin, Marvin martin a été le grand homme de la rencontre gagnée par la France face à l'Ukraine lundi soir à Donetsk (4-1). Une performance qui n'est pas sans rappeler celle de Zinédine Zidane en août 1994 face à la République tchèque et saluée comme il se doit par ses partenaires et Laurent Blanc. "C'est pas ZZ, c'est MM". Le Rennais Yann M'vila aura trouvé la formule de la soirée pour évoquer la performance de Marvin Martin lundi soir face à l'Ukraine. En mettant deux buts alors qu'il n'est resté qu'un gros quart d'heure sur le terrain, le milieu de terrain sochalien rejoint dans l'histoire des Bleus Zinédine Zidane qui avait réussi pareille performance le 17 août 1994 à l'occasion de sa première sélection à Bordeaux, rentrant peu après l'heure de jeu pour permettre à la France d'arracher un nul face à la République tchèque (2-2). On peut même dire que Martin a fait mieux que Zidane, puisqu'il a gagné et joué la moitié du temps que son illustre prédécesseur. Son doublé n'a en tout cas pas échappé à Laurent Blanc qui a inévitablement évoqué après la rencontre son ancien partenaire en équipe de France: "Je sais que vous allez faire la comparaison, je lui souhaite de faire la même carrière que Zinédine, le seul garçon qui, à ma connaissance, a marqué deux buts lors de sa première sélection (ce qui n'est pas vrai, puisque le dernier à avoir réalisé pareil exploit est Bafétimbi Gomis face à l'Equateur en 2008, ndlr)." Lorsque la comparaison a été évoquée devant lui, le Sochalien a semblé vouloir se faire tout petit, conscient d'être encore à des années-lumière de son prestigieux devancier: "Je ne veux pas me prendre la tête avec ça, même si c'est très flatteur. Il faut rester humble et continuer à travailler.""J'ai tenté, j'ai eu la chance que ça rentre" En revanche, celui qui portait le numéro 25 (celui du département du Doubs, donc de Sochaux) a bien évidemment accepté de faire part de son émotion, car des soirées comme ça, on n'en vit pas tous les jours: "Je me sens vraiment très heureux, ce n'est que du bonheur pour moi. Je suis sur mon petit nuage". D'autant que cette première sélection, il ne l'attendait pas forcément pour ce lundi soir: "Je m'y préparais, mais je ne m'y attendais pas", a-t-il poursuivi. Finalement entré à un quart d'heure de la fin, il lui a fallu dix minutes pour ajuster Piatov de loin après avoir effacé Timotchuk pour le but de 2-1 avant de convertir avec un sang froid de vieux briscard une passe de Benzema pour le but du 4-1. Une audace rare pour un débutant, mais que l'intéressé explique par l'aide de ses partenaires: "Les joueurs m'ont mis à l'aise dans ce groupe, c'est ça qui a fait le plus. Quand je rentre, tout le monde me booste et me donne la pêche, ça me motive. Ils me disent: "Joue, lâche-toi, n'aie pas peur." Du coup, j'ai tenté, j'ai eu la chance que ça rentre." Laurent Blanc également soulignera après-coup cette faculté à tenter qu'il regrette de ne pas voir plus souvent en équipe de France: "Ce qui me fait plaisir, c'est que les gens jouent et tentent, ils sont créatifs. Saisir sa chance, c'est ça, c'est prouver qu'on a les capacités à postuler à autre chose qu'à un rôle de remplaçant." Autant dire qu'en un quart d'heure, Marvin Martin est passé du petit nouveau surprise à une quasi-star, même si le sélectionneur prévient: "Maintenant, il faut le faire sur la durée, n'allons pas trop vite." En attendant confirmation de ces débuts tonitruants, le milieu sochalien aura apprécié un retour aux vestiaires particulièrement chaleureux: "Après le match, tout le monde a crié, a chanté, a applaudi, m'a félicité, j'étais vraiment très heureux." Ce que confirmait Loïc Rémy: "On lui a fait une grande ovation, on l'a applaudi. Pour une première sélection, marquer deux buts, c'est inespéré pour lui au départ, on l'a ovationné comme il le fallait." Un Iniesta français ? Ovationné mais aussi complimenté, à l'image de Yann M'vila qui confie ne pas avoir été plus surpris que cela par son coéquipier: "Non, pas vraiment car je connais ses qualités, on sait que c'est un joueur qui peut débloquer la situation, ce soir, il l'a fait, c'est très bien pour lui. C'est comme la première sélection de Zinédine Zidane, deux buts et une "passe dé", c'est magnifique pour lui." Toujours Zidane, mais au jeu des comparaisons, un autre grand (par le talent) milieu de terrain champion du monde revenait dans les propos des uns et des autres, Andres Iniesta: "Il a cette qualité de passe phénoménale, il peut voir le jeu très vite, il fait penser à Iniesta aussi par la taille", estimait ainsi Loïc Rémy, tandis qu'Eric Abidal, bien placé pour faire le parallèle, lui le Barcelonais, ajoutait: "Je ne sais pas si c'est un nouveau Iniesta, je le souhaite. Le coach parlait de Zizou, si on pouvait faire un mélange des deux, ça donnerait un coup de pouce pour l'équipe. Il a un peu le jeu espagnol, il adore toucher la chique comme on dit, il redouble les passes, il n'a pas peur, il a le jeu pour l'Espagne, je vais faire le recruteur." Des recruteurs, il y en a sans doute un paquet qui devraient sonner à la porte des dirigeants sochaliens à l'issue de cette soirée ukrainienne, Martin pesant assurément quelques millions d'euros supplémentaires après son quart d'heure de gloire. L'intéressé est sans doute encore assez loin de ces préoccupations, lui qui s'apprêtait à vivre une longue nuit, sans beaucoup de sommeil. "Déjà en temps normal, j'arrive pas à dormir...", confiait-il en quittant la Donbass Arena, des étoiles plein la tête. Mais un tel doublé vaut bien une grosse insomnie...